Palais de la clarté

明堂 míngtáng

Dessin illustrant le Palais de la clarté
Palais de la clarté

Le Palais (堂 táng) de la clarté (  míng), un espace politique et religieux, a été recensé pour la première fois dans la littérature de la dynastie des Zhou. La conception du míngtáng, y compris les matériaux, la structure, l’arrangement et son orientation dans la ville, exprime la cosmogonie de cette société première et reflète les rituels stricts de la société féodale.

A l’aube de la civilisation humaine, les êtres humains n’ont pas la capacité de résister aux caprices du monde naturel, ils sont pleins de crainte pour l’univers au-dessus de la terre et dépendent de la terre pour vivre. Ils commencent donc à s’adapter aux caprices de la nature, à les analyser et à résumer à les enregistrer. Les trigrammes du Classique des changements furent créés par Fuxi comme une encyclopédie météorologique.

Le Palais de la clarté est un microcosme a l’image du macrocosme, un lieu où les humains interagissent avec une énergie surnaturelle. C’est un ensemble de constructions : un fossé circulaire entoure une enceinte carrée. Le bâtiment central comprend une plate-forme carrée en terre cuite, quatre bâtiments aux quatre orients, ainsi qu’une chambre circulaire au sommet du deuxième étage : un observatoire astronomique. Des formes circulaires et carrées se succèdent et se superposent symbolisant le ciel et la terre, elles évoquent les deux polarités yin et yang, opposées et indépendantes, qui sans cesse se meuvent et se transforment.

Illustration du Ming-Tang - un complexe de temples pour 13 fêtes traditionnelles à Xi'an
Ming Tang – un complexe de temples pour 13 fêtes traditionnelles à Xi’an

Dans les temps anciens, la Chine était divisée en neuf provinces. Cette division à l’image de neuf carrés est attribuée à Yu le Grand (大禹 dàyǔ 2297-2197 AEC), qui aurait aurait parcouru le monde pour mesurer la Terre à l’aide d’une équerre à branches égales de façon à le diviser en neuf 州 zhōu ou provinces : une province centrale et huit provinces aux quatre points cardinaux et quatre points intermédiaires.

L’Empereur résidait dans la province centrale appelée Royaume du Milieu. Cette dénomination soulignait sa position centrale à la fois géographique et spirituelle. Elle fut ensuite étendue à la Chine entière qui devint l’Empire du Milieu. Le pays représenterait, à l’image de la province centrale, un centre spirituel secondaire par rapport au centre spirituel suprême de la tradition primordiale. Il s’agit d’un reflet de la lumière spirituelle du centre suprême symbolisé par le sinogramme 明 míng. Composé de deux caractères représentant le Soleil (日rì) et la Lune (月 yuè), il dépeint à la fois la lumière directe du centre suprême et la lumière réfléchie du centre secondaire.

Édifiée au milieu de la province centrale, la résidence de l’Empereur reposait sur une base carrée représentative de la terre couverte d’un toit de chaume circulaire symbolisant le ciel et soutenu par huit piliers. Comme le pays, il était orienté selon les points cardinaux et composé de neuf salles dont une centrale. Chaque façade du 明堂 míngtáng était associée à une saison et percée de trois ouvertures en rapport avec les mois de la saison. L’ensemble des douze ouvertures représentait la projection carrée terrestre du Zodiaque circulaire céleste. Le temple constituait une image du cosmos, considéré comme le domaine de la manifestation de la lumière, sous son double aspect spatial (points cardinaux) et temporel (saisons).

Comme le soleil dans son mouvement apparent, l’Empereur effectuait une circumambulation dans le temple en partant du centre pour y retourner à la fin du cycle. Au cours des douze mois de l’année, il se plaçait devant chacune des douze ouvertures pour y promulguer les ordonnances destinées à réguler le pays selon les saisons. D’où, l’appellation de Maison du Calendrier donnée parfois au temple. L’Empereur apparaissait comme le régulateur terrestre de l’ordre céleste. Cela passait par la prise de mesures dans tous les sens du mot. Au sens littéral, il s’agissait de mesurer les salles du temple entourant la salle centrale à l’aide d’équerres. Or, quatre équerres disposées de différentes façons suffisent pour effectuer ces mesures.


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.