Temple du ciel

天壇 tiān tán

壇 tiān tán porte un nom assez évocateur : dédié au monde céleste tel que le concevait les Chinois à l’époque impériale, il reste un trésor architectural sur la cosmogonie chinoise.

Hall des prières pour la récolte
Hall des prières pour la récolte

Localisation

Situé au sud de Pékin, au sein de la Ville Chinoise, le temple du ciel, depuis sa création, et jusqu’à son ouverture au public en 1918, était consacré aux cérémonies de sacrifices, indispensables afin de témoigner son respect à l’empereur, fils du ciel et garant de l’autorité terrestre.

L’empereur avait coutume de se rendre au temple le 8e jour du premier mois lunaire chaque année, afin de prier le ciel d’accorder de bonnes récoltes. Des réunions de hauts dignitaires pouvaient s’y tenir également.

On a tendance à décrire le Temple du Ciel comme taoïste, même si le culte qui y était célébré était plus ancien que cette religion purement chinoise. Aujourd’hui, le monument est dans la liste très officielle du patrimoine mondial de l’UNESCO, en partie grâce à sa valeur symbolique liée à la cosmogonie chinoise.

Le temple du Ciel est particulièrement précieux car il est évocateur des croyances chinoises sous les dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911).

Architecture

Contenu dans un grand parc de 270 hectares, la délimitation du complexe contient des portes à chaque point cardinal.

Les extrémités au nord sont arrondies, celles du sud droites, ce qui fait que la forme globale du site n’est pas totalement carrée : on retrouve ici un symbole simple d’un ciel rond sur une terre carrée.

Contrairement à ce que son nom indique, il ne s’agit pas d’un seul bâtiment mais de plusieurs, reliés entre eux par une chaussée de 360 mètres de longueur appelée «La Voie Sacrée».

L’architecture des bâtiments du complexe se base sur une symbolique terre~ciel, qui elle même fait référence à la relation entre le monde humain et le monde céleste :

  • enceintes carrées avec des tuiles de couleur verte qui symbolisent la terre,
  • bâtiments ronds avec des tuiles de couleur bleue qui symbolisent le ciel.

祈年殿 qí nián diàn

La Salle des prières pour la récolte est un pavillon en forme de rotonde, haut de 38 mètres pour un rayon de 18 mètres, au nord du complexe. Construite en 1420, elle est entourée par trois cercles concentriques joints par des escaliers en marbre. Elle était visitée annuellement par l’empereur lors des cérémonies consacrées au ciel pour une récolte abondante.

Extérieur du hall des prières pour la récolte
Extérieur du hall des prières pour la récolte

Sa structure se divise en trois terrasses circulaires et concentriques successives. Le bâtiment est lui aussi circulaire et comporte trois toitures superposées en tuiles bleues émaillées. A l’origine, chacune avait une couleur différente : du haut vers le bas, bleu pour le ciel, jaune pour l’empereur et vert pour le peuple. En 1752, l’Empereur Qianlong fit unifier la couleur des trois toitures.

Fait en bois massif, l’intérieur est généreusement décoré et très coloré. On compte 28 piliers en bois. La première couronne de 12 piliers représente les 12 mois de l’année, la seconde de 12 les 12 heures doubles du jour, alors que les 4 du centre symbolisent les 4 saisons.

Le Hall est placé sur une enceinte carrée : la référence est une nouvelle fois claire, le ciel, circulaire, est au dessus de la terre, carrée.

皇穹宇 huáng qióng yǔ

La Demeure du seigneur du ciel
La Demeure du seigneur du ciel

La Demeure du seigneur du ciel est un pavillon en forme de rotonde construit sur un tertre de marbre. Il s’agit du lieu où étaient conservés les autels non utilisés.

齋宮 zhāi gōng

Salle de l'abstinence
Salle de l’abstinence

La Salle de l’abstinence est située dans la partie ouest du complexe. L’Empereur devait y jeûner trois jours avant de procéder au sacrifice.

圜丘壇 huán qiū tán

L’Autel du ciel est un espace ressemblant à la terrasse de la Salle des prières pour la récolte puisqu’il compte trois terrasses circulaires superposées lui aussi. Mais il n’a pas de bâtiment en rotonde. Il est bien sûr placé sur une enceinte carrée afin de rappeler la symbolique du ciel au dessus du monde terrestre. Il est situé sur le même axe que la Salle des Prières mais au sud du complexe.

Le chiffre neuf y est particulièrement présent : au centre la 3e terrasse se trouve la pierre du coeur du Ciel. Elle est entourée de 9 cercles, le premier contenant 9 dalles, le second 18, et le 9e et dernier en contenant 81.

Les deux autres terrasses ont également neuf cercles, et sont séparées l’une de l’autre par neuf marches. Au total, il y a 3402 dalles de marbres soit 378×9…

Le chiffe 9 est impair et donc yang. Le yang, selon la pensée traditionnelle chinoise, est la polarité du céleste, et 9 est le plus élevé de tous les chiffres yang, à l’image du Ciel par rapport au monde humain. C’est également le chiffre de l’empereur.

Histoire

Construit durant le règne de l’Empereur Yongle (aussi à l’origine de la Cité Interdite), entre 1406 à 1420, l’endroit était initialement appelé Monument du Ciel et de la Terre, mais en 1530, avec la construction du Temple de la Terre au nord de Pékin, son nom devient simplement Temple du Ciel.

L’endroit fût agrandit et renommé Temple du Ciel sous le règne de l’Empereur Jiajing au XVIe siècle, car ce dernier avait fait construire 3 autres temples : le Temple du Soleil à l’est, le Temple de la Terre au nord, le Temple de la lune à l’ouest.

Au XVIIe, l’Empereur Qianlong l’a fait rénover. En 1890, la Salle des Prières fût rebâtie après avoir été victime de la foudre l’année précédente.

En 1911, le gouvernement a interdit les cérémonies sacrificielles dédiées au Ciel qui y étaient traditionnellement célébrées, et l’endroit fût ouvert au public en 1918. Il a donc logiquement perdu de sa valeur rituelle et religieuse pour devenir essentiellement un lieu touristique. En vue des JO 2008, une rénovation a été entreprise de 2005 à 2006.

Depuis janvier 2008, le Temple du Ciel s’est jumelé avec le château de Chambord en France, créant ainsi le premier échange de ce type entre des monuments français et chinois.

Dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998 :

  • Il s’agit d’un chef d’oeuvre architecturale et paysagiste qui illustre parfaitement et simplement une des bases de la cosmogonie chinoise.
  • L’organisation structurelle du Temple et la disposition symbolique des bâtiments ont exercé une grande influence pendant plusieurs siècles sur l’architecture en Extrême Orient.
  • La création de ce complexe et sa disposition était un symbole fort de ce qui faisait la légitimité des dynasties ayant gouverné la Chine pendant son histoire impériale.

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