Samā‘

Sama, danse giratoire sacrée des derviches tourneurs soufis

Samā‘ désigne la danse giratoire sacrée des derviches tourneurs Mevlevi qui s’exécute dans le semahâne. Le samā‘ fait partie des pratiques spirituelles du soufisme.

Les derviches tourneurs se déplacent d’abord avec lenteur et font trois fois le tour de la piste. Chaque derviche se tourne vers celui qui est derrière lui et tous deux s’inclinent avant de reprendre leur circumambulation. Ce déplacement est le symbole des âmes errantes cherchant à la périphérie de l’existence. Après le troisième tour, le maître prend place sur son tapis et les danseurs attendent. Alors les chanteurs chantent et quand ils s’arrêtent, les derviches, en un geste triomphal, laissent tomber leur manteau noir, dévoilant leur vêtement blanc. La chute du manteau est celle de l’illusion. Quand le manteau noir qui représente l’enveloppe charnelle est abandonné, c’est la résurrection. Les derviches, bras croisés sur la poitrine, mains sur les épaules, se mettent à tourner lentement, sur eux-mêmes puis écartent les bras, la main droite tournée vers le ciel pour récolter la grâce de Dieu et la main gauche tournée vers le sol pour la dispenser vers les hommes. En même temps qu’ils tournent sur eux-mêmes, ils tournent autour de la salle. Ce double tour figure la loi de l’univers, l’homme tourne autour de son centre, son cœur, et les astres gravitent autour du soleil. Ce double symbolisme cosmique est le véritable sens du Sema : toute la création tourne autour d’un centre.

Les poésies mystiques chantées dans le samā‘ associent les thèmes de l’amant et de l’aimé, de l’ivresse spirituelle, de la nostalgie de la séparation de l’être bien-aimé ou encore de notre divine essence. Ces états intérieurs accentués par la danse sont les effets de l’ivresse spirituelle qui se traduit par une sensation de submersion et un oubli de soi-même dont l’aboutissement est l’extinction dans la présence divine.

Sache que le monde tout entier est miroir,
dans chaque atome se trouvent
cent soleils flamboyants.
Si tu fends le cœur d’une seule goutte d’eau,
il en émerge cent purs océans.
Si tu examines chaque grain de poussière,
mille Adam peuvent y être découverts…

Un univers est caché dans une graine de millet ;
tout est rassemblé dans le point du présent…
De chaque point de ce cercle
sont tirées des milliers de formes.
Chaque point, dans sa rotation en cercle,
est tantôt un cercle,
tantôt une circonférence qui tourne.

Mahmûd Shabestarî. Poète soufi, Iran (XIVè s.)

Le muguet

Le muguet, huile sur isorel, 1975, Marc Chagall (1887 - 1985)

Marc Chagall 1887 – 1985

J’ouvrais seulement la fenêtre de ma chambre et l’air bleu, l’amour et les fleurs y pénétraient.

Marc Chagall

L’air bleu est celui des vapeurs de ses rêves d’enfant en terre natale russe ; à son arrivée à Paris en 1911, c’est en ces termes que Chagall relate encore ses songes. Prédominant dans sa teinte presque violine et jusque dans des nuances affleurant le turquoise, le bleu est aussi celui de la mer et du ciel de la Côte d’Azur, à Saint-Jean Cap Ferrat puis à Vence où il installe définitivement son atelier en 1966.

Bruissants de clochettes blanches, les brins de muguet ramassés au centre de la composition sont une variation sur le thème du bouquet. Indissociable de l’art de Chagall, souvent associé à la figure du couple ou à celle de la mariée, le bouquet est identifié par André Breton comme « métaphore du plaisir ». Coïncidant avec l’arrivée du printemps et signifiant « retour du bonheur », le muguet s’accorde bel et bien avec cette symbolique. Dans Le Muguet, la place quasi-exclusive et foisonnante du bouquet de muguet fait écho aux œuvres du milieu des années 1920 où le bouquet est traité pour lui-même. Il s’en distingue cependant par sa retenue chromatique. De manière assez exceptionnelle, Chagall fait ici le choix d’une palette restreinte (le vert et le blanc) et nuancée qui contraste avec la franche exubérance habituelle. Il s’en distingue aussi par son ambivalence. Dans Le Muguet, le bouquet exalte le bonheur du couple qui le surplombe, à gauche de la composition. Dans les œuvres de cette époque cependant, ne sont pas rares les accents d’une nostalgie diffuse que Chagall semble avoir héritée de ses origines slaves. A cet instant, les empâtements blancs des fleurs de mai ont aussi la douceur de flocons.

