Le sanctuaire Kamishikimi Kumanoimasu

Marches et tori du sanctuaire Kamishikimi Kumanoimasu

Kamishikimi Kumanoimasu est un sanctuaire shintô enfoui dans une forêt de cèdres à Takamori, non loin du mont Aso dans la préfecture de Kumamoto.
L’histoire de Kamishikimi demeure un mystère. Les premiers services rituels du sanctuaire remonteraient au XIVe siècle. Dans la tradition locale, le lieu consacre Izanagi et Izanami – les dieux fondateurs du Japon. Kamishikimi fait partie des 3000 sanctuaires de Kumano dans la région des monts Kii.

O Sensei, qu’est-ce que l’aïkido ?

Mariye Takahashi avec Morihei Ueshiba

Le matin où j’ai parlé à O-Sensei de mon voyage, je suis allé le voir après l’entraînement. Il était assis dans sa chambre avec des lunettes en lisant un livre. Il s’arrêta de lire et me salua de sa manière habituelle, innocemment joyeuse. J’ai dit : « O-Sensei, j’ai quelque chose à vous dire » et je l’ai informé que j’allais aux États-Unis pour étudier. Il a dit : « L’Amérique ? Eh bien, cela semble merveilleux pour vous ! Je vous souhaite le meilleur. » Il était vraiment content pour moi. Il m’a aussi donné un livre intitulé Aikido comme cadeau de départ. Puis il m’a dit : « Avant de partir, avez-vous quelque chose à me demander ? » Alors j’ai simplement dit : « O-Sensei, qu’est-ce que l’aïkido ? » Il m’a répondu en disant: « Eh bien, laissez-moi l’écrire pour vous et un jour vous pourrez le lire et le comprendre. » Ce qu’il a écrit, ce sont les mots : « entraînement intellectuel, entraînement physique, entraînement à la vertu, entraînement au ki – de ces mots est issue la sagesse pratique. Il a ajouté qu’il ne faudrait pas qu’un seul d’entre eux manque, que l’absence de l’un d’entre eux réduirait le tout à rien et ralentirait inévitablement le développement global de chacun. Il faut, me dit-il, toujours maintenir un équilibre harmonieux entre ceux-ci.

Traduction des propos de Mariye Takahashi in Interview with Mariye Takahashi

En 1960, une jeune Japonaise pleine d’entrain rejoint l’ancien Aikikai Hombu Dojo et tombe sous le charme du charismatique fondateur de l’Aikido, Morihei Ueshiba. Mariye (Yano) Takahashi est progressivement devenue une confidente de la famille Ueshiba et des Hombu uchideshi, nouant des liens d’amitié qui perdurent encore aujourd’hui.

Le sens du mouvement

Maiko, photographie de Jean Claude Sanchez

Ce livre d’Alain Berthoz veut montrer comment nous pensons avec tout notre corps. Aux cinq sens traditionnels, Alain Berthoz en ajoute un sixième : la kinesthésie ou sens du mouvement. Il n’y a pas de mouvement sans pensée. Nous prenons la décision de marcher, de courir, de sauter, de danser, avec l’intention d’aller d’un endroit à un autre. Nous sommes donc capables d’évaluer une distance, de programmer une trajectoire et parfois très vite comme lorsque nous dévalons une pente à skis. Le sens du mouvement nous oblige à revoir notre conception du cerveau.

Les eaux-fortes de Tanaka Ryohei

Contrairement à beaucoup d’artistes de sa génération, Tanaka Ryohei préféra se consacrer à la gravure à eau-forte qu’à l’estampe sur bois traditionnelle. Il fit rentrer le Japon traditionnel et campagnard avec ses maisons aux toits magnifiques dans l’art contemporain grâce à son trait.

Sūtra du Cœur

Calligraphie du Sutra du Cœur en forme de pagode

Le Sūtra du Cœur contient le cœur de l’enseignement de la Prajnaparamita. C’est le plus court des soutras Prajñāpāramitā, un ensemble de textes de longueur très variable écrits entre le Ier siècle AEC et le VIe siècle EC, dont le thème principal est la Perfection de la Sagesse, à savoir la vacuité de toute chose et de tout phénomène, ce qui ne veut pas dire leur non-existence, mais leur absence de caractère substantiel, fixe et permanent.

