Langue

舌 shé

La langue manifeste la subtilité et le discernement du cœur : par elle, on reconnaît la saveur réelle d’une substance ; par elle, on exprime, en paroles, la richesse du cœur ; on énonce ses opinions ; on module, volontairement, son souffle vital ; mieux vaut le faire sous l’inspiration des esprits.

Illustrations des muscles et nerfs de la langue, vue de profil

La langue peut être soit fondue dans la bouche; elle est alors liée à la rate, à l’alimentation. Soit un orifice distinct de la bouche, et dans ce cas, elle est liée au cœur.

On dit parfois que la langue n’est pas vraiment un orifice, car elle ne présente pas une ouverture, une trouée vers l’extérieur. Elle est cependant une voie de communication entre l’interne et l’extérieur. Elle permet à l’interne de se manifester à l’extérieur par la parole dont elle est l’instrument. Elle énonce le discernement et le jugement qui se forment dans le cœur. Elle reflète la capacité du cœur à utiliser le feu et les esprits pour discerner clairement et émettre un jugement, pour énoncer des positions qui reflètent la qualité des dispositions intérieures. Le déclenchement de la parole dépend du cœur, dans son aspect psychologique et mental autant que pour le mécanisme physiologique, les deux pouvant être étroitement liés.

Le méridien de la rate et le méridien des reins parviennent à la racine de la langue. Le méridien du cœur s’y relie. Les trajets musculaires du méridien de vessie et du méridien du triple réchauffeur s’y attachent également.

Le cœur et les circulations qui en dépendent prodiguent à la langue sang et souffles nécessaires à son entretien et à ses mouvements. L’insuffisance de cet apport peut entraîner un manque d’irrigation de ses muscles, un défaut de liquides dû à une chaleur qui suit le méridien du cœur. La langue alors s’enroule, se contracte et la parole devient impossible.

La langue sert aussi à renseigner sur ce qui pénètre dans le corps. Le discernement du cœur s’unit aux souffles de la rate pour permettre à la langue de juger de ce qui entre dans la bouche. La langue distingue alors les cinq saveurs dans les aliments, alors que la bouche en perçoit la nature.

La langue sert à diagnostiquer les maladies atteignant le cœur.

  • Insuffisance du sang du cœur: la langue est blanc pâle.
  • Montée en inflammation du feu du cœur avec, éventuellement, un vide de yin : la langue est rouge cramoisie, ou bien la pointe de la langue est rouge intense, foncé, ou bien le corps de la langue est comme en bouillie (érosion, ulcération).
  • Quand le sang du cœur a des stases, la langue est violet foncé ou bien a des ecchymoses.
  • Quand les glaires obstruent les orifices du cœur, la langue se raidit, devient rigide et la locution est malaisée.

En outre, les altérations pathologiques des autres organes peuvent aussi se refléter a la langue, qui est un lieu important de diagnostic.

On observe les variations dans l’enduit de la langue : sa présence ou son absence, la consistance, la couleur, l’épaisseur …

On observe le corps de la langue : changement de volume, de couleur, craquelures et boutons ainsi que les endroits où ils apparaissent, état contracté ou relâché, tremblements ou divers mouvements inconscients, sortie de la bouche …

On a ainsi des indications sur l’étiologie : vide et froid, ou plénitude, chaleur qui vient sur un vide de yin, stase sanguine… , ainsi que sur les organes atteints. Généralement :

  • la racine de la langue est liée aux reins ;
  • le milieu, à la rate et à l’estomac ;
  • la pointe, au cœur.

La localisation du foie et du poumon varie selon les sources.