Circulations vitales

脈 mài


Les souffles s’élèvent et s’infiltrent en tous lieux, permettant propagation et déploiement. Les circulations vitales répandent régulièrement le sang et entretiennent la vie.

Tous les cheminements et trajets de sang et souffles (血氣 xuè qì) sont des mài : les jīng et les 絡 luò, comme ce qui imprègne les muscles, ce qui se répand en superficie ou investit la profondeur.

L’ensemble forme un réseau ordonné selon les normes de la vie qui viennent du ciel (les méridiens : 經脈 jīng mài) avec de multiples ramifications (les trajets collatéraux ou de connexion : 絡脉 luò mài ) et toutes les circulations connexes. Les circulations collatérales sont diverses et nombreuses.

Les méridiens comprennent :

L’écoulement de la vie, sous la forme du sang animé de souffles, rend visible ses caractéristiques. Le sang permet l’observation et l’estimation de cet écoulement.

La circulation du liquide rouge qu’est le sang atteint la moindre parcelle de l’espace corporel, y transmet la vie et y assure la présence du cœur et de ses esprits. Peut-être à cause du rapport, maintes fois énoncé, du sang et des esprits, on a, ici, préféré le sang aux mai, réseau de l’animation. Ce réseau, vecteur de la circulation du sang, constitue habituellement le niveau de la structure corporelle correspondant au cœur~feu. C’est peut-être également à cause de la proposition suivante, car le sang est davantage lié à la rate que les mai.

Le renouvellement du sang se joue, principalement, entre rate et cœur : la rate fournit les riches sucs, substance de base du sang, et le cœur leur imprime sa marque, leur donne une qualité propre. Mais il y a un retour du sang du cœur vers la rate, pour l’inspirer, l’informer, lui apporter le yang et la chaleur nécessaires à l’accomplissement de ses mouvements de transports et transformations.

On appelle pouls les emplacements où ce diagnostic est rendu possible, c’est-à-dire quand les qualités de la pulsation du sang dans le corps peuvent être perçues, car un courant puissant de sang affleure suffisamment près de la superficie.

Tous les organes contribuent à la richesse et au dynamisme du composé sang et souffles (血氣 xuè qì), ainsi qu’à l’harmonie de leurs rapports. Les fonctions organiques étant exprimées selon les qualités du yin~yang et des cinq agirs, on peut les repérer aux pouls en adaptant la même systématique au flux sanguin palpitant sous les doigts.

Cependant, les mài entretiennent des rapports spécifiques avec le cœur et le poumon :

  • le cœur commande le sang et les circulations sanguines ;
  • le poumon commande les souffles et les rythmes, pour que leur mouvement perdure sans s’emballer ni s’épuiser.

La pulsation est la force et la régularité avec lesquelles le cœur pulse le sang dans tout le corps par ses voies de circulations. Ce rythme vital est présent partout dans l’incessant réseau des mài, jusque dans les plus fins des capillaires. Il se perçoit là où la quantité de sang est suffisante, sur les artères, et ce sont les pouls. Mais la vie ne s’arrête pas où l’œil s’arrête ; quand on ne perçoit plus la pulsation, elle reste présente; quand on ne voit plus le sang, il circule encore.

L’appréciation, suivant des techniques précises et complexes, de tous les aspects, perpétuellement en variation, de cette pulsation est la prise des pouls. Elle se fait en chaque endroit accessible du corps; mais il y a des lieux particuliers, où la palpation est plus révélatrice :

  • les neuf pouls révélateurs, répartis sur les trois étages du corps ;
  • les pouls carotidiens, au cou ;
  • les pouls sur l’artère pédieuse, au pied ;
  • les pouls radiaux, sur l’artère radiale, peu avant le poignet, à gauche et à droite ; ces derniers sont aussi appelés bouche des souffles (口qì kǒu) ou encore «bouche des mai» (脈 口 mài kǒu).

Les pouls radiaux présentent, à gauche comme à droite, trois emplace-ments :

  • distal, le plus proche du pouce, : 寸 cùn,
  • médian : zhōng,
  • proxima, le plus proche du coude : 尺 chǐ.
CôtéEmplacementEn superficieEn profondeur
GauchedistalIntestin grêleCœur
GauchemédianEstomacRate
GaucheproximalVessieReins
DroitedistalGros intestinPoumon
DroitemédianVésicule biliaireFoie
DroiteproximalPorte du destinReins
Selon une présentation courante. Des variantes existent.

On palpe chacun de ces emplacements en profondeur ou en superficie, on observe aussi la sensation sous les doigts quand on applique ou relâche la pression. L’appréciation dépend de l’expérience du praticien ainisi que de techniques multiples et complexes qui informent sur l’état général de la personne et sur chaque organe en particulier.

Les qualités des pouls sont diverses et subtiles. Leur nombre et organisation varient selon les époques et les écoles. L’une des plus fréquentes différencie 28 sortes de pouls, dont un certain nombre constitue des couples yin~yang : superficiel ou profond; lent ou rapide; glissant ou rugueux; tendu ou mou; pléthorique ou fin; long ou court … ; on i retient aussi l’aspect intermittent, irrégulier, noué, etc.

La qualité de sang et souffles variant avec les saisons, l’aspect normal du pouls n’est pas le même aux différentes époques de l’année. De même, les pouls normaux diffèrent selon les moments de la journée et le genre d’activité, selon qu’on est en digestion, au repos … L’environnement et tout ce qui affecte l’être, physiquement ou mentalement, de l’intérieur ou de l’extérieur, fait varier les pouls.

SaisonCaractéristique du poulsÉlémentOrgane plein
PrintempsTendu, comme une cordeBoisFoie
ÉtéPlein, comme un crochetFeuCœur
AutomneSuperficiel, comme un poils MétalPoumon
HiverProfond, comme une pierreEauReins
Saison intermédiaireContinu, comme une succession
TerreRate

Un pouls sain doit montrer la présence des souffles de l’estomac, des esprits et de la racine. On doit normalement sentir aux pouls le bon renouvellement de sang et souffles par la digestion; on doit aussi sentir la force vitale, puissante sans excès et sans raideur, qui vient de l’harmonie entretenue par les esprits du cœur; on doit percevoir que l’origine de la vie, dans les reins, continue à soutenir l’organisme. Cela peut aussi correspondre aux trois positions des pouls radiaux : distale (cœur), médiane (estomac) et proximale (reins). Quelle que soit la maladie et sa gravité, si cette triple perception est assez bonne, le pronostic est favorable et la guérison possible.