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Attitude bois : être en marche

La Place II, 1948, bronze, Alberto Giacometti

Le printemps est une période idéale dans l’année pour exercer le corps. Privilégier le mouvement, le travail musculaire permet, entre autres, un rinçage de l’organisme, qui se débarrasse ainsi des toxines accumulées pendant l’hiver. La circulation du sang en est activée, ce qui nous prépare à l’entrée dans la saison suivante, l’été. Prenez conscience de ce corps qui bouge, marche, se déplace, de ce corps qui danse, qui aime, de ce corps qui s’étire, s’ouvre et se déploie. Il est important, dans votre vie quotidienne, de rechercher tout ce qui vous rend mobile. Adoptez un mode de vie plus dynamique. Ce dynamisme caractéristique du printemps fait naître un enthousiasme parfois démesuré, qui peut vous entraîner à accomplir des performances au-dessus de vos forces. La tempérance sera l’atout majeur d’un effort durable et efficace.

La marche est préconisée au printemps car elle permet de se délier, de se délasser, de se dégourdir. Elle nous libère de l’emprise hivernale et mobilise un très grand nombre de muscles. Si la marche est reconnue comme activité en correspondance avec l’agir bois, elle sera, en excès, préjudiciable au foie. En effet, selon le principe d’équilibre yin~yang, toute démesure entraîne l’apparition d’un phénomène opposé, le yin à l’extrême se transforme en yang et vice versa.


 pas, étape, état, situation, aller à pied, marche
xíngmarcher, agir, faire, pratiquer, appliquer, d’accord, c’est bon !, bagages, quitter la maison, ballade, voyage
zǒumarcher, y aller, partir, aller, visiter, quitter
行走xíng zǒumarcher, déambulation, cheminement, cheminer, crapahuter
走路zǒu lùmarcher, aller à pied
步行bù xíngmarcher, aller à pied
走步zǒu bùmarcher
xièmarcher
走着去zǒu zhe qùmarcher à pied, aller et venir
yòumarcher
Les sinogrammes relatifs à la marche

Quelle est l’attitude psychologique du marcheur ?

Lorsque nous marchons, c’est en général vers un but. Notre mental est donc absorbé par la vision de cet objectif et le corps, mû par cette intention, ne représente qu’un véhicule. Selon que cet objectif, ce lieu, cette rencontre sont appréhendés avec plaisir, impatience ou crainte, tout le haut du corps aura tendance à se pencher insidieusement vers l’avant ou l’arrière, entraîné par le poids de nos considérations mentales.

Dans le quotidien, nous ne recherchons en général aucune satisfaction dans le fait de nous mouvoir, mais nous répondons au besoin de nous déplacer, vite, d’un point à un autre. Ce faisant, il y a pour chacun une adaptation inconsciente aux problèmes mécaniques ou contraignants que peuvent représenter une douleur articulaire, un mal de tête, des chaussures inconfortables, etc. D’où ces attitudes corporelles en dehors de l’axe vertical, faites de compensations et de résistances à la pesanteur : dos voûté, inclinaison latérale, tête penchée, genoux pliés, etc. Seule la tête — en réalité le visage — semble réellement vivant, ce qui se passe en dessous nous concerne peu. Le reste du corps, comme accroché par le cou à un cerveau hyperactif, suit le mouvement vaille que vaille.

在一个春的早晨,天不知不觉的亮了。
我起了床,在院里散步。

Les idéogrammes relatifs à la marche (步 bù) printanière (春天 chūn tiān) font référence à la marche dans la cour (院子里散步 yuànzi lǐ sànbù). Ce qui veut dire qu’il n’est pas souhaitable de se lancer dans un marathon dès les premiers beaux jours Pour tirer un maximum de bienfaits de cet acte si simple en apparence, il nous faut marcher d’une façon consciente.

