中醫 zhōng Yī
Lorsque les cinq organes yin et les six organes yang sont malades, c’est comme s’il y avait une épine, de la saleté, un nœud ou un blocage. Même si l’épine est là depuis longtemps, on peut réussir à l’ôter. Même si la saleté est là depuis longtemps, on peut réussir à l’enlever. Même si le nœud est là depuis longtemps, on peut réussir à le défaire. Même si le blocage est là depuis longtemps, on peut réussir à le lever. [Ceux qui] disent que les maladies anciennes ne peuvent disparaître ne savent pas de quoi ils parlent. Ceux [qui] utilisent des aiguilles doivent rechercher [la cause de] la maladie. Alors on va pouvoir enlever l’épine, nettoyer la saleté, défaire le nœud et lever le blocage. Même si une maladie est ancienne, on peut l’arrêter. Ceux qui prétendent que [ces situations] ne peuvent pas se traiter n’ont pas encore atteint leurs capacités.
– Classique interne, L’Axe spirituel, Chapitre 1
Les origines
Les classiques
黄帝内经 Huángdì nèijīng
Le classique interne de l’Empereur Jaune est le plus ancien ouvrage de médecine chinoise traditionnelle. Il se compose de 19 chapitres subdivisés en deux parties : le 素問 Sùwèn et le Traité d’acupuncture. Cette deuxième partie sera ultérieurement rebaptisée 靈樞 Língshū .
Dans ce texte, probablement rassemblé, révisé et commenté par de nombreux érudits sur une période de 500 ans, entre approximativement 100 AEC. et 400 EC, on trouve la description d’un véritable système physiologique. Le corps y est perçu comme système unifié par un réseau de méridiens. Dans cette optique, les méridiens sont vus comme des voies distinctes reliant les organes entre eux et des processus spécifiques grâce auxquels le corps interagit avec l’environnement, pris au sens large.
Ainsi, très tôt, les théoriciens de la médecine chinoise se sont efforcés de comprendre la relation qu’il y avait entre microcosme et macrocosme, entre le corps humain et son environnement.
Dans le Classique interne, il est décrit trois concepts fondamentaux qui constituent les piliers de la médecine:
- La théorie du yin~yang et des cinq éléments représente le langage de base de la médecine traditionnelle chinoise.
- La théorie des organes catégorise la physiologie et la pathologie, elle est surtout essentielle pour l’élaboration du traitement.
- La théorie des méridiens décrit le réseau qui permet aux autres théories de prendre vie. Elle intègre les organes internes et relie le corps au monde au sens large.
C’est une coutume typiquement chinoise que de voir ces trois concepts fondamentaux comme interdépendants ; chacun aide et influence les autres. En raison de l’influence du Classique interne, les concepts de yin-yang et des cinq éléments sont devenus le langage fondamental du discours médical en Chine.
Le taoïsme
Dans la conception classique de la philosophie chinoise du 道 dào, l’homme situé entre terre et ciel fait partie intégrante de la nature et ne peut s’en dissocier sans rompre un équilibre permettant sa présence. Or, cette nature fait elle-même partie de l’univers qui est la manifestation du dào. Les innombrables activités humaines, terrestres et célestes dépendent donc de cette unité primordiale.
En médecine chinoise classique ce principe d’unité est fondamental, il représente l’homme uni à son environnement direct ou indirect, mais également dépendant de cet environnement. Le but essentiel de cette médecine est de maintenir l’homme dans cette unité ou de favoriser son retour dans celle-ci.
La tradition
Le taoïsme est une métaphysique. La métaphysique procède de ce qu’on pourrait appeler l’intuition, de la vision profonde. L’intuition et l’expérience intérieure jouent le premier rôle dans la démarche du praticien de MTC.
En MTC, les oreilles sont l’ouverture du rein et l’énergie du rein a un lien direct avec la mémoire, elle est aussi sous la dépendance de l’esprit, du 神 shén. L’énergie de la rate a une relation directe avec la concentration, mais elle est en même temps la gare de triage des informations. Les yeux sont l’ouverture du foie, et le foie est le logis de l’âme spirituelle 魂 hún. Lorsque nous lisons un texte, un texte qui vous ramène à l’essence même d’un concept, qui est en adéquation avec notre ressenti le plus profond, nous nourrissons le hún.
Un enseignement complet doit donc procéder de l’oralité, mais aussi avoir un support écrit pour nous permettre à loisir de méditer dessus.
Une thérapie holistique
La thérapie holistique désigne des méthodes qui se fondent sur la notion d’un soin apporté en tenant compte de la globalité de l’être humain : physique, émotionnel, mental et spirituel. La vision holistique de la MTC repose sur les organes, les souffles, les méridiens.
Les organes
Les foie, cœur, rate, poumon et rein ne sont pas considérés en tant qu’organe physique, mais pour les souffles qui sous-tendent le fonctionnement de ces organes. La médecine chinoise est avant tout une médecine énergétique. Ces cinq organes ne peuvent fonctionner indépendamment l’un de l’autre, des cycles spécifiques les relient entre eux et tout l’art du diagnostic est de découvrir celui qui a été déséquilibré en premier. Cette médecine ce caractérise par la capacité de pouvoir relier l’apparition d’un symptôme ou d’une maladie obligatoirement à un de ces cinq organes, que ce soit un symptôme physique, mental ou émotionnel. Il n’y a pas de symptômes orphelins.
