Quatre saisons

四時 sì shí

Les quatre saisons sont les souffles du ciel se manifestant sur terre avec régularité.

Elles présentent deux grandes caractéristiques.

  • Leur alternance annuelle, témoin de l’ordre naturel, régulier et fiable, qui émane du ciel. Rien ne peut vivre ou survivre en dehors de cet ordre. Elles sont donc le modèle absolu des cycles de succession, des phases par lesquelles tout phénomène et tout être passe pour dérouler son existence, la continuer, l’entretenir, la mener à terme.
  • La différenciation de leurs souffles. Chaque saison est un souffle distinct, une modulation particulière du yin~yang. Au long de l’année, souffle le froid, puis le réchauffement, suivi de la chaleur puis du refroidissement, qui mène à nouveau au froid … Quatre images primordiales du souffle de vie. Les saisons sont constantes dans leur alternance et leurs grandes caractéristiques, mais jamais identiques.

變化 biàn huà

Le monde naturel, animaux et végétaux, se transforme au fil des souffles changeant des saisons. Les quatre saisons sont toutes les variations de la vie; elles organisent de façon exemplaire les changements (變 biàn) et transformations (化 huà) des êtres au sein du ciel~terre.

L’être humain doit prendre conscience de la qualité des moments pour régler sa conduite. Il devrait penser, sentir, agir et réagir en fonction des souffles du moment et non pas de son désir ou de ses idées. C’est l’adéquation au moment qui donne sa valeur à une action, une pensée, une attitude, une décision… Car chaque moment est un souffle particulier et l’ignorer est contrevenir à l’ordre naturel, au rythme intrinsèque à toute vie, à l’intérieur comme à l’extérieur de soi.

Dire qu’un moment est un souffle qualifié, c’est dire qu’il est qualifié pour une certaine sorte d’action ou d’intention, et non pour une autre. En réglant ses dispositions intérieures, son vouloir, en fonction de la saison, on règle aussi ses activités, puisqu’on ne désire et ne veut faire que ce que commande la saison, le moment. On participe ainsi pleinement au mouvement de la vie du ciel~terre.

La vie n’existe pas sans des phases, un cours régulier, régulé, fait d’alternance, qui sont des alternances de souffles, l’un devenant l’autre, comme le souffle tiède du printemps devient la chaleur de l’été et comme le souffle de l’été, ayant atteint l’apogée du yang, devient la montée du yin automnal, marqué par le refroidissement, etc.

Quatre temps rythment chaque vie, du début à la fin : les êtres apparaissent, croissent, déclinent et disparaissent, puis tout se renouvelle. Quatre temps rythment les périodes de la vie, selon ce même modèle de l’aube à midi et du soir à la nuit, par exemple, pour chaque journée.

Savoir apprécier le moment permet de conduire sa vie selon l’ordre naturel. Cela permet aussi d’intervenir au bon moment dans un traitement. On attend le moment opportun. Par exemple, on attend que la maladie, qui passe aussi par ses phases d’évolution, ses saisons, entre dans une phase de déclin; ou encore on attend que le moment de la journée, ou d’une période de temps donnée, soit favorable par rapport à la nature de la maladie.

On regarde si la vitalité du patient est en accord avec la qualité des souffles du moment; son pouls doit être «de saison». Il varie normalement d’une saison à l’autre. En cas de pathologie, on regarde si les souffles responsables de la maladie sont dans leur saison (comme le froid en hiver), ou non. On regarde si l’évolution de la maladie se fait selon les saisons, c’est-à-dire la succession normale de ses phases, ou non. On tient compte aussi des variations que présentent les saisons selon les années; si leur souffles arrivent en avance (par ex. hiver précoce) ou en retard (par ex. printemps tardif). On comprend alors mieux la situation, ce qui l’a causée et ce qu’elle réclame comme traitement.

Les quatre saisons furent associées aux cinq éléments : le souffle du printemps est l’expression dans le temps du souffle du bois, celui de l’été est lié au feu, celui de l’automne au métal et celui de l’hiver à l’eau. Le cinquième élément, la terre, est associé à une qualité du temps, et non à une véritable saison.