Prenons le temps de nous observer déambuler, afin de comprendre les mécanismes de la marche. Nous pouvons certainement remarquer un certain manque d’aisance, engendré par l’abus de chaises, fauteuils et sièges de voiture. Ces raideurs engendrées par les stations assises prolongées se retrouvent dans la marche, mais que celle-ci peut bien souvent résoudre. Observez comment s’effectue le déplacement par rapport à l’axe vertical.

Quelle est notre réaction face à la gravité ?

En faisant un pas, c’est le pied posé en avant qui en général prend de l’importance. Tout le poids du corps se porte sur ce point d’appui, avec la sensation de s’appesantir évidemment, tout en résistant à la pesanteur par le haut du tronc afin de rester droit. Le pied qui se pose en avant n’est pas dynamique, il permet, d’une certaine manière, d’éviter la chute … D’autre part, la jambe est lancée vers l’avant depuis le genou qui ne se tend pas complètement. Le pied arrière, selon la qualité de la chaussure et la hauteur des talons, se déroule sur le sol au minimum, et la jambe arrière ne se tend pas non plus. Le pied se posant en avant reçoit presque tout le poids du corps, ce dernier s’étant déplacé sur un plan horizontal. Bien sûr, le tronc, les bras, se sont mobilisés afin de maintenir l’équilibre, mais de manière inconsciente, et le bassin, comme un poids mort, a suivi le mouvement. Pour les quelques muscles qui travaillent réellement dans ce genre d’avancée, comme ceux du mollet, combien d’autres restent simplement crispés pour tenir l’équilibre

Comment animer ce véhicule, afin qu’il devienne le support expressif de nos aspirations ?

La marche consciente s’avère un facteur de transformation efficace, car elle nous conduit à éveiller certaines zones de notre corps jusqu’alors endormies. Ainsi notre attitude corporelle va-t-elle se délier petit à petit, le corps va se redresser, s’allonger, s’ouvrir. Si le corps se libère de son rôle passif, sa mobilité induira un changement sur le plan mental. Le premier pas se traduit par la volonté de nous dégager d’une gangue de douleurs ou de contraintes, de ces milliers de mouvements accomplis inconsciemment. Puis vient le plaisir, dans la découverte d’un corps qui répond à notre demande, qui accepte de participer.

Jour après jour, nous irons de surprise en surprise : conscience du pied qui se déroule sur le sol, du genou qui se tend, des muscles fessiers qui travaillent, du dos qui se déplie, du souffle qui se libère et enfin de la tête, posée simplement, sans tension dans la nuque.

Grâce à cet éveil physique, dans la mesure où le corps reprend sa place, sa dimension, sa fonction, notre champ de vision s’élargit, l’esprit s’apaise, le visage se détend. Présent à soi-même, juste posé dans l’axe vertical, l’instant lui-même n’est plus projeté dans le futur ou le passé, mais bien présent ; notre corps ne se porte plus en avant, vers ce que nous avons à accomplir, ou n’est plus retenu, bridé intérieurement par le poids du passé. Nous voici centrés et, bien que cheminant, en parfait équilibre entre les énergies du ciel et de la terre.

L’étirement est le terme convenant au travail du corps au printemps.

S’étirer fait écho aux souffles du printemps, dans la mesure où ils expriment une force ascendante, une croissance surtout verticale.

Les étirements proposés concernent :

  • le cou, les flancs et le côté externe des jambes pour le méridien de la vési- cule biliaire ;
  • l’abdomen et le côté interne des jambes pour le méridien du foie.

Les exercices sont simples mais doivent être pratiqués avec lucidité, selon un rythme respiratoire lent et profond. Pour chaque exercice, prenez conscience non seulement de l’aspect mécanique du mouvement, mais aussi de ce qui se passe sur le plan énergétique. Chaque expir vous permet une progression dans l’étirement et donc une ouverture des lieux de passage de l’énergie. Vous vous libé- rez, à chaque respiration, de toutes les entraves pouvant ralentir la circulation de l’énergie et donc du sang et des liquides dans votre corps.


Études 


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Professeur de qi gong et de tai chi chuan, créateur de l'école Nuage~Pluie

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