丹 dān
Nous tenons le mot « cinabre » des Grecs (κιννάβαρι) et des Latins (cinnabaris), qui le tiennent eux-mêmes des Perses (zanjifrah). Le cinabre a probablement été utilisé, comme le vermillon, très tôt en Grèce, en Égypte, en Inde et en Chine (vermillon de Chine), puis à l’époque romaine, comme en attestent les fresques de Pompéi.
Le cinabre a été fort connu des anciens, et leurs femmes l’avaient adopté comme un des principaux ingrédients de leur toilette : elles s’en peignaient les lèvres. Les plus anciens triomphateurs s’en barbouillaient tout le corps à leur entrée dans Rome.
Le cinabre est un deuto-sulfure de mercure (combinaison à deux degrés du soufre avec ce métal). On le rencontre quelquefois en masses assez puissantes dans la nature, principalement les variétés granularia et compacta, qui accompagnent presque constamment le mercure natif. Les principaux gisements connus de cinabre sont en Europe ceux d’Almaden d’Espagne, d’Idria dans le Frioul, et du Palatinat sur les bords du Rhin. Au rapport des missionnaires, il y en a aussi de fort nombreux à la Chine, et c’est de cette contrée que nous était apporté de temps immémorial le cinabre naturel le plus pur, tant en masses, que pulvérisé sous le nom de vermillon de la Chine.
Le cinabre est le minerai de mercure le plus répandu et le plus exploité. Lors des derniers millénaires, le cinabre présent dans les gisements a été utilisé soit comme pigment, après extraction dans une veine pure, soit pour en extraire le mercure par décomposition thermique. Parfois même le mercure coule des zones de réduction superficielle des gisements de cinabre.
Le vermillon, de même formule chimique que le cinabre, est un pigment minéral artificiel produit par synthèse, favorisé par un milieu alcalin.
內丹 nèi dān
Ayant pris très tôt pour objectif principal la création de pilules de longue vie, l’alchimie taoïste est pratiquée en Chine dès les Han occidentaux par des membres des courants philosophiques chinois qui constitueront le taoïsme, en même temps que d’autres techniques à but similaire : médecine, gymnastique daoyin, respiration, pratiques sexuelles ou méditations. Elle fournit à cette pratique une grande partie de son langage métaphorique et au moins 1/5 des textes du Canon taoïste en traitent spécifiquement.
Les techniques de l’or et du cinabre (金丹術 jīn dān shù), est l’appellation la plus répandue de l’alchimie externe.
S’éloignant de l’expérimentation proto-chimique pour se concentrer sur la reproduction symbolique des évolutions cosmologiques, le corps humain remplace progressivement le creuset, et ses composantes [souffle (氣 qì), essence (精 jīng), esprit (神 shén), …] prennent la place des matières premières.
L’alchimie externe (外丹 wài dān) et ses élixirs souvent toxiques cèdent la place à l’alchimie interne (内丹 nèi dān) qui domine dès la fin des Tang.