La médecine chinoise consiste non pas à traiter la cime de la maladie, le symptôme, mais la cause profonde. Le symptôme disparaîtra alors de lui-même, n’ayant plus de raison d’être.
Les souffles
Le Qi est la substance matérielle primordiale ou, tout simplement, l’essence qui, par l’impulsion de son énergie, permet aux « choses » animées ou inanimées (shi wu) et aux organismes vivants du monde d’exister et de se développer sous les formes dans lesquelles ils se matérialisent. Tout corps organique ne vit que par l’accumulation, la concentration ou la densification du Qi. Dès que le Qi s’affaiblit et, perdant sa concentration, se dissipe, se disperse et disparaît, les corps organiques qu’il anime dépérissent et meurent.
Hiria Ottino in Dictionnaire de médecine chinoise
先天之氣 xiāntiān zhī qì
On appelle ciel antérieur (先天 xiān tiān) en MTC ce qui précède la conception, ce qui précède la naissance.
Le souffle inné (真氣 zhēn qì), qui représente la part subtile des souffles du ciel antérieur à la naissance et qui provient des ascendants. Elle résulte de la fusion du souffle originel (原氣 yuán qì), et du souffle essentiel (宗氣 zōng qì). Il est présent dans la totalité de l’organisme et parcourt l’ensemble des méridiens.
後天之氣 hòutiān zhī qì
On appelle ciel postérieur (後天 hòu tiān) ce qui est de l’ordre du matériel, du manifesté, d’après la naissance.
Les souffles acquis (正氣 zhèng qì), qui regroupent deux aspects différents du souffle et représentent la part manifestée à la naissance. Le premier aspect concerne l’énergie nourricière (營氣 yíng qì) qui va circuler dans l’ensemble du corps et dans les méridiens. Le second concerne l’énergie défensive (衛氣 wèi qì) qui va circuler en dehors des méridiens, dans les tissus organiques.
Il existe, au sein du corps humain, un système de production énergétique appelé, le Triple réchauffeur. Son rôle est de réguler la circulation du souffle de synthèse (宗氣 zōng qì) dans nos organismes, et d’assurer l’assimilation et la transformation des substances essentielles : l’air inspiré ( 清氣 qīng qì) et les aliments ingérés (谷氣 gǔ qì). Ce processus alchimique interne, produit un ensemble d’énergies acquises, qui sont du plus épuré au moins épuré : 精氣 jīng qì, 營氣 yíng qì et 衛氣 wèi qì .
Lorsque 正氣 zhèng qì représente l’ensemble des qì physiologiques permettant le bon fonctionnement du corps, c’est alors un synonyme de 真氣 zhēn qì, le qì véritable. 真氣 zhēn qì et 正氣 zhèng qì représentent les deux faces du même souffle primordial, le 氣 qì .
Si mit bout à bout, vous ne respirez pas en pleine conscience tout au long de la journée deux à trois cents fois, toutes les autres pratiques ne servent quasiment à rien.
Pr Leung Kok Yuen cité in La médecine traditionnelle chinoise pour les Nuls
Les méridiens
Dans notre corps, le souffle circule à la fois en surface, mais également en profondeur, par l’intermédiaire des différents méridiens, reliant la matière, les organes et influant sur la partie physiologique et psychique de l’être humain. Un blocage, un traumatisme ou un manque d’harmonie dans sa circulation créera des déséquilibres externes et internes.
- La théorie des méridiens
- Le système des méridiens
- La classification des méridiens
- Le cycle circadien
- Les points d’acupuncture
Les concepts
Le yin~yang et les cinq éléments décrivent des façons de catégoriser le 氣 qì. Le qì est le mouvement premier, l’étincelle, non seulement de la vie mais aussi du mouvement de l’univers. Mais le qì est aussi une substance ou, plus précisément, c’est le potentiel de changement qui est dans la substance physique.
La théorie du yin~yang concerne généralement l’analyse des divers aspects d’une substance ou d’un état alors que les cinq éléments approfondissent à la fois la catégorisation et l’unification à l’intérieur d’un tout.
En général, on utilise la théorie du yin~yang pour analyser la nature d’une substance ou d’un état alors que les cinq éléments définissent les concepts à l’intérieur d’un tout unifié. Contrairement aux définitions précises de la science moderne, ces structures théoriques sont malléables et peuvent ainsi s’appliquer à des domaines divers. De plus, la terminologie peut prendre différents sens dans différents contextes, en fonction du « tout unifié » que l’on considère.
La théorie du yin~yang et des cinq éléments nous aide aussi à donner corps à la théorie sur les méridiens. Chacun des douze méridiens a une nature yin~yang et appartient à une catégorie des cinq éléments qui guident la compréhension et le traitement.
La pratique
La médecine traditionnelle chinoise s’appuie en pratique sur des éléments thérapeutiques primordiaux :
- la pharmacopée chinoise comprenant la phytothérapie, les minéraux les substances animales;
- l’acupuncture et la moxibustion;
- la diététique;
- le massage traditionnel chinois;
- Le qi gong;
- la gestion des émotions.