Dynastie Shang

 商代 shāng dài

La dynastie Shang (1600-1045) est selon l’historiographie chinoise la deuxième dynastie royale à avoir dominé la Chine, elle succède à la dynastie Xia et précède celle des Zhou.

Depuis les années 1930, les trouvailles d’inscriptions oraculaires sur des os et des écailles de tortue à Anyang dans le Henan ont révélé que s’y trouvait alors la dernière capitale des rois Shang, Yinxu, durant la période allant d’environ 1250 à 1050 av. J.-C. Il est possible que les rois ayant régné à partir d’autres sites durant la période précédente, la période d’Erligang, aient également été des membres de la dynastie Shang, mais l’absence d’écriture pour cette époque ne permet pas de le confirmer.

Cette période voit de nombreux changements se produire dans la Plaine centrale de Chine, avant tout à partir du foyer situé dans la vallée du fleuve Jaune d’où émerge la dynastie Shang. Les premiers États et les premières villes se développent, de même qu’un artisanat du bronze remarquable, et l’écriture apparaît durant la période finale. Les autres régions chinoises ne sont pas en reste, puisque des cultures ayant mis au point un artisanat métallurgique remarquable ont été identifiées dans plusieurs endroits, notamment le bassin du Yangzi. L’idée d’une mainmise des rois Shang sur une grande partie de la Plaine centrale est donc remise en cause.

La tradition chinoise fait de la dynastie Shang la deuxième à avoir dominé le pays, après la dynastie Xia fondée par Yu le Grand. Cela suit une conception cyclique et moraliste de l’histoire mise en place par les rois des Zhou de l’Ouest pour légitimer leur prise de pouvoir sur les Shang : le Ciel, divinité suprême des Zhou, accorde ses faveurs aux souverains les plus vertueux : les rois sont alors les Fils du Ciel ( tiānzǐ), disposant du Mandat céleste (天命 tiānmìng). Mais au fil du temps les souverains de la dynastie dominante perdent en vertu, et finalement le Ciel les abandonne et choisit un nouveau personnage vertueux qui les renverse et fonde à son tour sa propre dynastie1. Ainsi, le dernier roi des Xia, Jie Gui, est présenté comme un débauché, qui est finalement renversé par Tang le Victorieux, qui fonde la dynastie Shang.

La tradition historiographique chinoise, qui repose avant tout sur le Classique des documents, les Annales de Bambou et une poignée d’autres ouvrages pour la plupart repris par Sima Qian dans ses Mémoires historiques, n’a pas retenu grand-chose de la trentaine de souverains de la dynastie Shang dont elle rapporte les noms et l’ordre successoral, au-delà de changements de capitale qui surviennent à six reprises et de quelques autres faits miraculeux. Ainsi, le roi Wu Ding, à la suite de l’apparition d’un faisan merveilleux, aurait procédé à une réforme de sa conduite et des rites qui aurait renouvelé la vertu de la dynastie. Mais peu après, Wu Yi est particulièrement immoral, tirant des flèches sur une outre pleine de sang au prétexte de tirer sur le Ciel ; son châtiment est de mourir foudroyé. Le dernier roi Shang, Zhou Xin (ou Di Xin), est présenté comme doté d’une grande force, débauché et extrêmement tyrannique. Une série de malheurs annonce sa perte, à laquelle il est mené par le nouveau détenteur du Mandat céleste, Wu des Zhou.

La chute de la dynastie Shang sert de cadre à L’Investiture des dieux (Fengshen Yanyi ou Fengshen Bang), célèbre récit fantastique rédigé sous la dynastie Ming (rédigé autour de 1600), qui donne une version romancée du conflit entre Shang et Zhou en y intégrant de nombreux héros qui y deviennent des personnages d’essence divine.