Le pays des sens

Accumulation de fenêtres, 2006, encre sur papier, quatre panneaux, Cai Guangbin

Entraîné par cette épreuve de la puissance de la raison, notre penchant à étendre [nos connaissances] ne voit plus de bornes. La colombe légère, qui, dans son vol, fend l’air dont elle sent la résistance, pourrait s’imaginer qu’elle volerait bien mieux encore dans le vide. C’est ainsi que Platon quittant le monde sensible, qui renferme l’intelligence dans de si étroites limites, se hasarda, sur les ailes des idées, dans les espaces vides de l’entendement pur. Il ne s’apercevait pas que, malgré tous ses efforts, il ne faisait aucun chemin, parce qu’il n’avait pas de point d’appui, de support sur lequel il pût faire fond et appliquer ses forces pour changer l’entendement de place. C’est le sort ordinaire de la raison humaine, dans la spéculation, de construire son édifice en toute hâte, et de ne songer que plus tard à s’assurer si les fondements en sont solides.

Emmanuel Kant in Critique de la raison pure

Au commencement

Tapisserie de la Création, XI – XIIe siècle, tapisserie, Cathédrale de Gérone, Gérone

Il est écrit : « Au commencement était le Verbe ! »
Je butte ici déjà ! Qui m’aidera à poursuivre ?
Je ne peux nullement porter si haut le Verbe,
Je dois traduire autrement,
Si l’Esprit justement m’illumine.
Il est écrit : Au commencement était le Sens.
Songe bien à la première ligne,
Que ta plume point ne se précipite !
Est-ce le sens partout qui agit et crée ?
Il faut mettre : Au commencement était la force !
Mais, même quand je couche cela sur le papier,
Quelque chose m’alarme, et je n’y demeure pas.
M’aide l’Esprit ! J’y vois clair soudain !
Et écris confiant : au commencement était l’action !

Johann Wolfgang von Goethe in Fausttraduit par Claire Placial

Dans un rose d’aurore

Mer avec nuages et trois bateaux, aquarelle, 1946, Emil Nolde

C’était sur des surfaces unies et planes comme celles de la mer que, par un matin d’orage déjà tout empourpré, commençait, au milieu d’un aigre silence, dans un vide infini, l’œuvre nouvelle, et c’est dans un rose d’aurore que, pour se construire progressivement devant moi, cet univers inconnu était tiré du silence et de la nuit.

 Marcel Proust in La Prisonnière : À la recherche du temps perdu

Surya Narayana

Surya Narayana, Basohli ou Guler, collines du Pendjab, vers 1740-50

Cette représentation rare et fine de Surya, le dieu solaire, assis dans un orbe doré resplendissant combine ses caractéristiques avec celles de Vishnu ou Narayana. Comme Vishnu, Surya porte une plume de paon dans sa couronne et tient une conque et un chakra dans ses mains.

Un meilleur être

Portrait de Claude Larre

La médecine que j’ai prise un moment comme objet d’un travail, je l’intègre en même temps en tant que conscience corporelle personnelle dans cet effort de vie spirituelle. Pourquoi, moi, Jésuite à Paris, qui ai une trentaine d’années de chinois, pourquoi depuis douze ou quinze ans, je fais de la médecine chinoise ? Est-ce pour rendre service à des amis ? Oui. Est-ce une curiosité de l’esprit ? Oui. Mais aussi parce que ça s’intègre dans les propos que je viens de tenir. Parce qu’il faut également sauver les gens… Il ne suffit pas de les instruire. L’enseignant n’est pas un simple enseignant. L’enseignant, c’est quelqu’un qui travaille avec les autres à un certain meilleur être.

Claude Larre in revue Hexagrammes

Expliquer et comprendre

Kuroda Tetsuzan

Dans l’absolu, il n’y a besoin d’aucune parole, et la véritable transmission se fait I shin den shin (d’âme à âme). Dans le monde actuel, si les gens veulent étudier les théories supérieures, il est nécessaire de les expliquer. Le problème ne se pose plus de savoir quel est le mode de transmission. Dans la situation actuelle, il faut que l’élève commence par comprendre les théories avec la tête. Ensuite, dès qu’il commence à bouger, je lui fais remarquer qu’il utilise la force, qu’il pousse dans le sol. Et à partir de là, le travail de correction commence. — Kuroda Tetsuzan

Mara étreignant la roue des réincarnations

Mara, le Seigneur du Mort et des Désirs, éteignant la Roue des réincarnations, Dazu

Ce bas-relief de 8 mètres parmi les sculptures rupestres de Dazu représente Mara, le Seigneur de la mort et des désirs, étreignant la roue des réincarnations.
La grande roue des renaissances résume la doctrine bouddhiste du karma : un cycle sans fin de réincarnation dans des formes de vie supérieures ou inférieures selon ses actes passés. Dans cette sculpture, le démon Mara, personnifiant l’existence, tient la roue entre ses mâchoires et ses bras. La roue est soutenue par un fonctionnaire personnalisant la cupidité, un soldat, mal, un singe, la folie et une femme, la luxure. Six rayons émanent de la roue, signifiant que l’illumination, le but de toute pratique bouddhiste, permet au chercheur d’échapper au cycle éternel de la naissance et de la mort.