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La posture de l’arbre

Illustration de l'étude de zhan zhuang

L’image la plus symbolique de l’homme érigé entre ciel et terre est celle de l’arbre. Il enfonce ses racines dans la profondeur de la terre et déploie ses branches vers le ciel. Son tronc verticalisé est le lieu des échanges entre les qì terrestre et céleste.

門 tiān mén
Porte du Ciel
地戶 de hù
Porte de la Terre
頂天立地 dǐng tiān lì dì
Porter le ciel sur la tête et planter les pieds dans la terre

En pratique, les pieds repoussent le sol pour donner naissance à leurs racines, les sources jaillissantes ouvertes à la terre, et la tête repousse le ciel pour s’y relier, Cent réunions, sommet du mont 崑崙 Kūnlún ouvert au ciel. Cent réunions est aussi appelé Porte du Ciel. Source jaillissante est aussi appelé Porte de la Terre. La conscience de ces deux connexions, Cent réunions au Ciel, Source jaillissante à la Terre, sensation d’étirement allant de la tête aux pieds, doit être maintenue constamment durant la pratique.

Porter le ciel sur la tête et planter les pieds dans la terre.

La tradition taoïste

Le placement du squelette et des pivots articulaires

Le maintien de la posture debout avec un minimum de tensions musculaires, nécessite un placement optimal du squelette et des pivots articulaires, la finalité étant d’avoir un axe central structuré et stable, la colonne vertébrale placée sur un axe vertical. Pour cela il faut trouver successivement un ensemble de sensations énergétiques :

Le placement de la tête

Cent réunions, 百會 bǎi huì, est le vingtième point du vaisseau gouverneur.

La clé est ta sensation d’une poussée de Cent réunions vers le ciel. Le menton rentre légèrement, la nuque s’ouvre et le regard s’oriente vers l’horizon. Pour prendre conscience du juste placement de la tête sur le cou, on localise le niveau où se passe le mouvement. Pour cela placer la pointe des index au niveau de Cache du vent et effectuer un mouvement mimant un «oui» avec la tête. Ainsi Cent réunions pousse vers le ciel.

Cache du vent, 翳风 yī fēng, est le dix septième point du méridien du triple réchauffeur.

Le maintien de ces quatre points est essentiel pour la relaxation de la tête. Lorsque celle-ci est justement placée sur le cou, une sensation de légèreté s’installe et l’esprit se calme. Afin d’approfondir ce lâcher prise, diriger l’intention vers le crâne, le front, le visage, de la surface à la profondeur, la peau, les muscles et les tendons et les os. L’intention est utilisée ici dans le sens d’une attention dirigée avec une volonté légère et sans tension vers son espace intérieur.

Puis fermer légèrement les yeux pour conduire cette sensation d’apaisement vers les cinq orifices purs de la tête et du visage. Ceux-ci sont liés aux cinq organes, appelés également les cinq organes de l’esprit. Le foie s’ouvre aux yeux, le poumon au nez, le rein aux oreilles, la rate à la bouche, le cœur à la langue.

La relaxation des orifices purs est une passerelle pour faire entrer celle-ci dans la profondeur des organes. Mais ce passage de la tête vers le tronc ne peut se faire sans avoir dégagé la Barrière du tronc supérieure. L’ouverture de celle-ci libère les membres supérieurs et le haut du tronc. Ce dégagement concerne les aspects tendino-musculaires, articulaires ainsi que la circulation des trois flux (氣 qì, 血 xuè  jīng yè).

Le placement des épaules et des membres supérieurs

Puits de l'épaule (肩井: jīan jǐng) est le vingt-et-unième point du méridien de la vésicule biliaire.

La clé est la sensation d’ouverture du Puits de l’épaule. Par l’intention la relaxation partant de la tête traverse les épaules, particulièrement la zone du Puits de l’épaule, vers les membres supérieurs jusqu’à l’extrémité des mains, lieu des points puits des méridiens de la main. Cette relaxation s’accompagne d’une sensation de descente avec une traction légère des coudes vers le bas.

Le placement du tronc

Grande vertèbre (大椎, dà zhuī), située sous la proéminence de la septième vertèbre cervicale, est le quatorzième point du vaisseau gouverneur.

La clé est la sensation d’ouverture de Grande vertèbre et de Cheminée céleste.

Cheminée céleste, 天突 tiān tū, est le vingt deuxième point du vaisseau conception.

Par l’intention la relaxation se dirige vers le cou, afin de dégager ce lieu de passage entre la tête et le tronc, particulièrement sur tes zones de Grande vertèbre et de Cheminée céleste  et Puits de l’épaule. Cette relaxation s’accompagne d’une sensation de descente du sternum et entre dans le tronc.

La relaxation du tronc concerne deux aspects :

  • L’aspect contenant est représenté par les structures pariétales. De la surface à la profondeur en cinq couches la peau, le tissu cellulaire sous-cutané, les muscles, les tendons et les os.
  • L’aspect contenu est représenté par les organes et les entrailles internes. Ceux-ci sont regroupés en trois niveaux : les trois Foyers.

La relaxation du tronc commence par sa partie supérieure les omoplates, la partie haute du dos, de la poitrine, puis les poumons et le cœur. Elle se prolonge dans sa partie moyenne : les hypo-chondres et la région épigastrique, puis la rate et l’estomac. Elle se termine dans sa partie inférieure : les régions lombo-sacrée et hypogastrique, les flancs, le petit bassin, puis le foie et les reins.

Chaque foyer est le lieu de manifestation d’un 氣 qì particulier. Le supérieur est le siège de l’Océan du qì supérieur, résidence de 宗氣 zōng qì. Le moyen est le siège de l’Océan du qì moyen, résidence de 氣 zhōng qì. L’inférieur est le siège de l’Océan du qì inférieur, résidence de 源氣 yuán qì. La relaxation de ces différents niveaux va libérer la circulation de ces différents qì. L’approfondissement de la relaxation des organes se manifeste, au-delà de l’aspect physique, par un apaisement et une sérénité de l’esprit.

Le placement des membres inférieurs

La clé est la sensation de descente du sacrum, mur du champ de cinabre tiré vers le bas. La paroi abdominale est le mur mou du champ de cinabre, le sacrum, les os coxaux et le coccyx forment le mur dur.

Les genoux sont déverrouillés. Les hanches sont, selon le type de posture debout, plus ou moins fléchies. Le premier orteil doit conserver son appui au sol, alors que la pointe du genou est orientée vers l’axe du pied par une légère rotation externe de la hanche.

Par l’intention, la relaxation se prolonge vers les membres inférieurs : les hanches, les cuisses, les genoux, les mollets, les chevilles et les pieds. Pour finir, l’intention portée sur les points puits des méridiens du pied, va dynamiser la circulation du qì et ainsi permettre d’évacuer l’excès des tensions.

Mais ce passage de la relaxation du tronc vers les membres inférieurs ne peut pas se faire sans avoir dégagé la Barrière du tronc inférieure. L’ouverture de celle-ci libère les membres inférieurs et la base du tronc. Ce dégagement concerne les aspects tendino-musculaires, articulaires, ainsi que la circulation des trois flux.

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Professeur de qi gong et de tai chi chuan, créateur de l'école Nuage~Pluie

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