De la vertu

Les vertus cachées - vertueuses, porcelaine sur toile, 2014, Caroline Cheng

Le 道德經 dàodéjīng, le livre de la voie et de la vertu, nos pratiques imprégnées de taoïsme, nous invitent à nous interroger sur la notion de 經 dé, le plus souvent traduit par vertu.

L’art du jardin

Le jardin de l'administrateur incompétent, 1551, Wen Zhengming, feuillet 8

Si le jardin chinois est un lieu de plaisir et un Eden, il n’est pourtant pas associé à la luxure ni au péché. Au contraire, il est le lieu de l’éveil, du ressourcement, et de la gestation de l’embryon d’immortalité au même titre que la grotte des immortels, le cercueil ou l’intériorité. Yolaine Escande nous invite à visiter le jardin comme chemin de sagesse dans la tradition chinoise

Huit vues sur les montagnes jaunes

Huit vues des montagnes jaunes, 1681, Zheng Min (1633-1683)

Au XVIIe siècle, les peintres de l’Anhui ont commencé à exploiter les qualités particulières de l’album pour représenter les montagnes jaunes (黃山 huángshān), vue par vue, une feuille à la fois. Cet exemple, de l’artiste relativement peu connu Zheng Min, se classe parmi les meilleurs albums de Huangshan ; son originalité compositionnelle et son travail de pinceau subtil se déploient au fil d’un voyage en huit parties distinctes.

L’attention résulte de l’arrêt

Apparition de croix, 2015, Ding Yi

Par temps de confusion, Jean François Billeter se pose l’une des questions les plus fondamentales de la philosophie moderne : la nature du sujet humain.
C’est dans la considération et la compréhension de ce que nous sommes, que nous serons en mesure d’appréhender ce monde toujours plus illisible.

Kyūzō Mifune

Jigoro Kano et Kyuzo Mifune

三船久蔵 Mifune Kyūzō (1883 – 1965)

Kyūzō Mifune est considéré comme l’un des plus grands pratiquants de l’art du judo après son fondateur, Kano Jigoro. Il a 13 ans lorsqu’il commence le jùdô. Il rejoint le Kôdôkan en 1903. En 1912, il était déjà un rokudan (6e dan) et un instructeur du Kôdôkan. Il était incroyablement énergique et fini par parvenir à la tête des instructeurs du Kôdôkan. La vitesse avec laquelle il a maîtrisé les techniques du jùdô peut seulement être comparé à la rapidité de sa promotion. En recevant le 10e dan le 25 mai 1945, il devint le 2e plus jeune homme à obtenir le 10e dan, grade qu’il gardera pendant presque 20 ans c’est à dire plus longtemps de n’importe quel 10e dan. Il était humble et permanent du groupe consultatif de dôjo de Kôdôkan. Il est l’auteur du « Canon du Jùdô ». En 1964 le gouvernement Japonais lui a attribué l’honneur de l’ordre du soleil levant. Il fut la première personne à être honorer de cette manière pendant sa vie. Avant sa mort le 27 janvier 1965, il était le seul 10e Dan vivant dan dans le monde.

Yuan Yunfu

Jardin de l'humble administrateur de Suzhou, laque, 1990, Yuan-Yunfu

袁运甫 Yuán Yùnfǔ, professeur d’art de l’Université Tsinghua, est depuis longtemps reconnu comme une figure de proue de la scène des arts décoratifs en Chine et est l’un des pères fondateurs de l’art public contemporain chinois. Ses peintures mettent en lumière le talent de Yuan pour faire correspondre les couleurs.

Les temples des montagnes de Wudang

Bâtiments anciens des montagnes de Wudang

Inscrits depuis 1994 au patrimoine mondial de l’UNESCO, les premiers temples des montagnes de Wudang datent de la dynastie des Tang, mais la plupart des bâtiments fut construit comme un ensemble sous la dynastie Ming. Les édifices des montagnes de Wudang témoignent d’un art et de techniques architecturaux remarquables et représentent l’apogée de l’architecture et de l’art chinois sur une période de près d’un millénaire.

Le souffle coule dans le champ de cinabre

Libellule au lotus, 1954, Zheng Manqing

氣沉丹田 qì chén dāntián est l’un des aphorisme les plus connu du taijiquan. Comme souvent avec les aphorismes du taijiquan, il importe de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une injonction, ni d’une méthode, mais de l’énoncé d’un résultat. La méthode, elle, relève traditionnellement de l’enseignement oral.

La lumière des temps de silence

Staircase J,Yamamoto Keisuke

Le travail de Yamamoto Keisuke est un mélange inhabituel et rare de technique magistrale, de curiosité philosophique et de gravité émotionnelle.