Les mouvements de la sacro-iliaque
Nous avons ici deux problématiques possibles pouvant générer nos messages nociceptifs :
- un mouvement dysfonctionnel martèle sans cesse une de nos trois structures ;
- le sacrum ou l’iliaque devient prisonnier d’une position embarrassante, appliquant une constante tension sur l’un de des trois agents provocateurs.
Ces mouvements sont :
- l’antéversion/rétroversion, c’est-à-dire la rotation horizontale vers l’avant ou l’arrière, où l’iliopsoas et le droit fémoral s’opposent au grand fessier et aux ischios en utilisant le bassin comme une poulie ;
- l’inversion/éversion, où il y a adduction de l’aile de l’iliaque accompagnée d’une abduction de l’ischion lors de l’inversion pour démontrer le contraire en éversion.
- la rotation verticale médiale/latérale où, lors de la rotation médiale, l’épine iliaque antéro-supérieure se rapproche de la ligne longitudinale. Au même moment, la postéro-supérieure s’éloigne pour effectuer l’opposé lors d’une rotation latérale. La rotation latérale compresse l’articulation sacro-iliaque alors que la médiale la décompresse ;
- l’élévation/abaissement, où il y a translation supérieure de l’iliaque sur le sacrum. Ce glissement non naturel résulte habituellement d’un trauma.
En théorie, lorsque ces mouvements sont isolés, c’est simple; mais en pratique, ceux-ci viennent habituellement en meute. L’antéversion se combine à l’éversion et la rotation latérale, alors que la rétroversion s’unit avec l’inversion et la rotation médiale.
De plus, le corps compense naturellement tout mouvement dans une direction par un autre dans la direction opposée. Il est donc commun d’avoir une iliaque en antéversion accompagnée de l’autre en rétroversion. Souvenons-nous également que le bassin n’est pas qu’un seul morceau : tout mouvement irritant la sacro-iliaque applique généralement un stress similaire à la symphyse pubienne.
Mouvements du bassin et des hanches
D’autre part, notons que tout mouvement de la hanche influence directement l’iliaque. Par exemple, une rotation externe de la tête fémorale rapproche les ischions, favorisant une rotation verticale latérale, alors que la rotation interne prédispose la rotation verticale médiale. Une flexion lancera l’iliaque en rétroversion; une extension, en antéversion.
Puisque les mouvements de l’iliaque sont généralement indissociables, nous pouvons affirmer, par exemple, qu’une hanche en rotation externe invite une antéversion de l’iliaque. Des genoux varum/valgum peuvent donc mener à des douleurs à la sacro-iliaque, en passant par la jambe trop courte, de même que toute affectation de la cheville ou de l’arche plantaire. Les problèmes de bassin deviennent ainsi de beaux casse-têtes.
Stabilisation pelvienne
Bien que le bassin soit ficelé comme un saucisson par un complexe ligamentaire important, un ratio non négligeable de sa stabilité provient de l’action musculaire. Nous pouvons dénombrer quatre sangles stabilisatrices :
- Longitudinalement, les érecteurs du rachis, particulièrement les multifides, sont continus avec le fascia thoraco-lombaire et les ligaments qu’ils recouvrent. Ils emploient ensuite le ligament sacro-tubéral et le biceps fémoral pour stabiliser le bassin contre la nutation/contre-nutation;
- Postérieurement, le biceps fémoral, le grand fessier et le grand dorsal controlatéral (du côté opposé) agiront synergiquement en diagonale afin de solidifier la ceinture pelvienne contre les forces de rotation et de torsion. En présence de dysfonction du grand fessier, le piriforme prendra la relève afin de latéralement barrer le sacrum;
- Antérieurement, les obliques internes et externes controlatéraux s’uniront au transverse de l’abdomen afin d’apporter un support additionnel diagonal à la sangle précédente;
- Latéralement, les adducteurs, les abducteurs et le carré des lombes résisteront aux forces latérales, en plus de coordonner la latéroflexion pelvienne.
