Harmonie intérieure et harmonie du monde
泠風則小和,飄風則大和
Un vent léger, c’est la petite harmonie; une bourrasque, c’est la grande harmonie.
La santé est un équilibre qui procure l’harmonie (和平 hé píng). Ce n’est pas un état, c’est un mouvement, une succession de changements, de mutations. L’harmonie (和 hé) est propre à chaque individu et se module selon l’âge, les saisons et les circonstances. Ce qui implique un équilibre (平 hé pín) constamment renouvelé de ce qui entretient la vie, une harmonie entre toutes les activités physiques et psychiques en soi, comme une harmonie de l’individu avec tout ce qui lui est extérieur, depuis son environnement jusqu’à l’ensemble du cosmos. Quand tous les éléments qui composent un être sont bien équilibrés et proportionnés, chacun à sa place, ils s’entendent correctement les uns avec les autres, se règlent l’un sur l’autre, s’accommodent naturellement. Ils forment ainsi un ensemble dont toutes les parties sont parfaitement intégrées, en ordre et en concorde. Cette composition qui fonde l’unité d’un être et son union avec son environnement naturel et cosmique est l’harmonie.
Le monde naturel est en lui-même beauté, car rien n’interfère dans le déroulement parfait de son ordre; les irrégularités d’entachent pas la beauté, elles en font partie.
天地有大美而不言,四時有明法而不議,萬物有成理而不說。聖人者,原天地之美而達萬物之理。是故至人無為,大聖不作,觀於天地之謂也。
Le Ciel-Terre, qui possède la suprême beauté, n’en parle pas; les quatre saisons, qui procèdent selon des lois claires, n’en discutent pas; les Dix mille êtres s’accomplissent selon des principes constitutifs (理 lǐ), mais ils ne les exposent pas.Le Sage est celui qui remonte à la source de la beauté du Ciel-Terre et qui pénètre les principes constitutifs (理 lǐ) des Dix mille êtres. Ainsi l’homme parfait est sans agir (無為 wú wéi), le grand sage ne s’active pas ; c’est qu’ils contemplent (觀 guān) le Ciel-Terre.
La beauté est l’harmonie, c’est-à-dire quand chacun est dans le plein épanouissement de sa vie telle qu’elle doit être naturellement et non pas selon une idée personnelle ou un désir propre. Un arbre est beau non pas parce qu’il correspond à l’un ou l’autre critère humain d’une beauté définie par une école ou un groupe d’individus ; il est beau parce qu’il reçoit suffisamment de ce qui nourrit sa nature d’arbre, qu’il pousse en utilisant toutes ces ressources, et condition du terrain et des circonstances. Il peut présenter des formes différentes, sa beauté vient toujours de la conformité à l’organisation vitale sous-jacente à toute forme de vie.
La beauté est la beauté des choses naturelles, comme elles sont naturellement. Un corps sain est beau et il s’intègre parfaitement et aisément dans son environnement, il se meut avec grâce car l’esprit n’a pas de gêne, ses mouvements sont beaux car ils sont justes, une justesse non pas calculée mais spontanée, qui vient du cœur. Un corps beau de formes, mais habité par un esprit malsain st tord physiquement, se déforme car il ne sait pas s’entretenir; l’ex-pression du visage n’est pas bonne; la vie ne s’entretient pas bien et cela se voit dans le corps; il bouge mal et sans élégance, même si ses gestes sont précis et exacts.