Continuité

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Antoine Laurent Lavoisier
Dessin animée d'une sinusoide
La sinusoïde est la trajectoire d’un mouvement composé d’un mouvement sinusoïdal, c’est-à-dire le projeté sur une droite d’un mouvement circulaire uniforme, et d’un mouvement de translation uniforme

La sinusoïde représente la loi de continuité et de transformation : tout est, naturellement, en mouvement.

La vie ne périt jamais, ce n’est que la forme qui change. La continuité de la vie est inscrite dans le cycle sinusoïdal de l’Univers, car la fin d’une situation est en même temps le début d’une autre, comme la fin d’un jour glisse dans l’aube d’une nouvelle journée. Dans ce contexte, la mort représente la naissance, comme les deux extrémités d’un même tunnel à double sens. Cette loi universelle concerne aussi bien l’échelle géante de l’espace cosmique que l’échelle des micro systèmes de tous les organismes vivants.

Toutes choses, matérielles et spirituelles, proviennent d’une source unique et sont reliées entre elles comme si elles ne formaient qu’une seule famille. Le passé, le présent et le futur sont tous inclus dans le courant de la vie. L’univers surgit et rayonne d’une source unique, et nous évoluons au travers d’un processus optimal d’unification et d’harmonisation.

Morihei Ueshiba 

Le principe de continuité

Natura non facit saltus 

 Gottfried Wilhelm Leibniz 

Le principe de continuité est un principe de philosophie naturelle. Il pose que, dans la nature, les choses changent de façon continue. Cette idée a été énoncée par Aristote, puis élevée au rang d’axiome en sciences par Gottfried Wilhelm Leibniz  : la nature ne fait pas de sauts, et Isaac Newton, inventeurs du calcul infinitésimal.

Au milieu du fracas des eaux qui se brisent on saisit distinctement, même à une grande distance, le bruit des pierres qui se heurtent les unes contre les autres, et cela nuit et jour et sur tout le parcours du torrent. Quelle éloquence pour le géologue que ce bruit triste et uniforme de milliers et de milliers de pierres se heurtant les unes contre les autres et se précipitant toutes dans la même direction ! Malgré soi, ce spectacle vous fait penser au temps, on se dit que la minute qui vient de s’écouler est perdue à jamais ! L’Océan, n’est-ce pas l’éternité pour ces pierres, et chaque note de cette musique sauvage n’est-elle pas le signe que chacune d’elles a fait un pas vers sa destinée ?

 Charles Darwin in Voyage d’un naturaliste – De la Terre de Feu aux Galapagos

Le temps, qui assure la continuité de la langue, a un autre effet, en apparence contradictoire au premier : celui d’altérer plus ou moins rapidement les signes linguistiques et, en un certain sens, on peut parler à la fois de l’immutabilité et de la mutabilité du signe.

En dernière analyse, les deux faits sont solidaires : le signe est dans le cas de s’altérer parce qu’il se continue. Ce qui domine dans toute altération, c’est la persistance de la matière ancienne ; l’infidélité au passé n’est que relative. Voilà pourquoi le principe d’altération se fonde sur le principe de continuité.

Ferdinand de Saussure in Cours de linguistique générale

Le principe de continuité est également à la base des réflexions de Linné pour la classification, de Charles Darwin pour sa théorie de l’évolution des espèces, de Ferdinand de Saussure en linguistique…

Il est impossible de distinguer entre la durée, si courte soit-elle, qui sépare deux instants et une mémoire qui les relierait l’un à l’autre, car la durée est essentiellement une continuation de ce qui n’est plus dans ce qui est.

Henri Bergson in Œuvres

Ce principe a été contesté par Hegel et sa dialectique, puis par la physique quantique — ce qui est souvent illustré par le concept de saut quantique —, et par la biologie de l’évolution, avec les mutations génétiques.