L’esprit dans la pratique du taijiquan

Cultiver et maintenir une attitude positive, en particulier dans les moments d’adversité et d’échec, est le fruit d’un entrainement. Cela ne veut pas dire que nous supprimons complètement la frustration et la déception, mais nous les voyons pour ce qu’elle sont vraiment, une réaction à une situation que nous avons créée. Nous devons nous éduquer et ne pas nous laisser aller à des réactions négatives.

En pratiquant un art martial, les guerriers s’habituent à recevoir des coups. Ils doivent apprendre à en minimiser les dommages et à pouvoir poursuivre le combat. Ils apprennent à s’endurcir plutôt qu’à se recroqueviller. Nous pouvons apprendre beaucoup de nos défaites, à condition de garder une bonne attitude dans notre apprentissage.

Pour les Chinois, le chi est le souffle vital. C’est une énergie universelle qui est à l’origine de notre monde et de l’univers. Nous ne possédons pas le chi, nous sommes le chi ! Le tai-chi est représenté comme une sphère composée de deux polarités : l’une active, le yang, et l’autre passive, le yin, à la manière du plein et du creux. Pour les Chinois, l’équilibre du monde, et donc notre équilibre individuel, repose sur la complémentarité de ces deux polarités. Corps et esprit sont une même manifestation du chi, ils ne peuvent être séparés ; c’est pourquoi le tai-chi est à la fois une pratique de l’esprit et du corps. Quand l’esprit est apaisé, il envoie des signaux d’apaisement au système nerveux, qui répond aussitôt : les tensions musculaires et nerveuses disparaissent, le calme s’installe dans le corps et l’esprit. Et l’inverse est aussi vrai : un corps détendu agit sur les tensions du mental. C’est le grand principe de la médecine chinoise : faire en sorte que l’énergie circule de manière égale dans tout l’être, permettant ainsi à chaque organe de fonctionner sans parasitage.

Gregorio Manzur

Apprendre à utiliser l’esprit (神 shén) pour changer le corps a son reflet dans notre capacité à savoir utiliser le corps pour changer l’esprit. Le facteur commun est le souffle, l’énergie (氣qì). Les sensations sont actualisées dans la chair et vécues dans l’esprit.

A mesure qu’on s’approprie le mouvement, on en comprend le sens et on en partage l’intentionnalité ; se dévoile ainsi le chemin à venir par la prise de conscience des points d’étude à approfondir. Les grands guides directeurs sont la détente, une respiration aisée et quelques principes posturaux. On commence à installer la détente et la douceur dans les mains. Après un temps variable, qui dure parfois des années, cette détente s’approfondit, s’installe et se propage en amont, jusque dans le diaphragme. Parallèlement le corps se met à peser sur ses appuis. Les hanches s’ouvrent, le coccyx rentre, le sacrum tombe, libérant là encore la respiration, tonifiant les muscles internes du bassin et de la colonne et détendant les muscles superficiels. A ce niveau de pratique, le corps a retrouvé l’essentiel de ses appuis et lignes de force naturels. Les postures sont « pleines ». Le mental est devenu plus docile et plus calme. Un travail de nature plus « spirituel » au sens indiqué plus haut se déploie de plus en plus clairement.

Vincent Béjà

La douleur et la souffrance sont deux choses différentes, bien que ces deux termes soient fréquemment utilisés l’un pour l’autre. On s’accordera avec Paul Ricœur pour réserver le terme douleur à des affects ressentis comme localisés dans des organes particuliers du corps ou dans le corps tout entier, et le terme souffrance à des affects ouverts sur la réflexivité, le langage, le rapport à soi, le rapport à autrui, le rapport au sens, au questionnement. La pratique consiste à les voir pour ce qu’elles sont vraiment et à travailler avec elles de manière appropriée.

Les techniques martiales font partie du développement du Taijiquan et constituent un savoir-faire réellement applicable, mais son apprentissage est aussi celui de la souplesse et de l’adaptation de l’esprit. La pratique du Taijiquan passe par trois phases que sont la technique, la sensibilité et la spiritualité. L’idée du combat en Taijiquan n’appartient éventuellement qu’aux deux premières phases.Le Taijiquan est-il un art de méditation ?
Parfois décrit comme une « méditation en mouvement », le Taijiquan transforme le corps par l’entraînement, ce qui influe en retour la conscience, elle-même agissante sur le corps, dans une dialectique de mobilité dans l’immobilité et d’immobilité dans la mobilité

Marianne Plouvier

Le taiji est un absolu et le yin~yang correspond à ses parties interconnectées et interdépendantes. La forme du taijiquan est un lieu pour appliquer notre étude à notre entraînement et pour obtenir un résultat que nous pouvons évaluer et évaluaer au regard de critères spécifiques et essentiels à notre propre amélioration.


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