Les yeux ouverts

Marguerite Yourcenar

Il y a cette immense liberté de l’animal, enfermé certes dans les limites de son espèce, mais vivant sans plus sa réalité d’être, sans tout le faux que nous ajoutons à la sensation d’exister. C’est pourquoi la souffrance des animaux me touche à tel point. Comme la souffrance des enfants : j’y vois l’horreur toute particulière d’engager dans nos erreurs, dans nos folies, des êtres qui en sont totalement innocents .

Entre douleur et souffrance : approche anthropologique

Autoportrait de Goya avec le docteur arrieta. Photo de l'Institut d'art de Minneapolis

La douleur implique la souffrance. Il n’y a pas de peine physique qui n’entraîne un retentissement dans la relation de l’homme au monde. Même si elle touche seulement un fragment du corps, ne serait-ce qu’une dent cariée, elle ne se contente pas d’altérer la relation de l’homme à son corps, elle contamine la totalité du rapport au monde. La douleur fait toujours sens, elle est donc toujours souffrance.