Les trois trésors des arts martiaux

Les trois trésors des arts martiaux chinois sont souvent mystifiés comme une sorte de pensée magique. Daniel Schultz présente son analyse pour démystifier ces termes, car ils constituent un concept important à comprendre. Commençons d’abord par décomposer les mots individuellement, puis nous pourrons ensuite définir leur objectif.

精 jīng
finesse, essence, substance, vitalité, vigueur, raffiné, fin, soigné, intelligent, malin
氣 qì
gaz, air, souffle, odeur, vigueur, énergie, colère, irriter, qi, chi
氣 shén
divinité, dieu, Dieu, esprit, expression, air, énergie
意 yì
sens, intention, désir
心 xīn
coeur, pensée, esprit, intention
志 zhì
ambition, idéal, annale

精氣神

Jīng

精 jīng traduit souvent par essence. Mais qu’est ce que ça veut dire? Par essence, cela fait référence à l’essence de vous-même : votre chair, votre peau, vos muscles, vos tendons, etc. Le jīng est ce qui constitue le «vous» physique.

Le 氣 qì est difficile à définir car il ne fait pas référence à une seule chose. En chinois, avant même que cela ne soit lié aux arts martiaux, le terme qì était utilisé pour décrire beaucoup de choses. On pourrait dire à quelqu’un: « Ne mangez pas de mauvaise nourriture. Ce n’est pas bon pour votre qì. », ou « S’entraîner régulièrement, est bon pour votre qì . »Le qì n’est pas une chose mais plusieurs selon le contexte. Beaucoup de gens disent que le qì est une énergie. Ce n’est pas faux de dire cela, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Si vous mangez des aliments, buvez de l’eau, respirez de l’air, vous obtenez de l’énergie. C’est un type de qì appelé qì du ciel postérieur. C’est le qì créé par le corps après la naissance. Le qì du ciel antérieur serait alors ce que vous aviez avant la naissance, ou vos gènes. Dans ces cas, l’énergie interne est une définition subtile. Cependant, je crois que la définition de mon enseignant convient mieux à son objectif général. Je pense que le mieux est de la qualifier de « relations ». Même l’énergie créée dans le corps provient d’une forme de relation. Vous mangez de la nourriture, elle est digérée, le résultat est de l’énergie. C’est la relation entre votre estomac et votre nourriture. Maintenant, prenons un exemple dans les arts martiaux. Quelqu’un essaie de vous pousser, alors vous laissez couler le coccyx, vous sombrez dans vos jambes, vous détendez votre corps et l’alignez correctement. Ensuite, la poussée est transférée au sol. La relation est l’alignement du corps et le résultat de la poussée va du corps au sol. « Qì va vers le sol. » Mais si, par exemple, la personne qui se fait pousser sort les fesses la force de la poussée coulerait à travers le coccyx, ce qui le renverserait.
« Mauvais qì » .

Shén

Maintenant, définissons 神 shén, qui est habituellement traduit par esprit, le laisser à cette définition ne nous donnerait pas beaucoup d’indices sur ce que c’est et comment l’entraîner. Je pense que c’est mieux décrit comme la résultante d’autres mots également utilisés dans les arts martiaux chinois, je vais donc devoir les définir également.

  • 意 yì signifie intention ou esprit intellectuel. C’est le côté subjectif de l’esprit qui est utilisé pour la pensée critique.
  • 心 xīn est l’esprit émotionnel. C’est le côté de votre esprit qui «ressent» ou devient émotif. Il est moins critique et plus créatif.
  • 志 zhì est la volonté. C’est le pouvoir de l’esprit. La façon dont votre état mental peut l’emporter sur votre physique. « L’esprit sur la matière », si vous voulez.

On décrit alors mieux shén comme le point culminant de la collaboration harmonieuse de ces trois choses. Pensée critique, mais créative, alimentée par les feux de votre volonté. Ne pas être influencé par les émotions ni être insensible. Les trois deviennent un et travaillent en harmonie.

L’entraînement

Maintenant que ces trois notions sont définies, nous allons voir comment on peut les entraîner.

Jīng est l’entraînement physique pour construire les fondations de votre corps. Pompes, redressements assis , courses de singe, exercices fondamentaux (基本功 jī běn gōng), formes, etc. Nombreux sont ceux qui disent que vous n’avez pas besoin de faire ce genre de choses, qu’il vous suffit de construire votre qì . Mais le qì s’exprime à travers un corps physique, et si vous n’avez pas un corps en bonne santé, vous ne pouvez pas avoir le qì. C’est la base d’une maison. Sans cela, un coup de vent la renversera. L’entraînement du qì se trouve dans le qi gong. Il peut également être exprimé dans des formes et des exercices.

S’entraîner, c’est :

  • en premier mouvoir le dantian, puis apprivoiser les six harmonies,
  • trouver l’alignement correct des os et la structure des tendons et des ligaments,
  • rechercher un 鬆勁 sōng jìn lourd et détendu (détendez-vous comme un arbre puissant, se réfère à la capacité de se détendre autant que possible, tout en restant debout),
  • connecter la puissance de la tête aux pieds, etc.

Entraîner le shén, c’est pouvoir utiliser son qì naturellement (sans réfléchir). Sans un entraînement approfondi du qì avant d’entraîner votre shén , vous perdrez votre qì sans le savoir, et vous reviendrez en arrière dans votre entraînement.

Entraîner le shén, s’établit dans la méditation. Elle entraîne l’esprit. À travers l’idée de « l’esprit sur le corps », vous essayez de changer la façon dont votre corps exprime la puissance en modifiant votre façon de penser, entraînée par des visualisations. Cela peut cependant être dangereux de pratiquer sans un bon professeur pour vous guider, car sans test de pression ni entraînement chez quelqu’un qui le fait, cela peut conduire à une perception déformée de la réalité (la maladie du qi gong). Sans partenaires d’entraînement pour nous maîtriser et nous ancrer dans la réalité, ce type d’entraînement pourrait être perçu comme étant de nature magique et engendrerait des praticiens des knockouts magiques du qì « sans contact » que l’on peut voir de nos jours. Faire en sorte qu’une personne soit assez folle pour croire qu’elle peut contrôler son adversaire avec son « qì magique ».

Essayer de réduire l’esprit de singe par la méditation est essentiel au développement de la puissance de l’esprit. Lorsque vous maîtrisez votre esprit, vous êtes en forme. Lorsque vous méditez, il est bon de commencer par des choses simples, comme se donner un point focal (tel que le dantian), puis de répéter en silence un mantra. Cela prend les «dix mille choses» et les réduit à deux » .

Comme nous pouvons le constater, ces «trois trésors» ne sont pas choses mystiques, mais plutôt une progression dans l’entrainement. Vous travaillez sur l’un puis sur l’autre, puis sur le troisième. Il est important de noter qu’accéder au qì ou au shén ne signifie pas qu’il faille négliger le jīng. Il est important de toujours regarder vos bases avec toutes les nouvelles connaissances que vous avez acquises au cours des étapes ultérieures. Même lorsque vous faites des pompes. Dans cet exemple, entraîner le jīng ce serait d ‘effectuer des pompes pour vous rendre fort ; entraîner le qì, c’est aligner correctement les bras et redresser le corps. Ensuite, entraîner le shén , ce serait de savoir comment effectuer ces pompes le plus efficacement possible, quelle en est l’utilité et comment les modifier pour répondre à différents besoins. Ne négligez jamais vos bases.

Figure 84 mettant en vedette un homme pratiquant le tai-chi-chuan, encre sur papier DE Wang Jinsong
Figure 84, encre sur papier de Wang Jinsong.

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