Classique des vers

 詩經 shījīng 

Le Classique des vers s’est d’abord appelé les Poèmes, ou les Trois Cents Poèmes (詩三百 shīsānbǎi). Ce recueil est une anthologie rassemblant des textes qui vont du XIe au Ve siècle AEC, provenant de la Plaine centrale, et est l’un des rares textes de l’Antiquité chinoise à avoir survécu à la destruction des livres opérée par l’empereur Qin Shi Huangdi après son accession au pouvoir en 221 AEC. On y trouve les plus anciens exemples de la poésie chinoise.

Odes mineures du Classique des vers, calligraphie attribuée à l’empereur Gaozong

Le Classique des vers contient 305 poèmes répartis en quatre catégories (四始 sìshǐ) :

Les chansons populaires國風Guófēng1160
Les odes mineures小雅Xiǎoyǎ161234
Les odes majeures大雅Dàyǎ235265
Les odes religieuses頌,Sòng266305

Confucius serait l’auteur de cette anthologie, et aurait lui-même choisi plus de trois cents poèmes sur trois mille d’origine. C’est pour cette raison que le recueil a été élevé au rang de classique. De fait, Confucius a connu le Classique des vers, puisqu’il le cite. Mais d’autres auteurs l’ont cité avant lui, aussi Confucius ne peut en être l’auteur. L’attribution à Confucius remonte à Sima Qian, l’auteur des Mémoires historiques, tout comme l’opinion selon laquelle les chansons populaires auraient été consignées par des fonctionnaires parcourant les provinces. Même si ce n’est pas impossible, il y a peut-être une extrapolation à partir du rôle qui était celui du Bureau de la musique (樂 yuèfǔ) des Han. Il est toutefois certain que la circulation des musiciens d’une cour à l’autre devait favoriser la propagation des chansons populaires.

Odes mineures du Classique des vers, peinture attribuée à Ma Hezhi

Après l’autodafé de Qin Shi Huangdi, quatre reconstitutions du Classique des vers ont été réalisées sous la dynastie Han, dont il ne reste qu’une seule. Cette version comporte des commentaires de Mao Heng et Mao Chang, des Han antérieurs, précédée d’une préface appelée la Grande Préface, attribuée à Wei Hong des Han postérieurs. D’autres éditions avec commentaires ont suivi au cours des siècles : notamment ceux de Zheng Xuan, de Kong Yingda (574-648), de Zhu Xi, de Ma Ruichen (dynastie Qing).

Confucius est le premier à avoir interprété le Classique des vers dans ses Entretiens. Les Mao interprètent les chansons populaires dans un sens moral, comme étant l’expression du désir par le peuple d’avoir un bon souverain. Zhu Xi est le premier au XIIe siècle à avoir rendu aux chansons populaires le sens qu’elles avaient à l’origine, suivi au xxe siècle par Wen Yiduo, Zhu Ziqing, ou Marcel Granet.