Qiu Chuji

丘處機 Qiū Chùjī

Qiu ChuJi, de son nom taoïste Chang Chun c’est à dire le maître du long printemps, est un moine taoïste de la province du Shang Dong. Il vécu de l’an 1148 à 1227.

儒门释户相通, 三教从来一祖风。

Qiu ChuJi fut l’un des sept disciples de Wang Chongyang fondateur de l’une des deux plus grandes écoles du taoïsme, Quan Zhen Dao, basée entre autre sur l’union harmonieuse des trois sagesses chinoises : taoïsme, confucianisme et bouddhisme. Wang Chongyang disait le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme communiquent entre eux, ces trois sagesses proviennent d’un même vent ancêtre et il conseilla de lire ces trois classiques de base :

  • le Livre de la voie et de la vertu, référence du taoïsme,
  • le Classique de la piété filiale pour le confucianisme,
  • le Sutra du cœur pour le bouddhisme.
Wang Chongyang et Bei Qizhen. La personne assise au milieu est Wang Chongyang. Qiu Chuji est le premier à gauche
Wang Chongyang et Bei Qizhen. La personne assise au milieu est Wang Chongyang. Qiu Chuji est le premier à gauche

Reprenant le flambeau de son maître Wang Chongyang, Qiu Chuji était le disciple le plus connu pour plusieurs raisons :

  • Il a rendu accessible le taoïsme au peuple, il a fondé une sous-division de Quan Zhen Dao qui s’appelle 龍門 Lóngmén, la Porte du Dragon, et qui est encore très importante aujourd’hui en Chine et à l’étranger.
  • Il a beaucoup écrit sur le 養生 yǎngshēng, l’art de nourrir la vie et sur le 內膽 nèi dǎn, l’alchimie interne, compilant le savoir des anciens maîtres taoïstes mais aussi en incorporant des concepts confucianistes et bouddhistes dont 长春祖师语录 Zhǎngchūn zǔshī yǔlù,大直指 dà dān zhí zhǐ,磻溪集 pán xī jí,摄生消息论 shès hēng xiāo xí lùn, ainsi que le célèbre roman alchimique et spirituel Notes de Voyages vers l’Ouest, 西游记 xī yóu jì.
  • Il était l’un des responsables du temple taoïste de Beijing: le fameux Temple des Nuages Blancs, 雲觀 bái yún guān.
  • En 1188, il est appelé à la cour des Jin (1115-1234). En Asie centrale, les Mongols établissent leur hégémonie et s’apprêtent à envahir la Chine. Gengis khān (vers 1167-1227) envoie, en 1219, une délégation spéciale pour inviter le Maître à venir le rejoindre. Le voyage du Maître jusqu’aux confins de l’Inde et la fin de sa vie en Chine sont décrits dans un ouvrage intitulé : La Pérégrination en Occident de saint Changchun (Changchun zhenren xiyoulu) dû à son disciple Li Zhichang et publié en 1228. Changchun atteint le campement du grand khān en 1222. Ce dernier le reçoit par ces mots : « Quelle drogue d’immortalité m’apportez-vous ? » Changchun répond : « Je connais des moyens pour protéger la vie, mais pas d’élixir qui puisse la prolonger [au-delà des limites fixées par le Destin]. » Gengis khān respecte cette franchise. Il a plusieurs entretiens avec le Maître. Ce dernier lui enseigne les éléments de la cosmologie chinoise, puis les rudiments de l’hygiène sexuelle. Par ce biais, il introduit la nécessité de pureté et d’abstention en toutes choses et il en profite pour tâcher d’amener le grand khān à adopter une attitude pacifique envers le peuple chinois. Gengis khān paraît avoir beaucoup apprécié les leçons de Changchun et, quand le Maître repart pour la Chine, au printemps de l’année suivante, il le nomme chef des religieux de la Chine entière, par anticipation sur sa conquête et exempta tous ses maîtres d’impôt et de corvée. Don fut fait à Qiu ChuJi d’une partie des jardins impériaux de Beijing et du temple taoïste du Faite suprême, 太觀 tàijí guān, qui s’y trouvait.
  • Alors que Gengis Khan chargeait Qiu Chuji de prendre en charge les sectes taoïstes de tout le pays, Quan Zhen Dao devint extrêmement populaire dans le nord et eut une grande influence politique et économique sur la société. 

À l’automne 1227, Qiu Chuji mourut de maladie. En raison de son rôle particulier dans le développement du Quan Zhen Dao, des salles ont été construites spécialement pour lui dans de nombreux temples taoïstes ultérieurs, tels que le Temple des Nuages Blancs à Pékin .