Astronomie

En quoi l’astronomie chinoise est-elle unique au monde ?

Le premier point qui distingue et caractérise l’astronomie chinoise est qu’elle considère que le soleil a un mouvement uniforme et qu’entre deux retours consécutifs du soleil à un même solstice, il s’écoule immuablement 365 jours complets plus la quatrième partie d’un jour. C’est la raison pour laquelle ils divisaient une circonférence en 365 + ¼ de degré. Cette mesure était appelée le degré chinois. Cette idée de mettre la circonférence du cercle en rapport avec les retours consécutifs du soleil à un même solstice est particulière aux chinois de l’antiquité et ne se retrouve chez aucune autre société humaine. Ce qui est le plus étonnant, c’est que la société chinoise était si rigide, qu’ils conservèrent l’application de ce même principe, même quand ils reconnurent que la durée de l’année solaire faisait un peu moins que 365 jours
¼. Ils ne renoncèrent à cet usage qu’au milieu du XVIIème siècle.

Le second point distinctif est que les chinois utilisaient les étoiles des constellations circumpolaires comme point de référence dans les cieux pour fixer la date des saisons, notamment la constellation de la Grande Ourse et l’Etoile polaire, contrairement aux Indo-européens qui utilisaient la position et le déplacement des corps célestes sur l’écliptique et sur l’horizon.
Les archéologues ont découvert en 1978, sur le couvercle d’une boîte laquée extraite du tombeau de Zeng Hou Yin dans le Suixian, la gravure des noms des 28 divisions du zodiac lunaire, (二十八宿 èr shí bā xiù) montrant ainsi que cette représentation du ciel était en usage en 433 AEC. Chaque division ou est délimitée par des étoiles-repères et l’on peut considérer qu’elles constituent un zodiaque de type sidéral.

Loge lunaireGroupeÉtoile référente
JiaoDragon vert de l’estα Virginis
KangDragon vert de l’estκ Virginis
DiDragon vert de l’estα2 Librae
FangDragon vert de l’estπ Scorpii
XinDragon vert de l’estσ Scorpii
WeiDragon vert de l’estμ1 Scorpii
JiDragon vert de l’estγ Sagittarii
NandouTortue noire du nordφ Sagittarii
NiuTortue noire du nordβ Capricorni
XunuTortue noire du nordε Aquarii
XuTortue noire du nordβ Aquarii
WeiTortue noire du nordα Aquarii
YingshiTortue noire du nordα Pegasi
DongbiTortue noire du nordγ Pegasi
KuiTigre blanc de l’ouestζ Andromedae
LouTigre blanc de l’ouestβ Arietis
WeiTigre blanc de l’ouest35 Arietis
MaoTigre blanc de l’ouest17 Tauri
BiTigre blanc de l’ouestε Tauri
ZuixiTigre blanc de l’ouestφ Orionis
ShenTigre blanc de l’ouestδ Orionis
DongjingOiseau vermillon du sudμ Geminorum
YuguiOiseau vermillon du sudθ Cancri
LiuOiseau vermillon du sudδ Hydrae
QixingOiseau vermillon du sudα Hydrae
ZhangOiseau vermillon du sudυ Hydrae
YiOiseau vermillon du sudα Crateris
ZhenOiseau vermillon du sudγ Crateris

Le troisième trait distinctif de l’astronomie antique des chinois, c’est l’observation assidue des astres quand ils passent au méridien, en notant au moyen d’horloges à eau, les instants où ils se trouvent dans ce plan. Cette pratique, invariablement suivie et consignée dans les annales de la nation, nous fournit les éphémérides des éclipses de soleil depuis 4.053 ans. Nous devons avoir à l’esprit que les plus anciennes
éclipses rapportées par les Chaldéens par exemple, ne datent que de 900 ans avant J.C.
Cependant les astronomes chinois ne notaient aucune autre précision sur ces phénomènes, comme par exemple la durée de l’éclipse, si c’était une éclipse totale ou partielle, si l’occultation était australe ou boréale, etc…. Or ces informations sont nécessaires pour les calculs astronomiques, notamment ceux de parallaxe.