五音 wǔ yīn
La musique est le mouvement du cœur. La musique est la fleur de la vertu. Ciel et terre ensemble résonnent, voilà l’harmonie du ciel et de la terre.
Confucius, Mémorial des rites (Liji)
宫 gōng, 商 shāng, 角 jué, 徵 zhǐ, 羽 yǔ, trouvent leur origine dans la période des printemps et automnes (春秋 chūnqiū), ce sont les cinq échelles de base de la musique ancienne chinoise, qui sont équivalentes à Do, Re, Mi, Sol, La.
En plus de leur usage en musique, les cinq notes sont utilisées pour rendre compte de l’harmonie ou des discordances qui règnent dans la société; elles représentent ce qui émanent d’une situation, d’une personne, d’une ville ou d’un pays et donnent à percevoir quelque chose de la réalité profonde de leurs souffles. Par le système des corrélations analogiques, on associe chacune des cinq notes à l’un des cinq éléments. À travers cette association, comme sans doute par d’antiques relations, chaque note représente une partie de la société.
Gong | Le prince | 宮 | gōng | Terre | tǔ 土 |
Shang | Le ministre | 商 | shāng | Métal | jīn 金 |
Jue | Le peuple | 角 | jué | Bois | mù 木 |
Zhi | Les travaux | 徵 | zhi | Feu | huǒ 火 |
Yu | Les ressources | 羽 | yǔ | Eau | shuǐ 水 |
Les enseignements corrects ont tous leur principe dans les sons musicaux ; quand les sons musicaux sont corrects, la conduite des hommes est correcte. Les sons et la musique sont ce qui agite et ébranle les artères et les veines ; ce qui traverse et parcourt les esprits vitaux et ce qui donne au cœur l’harmonie et la correction.
Shiji, Mémoires historiques, traduction Chavannes
Si le prince ne se conduit pas parfaitement, par exemple s’il est trop arrogant, cela génère dans la société un désordre qui sera perçu comme la note gong sonnant faux. Si le peuple est chagrin, la note jue sonne faux. Il faut bien sûr l’oreille d’un sage pour percevoir ces subtiles vibrations qui se manifestent par toutes sortes de moyens allant de la chansonnette à l’émeute, de l’ardeur au travail à la mine des gens.
作立五行 zuò lì wǔ xíng
Dans les temps anciens, Huangdi l’Empereur Jaune, afin d’accorder les cinq cloches, établit les cinq notes de musique en soufflant fort ou doucement. Il nomma ainsi les cinq cloches : la première fut appelée ‘cloche verte’ au ‘grand son’, la seconde ‘cloche rouge’ au ‘son solennel’, la troisième ‘cloche jaune’, ‘dispersant la lumière’, la quatrième ‘cloche blanche’ ‘aveuglante dans sa brillance’, la cinquième ‘cloche noire’ ‘rassurante dans sa constance’.Les cinq notes étant accordées, il établit ensuite les cinq phases afin de réguler les saisons du ciel et les cinq bureaux afin de réguler les positions de l’homme.
Chapitre 41 du Guanzi
人与天调, rén yǔ tiān diào
L’homme et le ciel étant en harmonie le meilleur du ciel et de la terre fut produit.
Chapitre 41 du Guanzi
Le médecin écoute et apprécie les sons qui sortent du patient, dans leur intensité et dans leur modalité; sa voix, sa respiration, la toux, les éructations et renvois, les cris et les pleurs … lui fournissent des indications sur l’état des organes à l’interne. Les cinq notes lui permettent aussi de classer les grands types de caractères humains.
À cause de la solidarité qui unit les notes aux organes, le thérapeute peut aussi utiliser des sons exprimant la note pour influencer les organes et les rétablir dans une meilleure harmonie.
- Se-ma Ts’ien, Les Classiques des sciences sociales
- L’ouvrage d’Édouard Chavannes, traduction et annotation du Shiji ( 史記 ), est disponible sous le titre Mémoires historiques.