Cultivons le calme

La politique, locale et mondiale, crée toutes sortes de stress et d’angoisse chez beaucoup. Outre les problèmes géopolitiques, des changements écologiques extrêmes se produisent également à nos portes. Le changement climatique mondial et la pollution semblent s’être accélérés et se manifestent maintenant plutôt que dans un avenir lointain. Il reste à voir comment se déroulera ce changement et ce que l’humanité pourra mettre en oeuvre pour y faire face.

Un changement massif est dans l’air et sur de nombreux fronts. À moins d’être particulièrement stable et équilibré, ces changements rapides et incontrôlables bouleverseront beaucoup de gens et les rendront anxieux et perturbés. 

Moins nous sommes capables de maintenir la stabilité en nous-même, plus nous pouvons être déséquilibré et perturbé par notre environnement. Inversement, plus nous pouvons rester stables, plus nous pouvons clairement reconnaître ce qui se passe autour de nous sans sombrer dans l’anxiété ou la paralysie.

Une fois que vous pourrez voir plus clairement la situation autour de vous et vous rendre compte de l’impact que cela pourrait avoir sur vous, vous serez moins touché par ceux qui ne sont pas aussi conscients. Ensuite, vous pourrez concentrer votre attention sur la recherche de votre centre, de manière à pouvoir vous déplacer de manière transparente à travers les changements de la vie.

De plus,  si vous pouvez trouver des moyens pratiques d’améliorer votre vie personnelle, ou le paysage géopolitique plus vaste, vous aurez alors la force interne de travailler résolument vers des solutions positives. Vous pouvez ainsi devenir un phare et un modèle pour les autres. C’est l’attitude inverse de celle qui nous fait commencer et nous arrêter continuellement sans but, ou qui nous fait abandonner. 

Une grande partie de ce qui se passe dans le monde extérieur dépasse la capacité personnelle de la plupart d’entre nous d’agir de manière réaliste. Mais par contre nous n’avons le pouvoir d’influer sur la façon dont notre monde interne gère les stimuli du monde extérieur. Le taoïsme, le bouddhisme et le hatha-yoga partagent tous cette perspective.

Portrait de B. K. S. Iyengar par Coni Hörler
B. K. S. Iyengar par Coni Hörler

Tenant son corps fermement avec les trois parties érigées, et guidant avec son esprit ses sens jusqu’au cœur, un homme sage avec l’équipement du brahman peut dépasser toutes les craintes provenant des flots… Quelqu’un qui pratique les préceptes yogiques aperçoit ici la nature du brahman.

Shvetashvatara Upanishad

Dans le hatha-yoga, la pratique s’attache à développer le contrôle du souffle (prāṇāyāma) et la stabilité des postures (āsana). Le but des āsana est de permettre au pratiquant de s’asseoir pendant de longues périodes à partir desquelles les aspects spirituels supérieurs du raja yoga pourraient être actualisés.

Photographie de Khenpo Gangshar et de Chögyam Trungpa

Khenpo Gangshar ((à gauche) et Chögyam Trungpa

Chögyam Trungpa Rinpoché (1939-1987), est un maître du bouddhisme tibétain connu pour avoir fondé Vajradhatu et la Naropa University en Occident dans les années 1970, ainsi qu’une voie laïque de méditation dans la lignée Shambhala. Il est aussi réputé pour avoir été un maître spirituel aux méthodes iconoclastes..

On raconte que le manque de progrès de ses étudiants occidentaux l’amena à se rappeler comment, dans son pays d’origine, une méditation plus élémentaire était d’abord enseignée aux jeunes moines de son monastère. En d’autres termes, avant d’enseigner toute pratique intellectuelle, énergétique ou de méditation plus profonde, les moines devaient s’asseoir, observer et être présents à leur intériorité. Ils le faisait jusqu’à ce qu’ils puissent être stables et à l’aise avec ce qui était à l’intérieur d’eux.

Ce n’est que lorsque cette capacité à s’asseoir, à être présente et conscient ai été établie, qu’était enseigné le calme ou les méthodes respectueuses du bouddhisme. C’était ainsi que Trungpa introduisit ses étudiants aux pratiques bouddhistes, de manière à ce qu’ils aient les meilleures chances de progresser de manière réaliste vers des niveaux plus élevés.

靜 jìng


靜 jìng c’est être calme, silencieux, serein, immobile. Le calme de l’esprit et du corps, l’immobilité, constitue le fondement des méthodes de méditation de haut niveau du taoïsme. Habituellement, l’entraînement au taoïsme se fait d’abord par le biais de pratiques debout, qui développent en premier la santé physique plus rapidement que les pratiques assises.

Jìng se cultive par le biais des pratiques debout du qi gong, ou par le maintien des postures immobiles des arts martiaux internes, tel le 三体 sāntǐ du 形意拳 xíng yì quán. De même les pratiquants du tai-chi-chuan adoptent traditionnellement différentes postures statiques avant d’entrer dans les pratiques en mouvement.

Ancrer le calme dans le mouvement

Du point de vue de la méditation, il est beaucoup plus difficile d’établir la quiétude du corps et de l’esprit dans les pratiques mobiles que lors d’une séance debout ou assise. Cependant, si vous pouvez vous entraîner à devenir calme en position assise ou debout, vous pouvez l’intégrer lentement dans les mouvements. Avec le temps, vous pouvez être très rapide et maintenir le même calme et la même immobilité que si vous étiez assis. Cela n’est pas bien compris en Occident, mais c’est pourtant une clé majeure de l’apprentissage dans le taoïsme.

La tradition recommande de se tenir au moins 20 minutes immobile avant de pratiquer un travail interne.

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