Ainsi, une affectation à l’une de ces structures fragilisera l’ensemble de la ceinture pelvienne. Puis, le corps sacrifiant toujours le mouvement pour la stabilité, les compensations déployées instaureront les premiers pas d’une éventuelle problématique.
Sacro-iliaque et L5
On vante fréquemment L5 comme étant la vertèbre la plus délinquante; une Atlas qui supporte le monde sur ses épaules. Cependant, la jonction lombosacrée est bien plus qu’une question de répartition de poids. Nous pouvons y ajouter trois variables génératrices de problèmes.
- Le plateau sacré sur lequel repose L5 n’est pas nivelé. Penché vers l’avant, il incite L5 à naturellement glisser en antérieur et se laisser aller en flexion. Pour une vertèbre qui endure soi-disant le poids du corps, son point d’appui se veut plutôt médiocre.
- L5 est une indépendante qui boude le sacrum. Il y a donc cisaillement entre le deux. Si le bassin pivote dans une direction, L5 se tournera dans la direction opposée. Par exemple, lorsque vous faites un pas avec la jambe gauche, le bassin fera face vers la droite et L5, la gauche. Par conséquent, une problématique affectant la fluidité et l’efficacité des forces rotationnelles à l’un partagera sa mauvaise humeur à l’autre. Comme la ceinture pelvienne subit énormément de forces rotationnelles, un cisaillement bien huilé évite bien des problèmes.
- Le ligament iliolombaire garantit un lien direct entre l’iliaque et L4-L5, permettant une influence d’une structure à l’autre.
Les jeux des forces
Jeu des forces venant du haut
Le sacrum a une certaine mobilité, le promontoire et le plateau sacré sont un peu inclinés en avant, le corps de la cinquième vertèbre lombaire et le disque entre cette vertèbre et la première sacrée sont un peu moins haut en arrière qu’en avant.
Le poids du corps arrivant sur L5 se décompose en 2 forces :
- L’une qui tend à faire glisser la L5 en avant
- L’autre qui l’applique sur le plateau sacré entraînant une bascule en arrière par rapport aux os iliaques.
Si le plateau sacré est très incliné, la force de glissement peut devenir très importante. La vertèbre est davantage retenue par la butée des apophyses articulaires en arrière.
En position debout, par le jeu de ces forces, l’ouverture supérieure du bassin, du promontoire au pubis, diminue. Par contre l’ouverture inférieure, de la pointe du sacrum au pubis, augmente. Dans cette position le sacrum maintient moins fortement l’écartement des ailes iliaques qui se rapprochent.
En position couchée, la contrainte s’exerce en sens inverse. C’est la nutation, le détroit supérieur est diminué d’avant en arrière. Les 2 diamètres du détroit inférieur s’agrandissent.
Jeu des forces venant du bas
Les relations entre l’articulation coxo-fémorale et la sacro-iliaque.
Réciproquement le mouvement des os iliaques a une action sur le sacrum.
Dans la position debout les effets de la réaction du sol contre le rebord du cotyle provoquent une contrainte en sens inverse de l’os iliaque sur le sacrum qui a tendance à accentuer le mouvement du promontoire vers l’avant. C’est le cas dans les sauts par exemple, la réaction du sol est très forte. En position assise classique sur une chaise, cette réaction ne joue pas, les ischions étant directement posés.
Les efforts sur le rebord du cotyle sont également très grands dans tous les mouvements de flexion du bassin sur le fémur, dans le passage de la position allongée à la position assise.
Dans les mouvements qui requièrent une flexion-extension des cuisses sur le bassin, il est nécessaire de stabiliser le bassin, sinon la sacro-iliaque va connaître des mouvements de friction tout à fait dommageables. De même une conscience des mouvements de la jonction L5-S1 permettra une stabilité du jeu entre le bassin et la colonne lombaire.