Kan et Li

坎 離

Dans les les huit trigrammes (八卦 bā guà) du Yi Jing, 坎 kǎn ☵ représente l’eau et 離 lí  ☲, le feu. Eau (水 shuǐ) et du feu (火  huǒ) sont eux aussi souvent et indistinctement utilisés pour désigner cette dualité.

Kǎn et li ne sont pas yīn et yáng, ce sont des méthodes, ou des causes, là où yīn et yáng sont des résultats. :

  • kǎn est l’eau, capable de rafraîchir et tempérer votre corps en le rendant plus yīn.
  • li est le feu, capable de réchauffer votre corps en le rendant plus yáng.

Lorsque kǎn et li sont correctement ajustés, alors yīn et yáng sont équilibrés et peuvent interagir harmonieusement. Du point de vue des pratiquants de qi gong, le corps humain est toujours trop yáng et ce, à moins d’être malade ou de ne pas avoir été alimenté depuis longtemps, auquel cas, ceci emmènerait effectivement le corps vers un état trop yīn. Lorsque le corps humain est trop yáng, il brûle et dégénère. On pense d’ailleurs communément que c’est là l’une des causes principales du vieillissement. Dès lors, si vous êtes capable d’utiliser l’eau pour rafraîchir votre corps, vous êtes en réalité capable de ralentir votre processus de dégénérescence, prolongeant d’autant la durée de votre vie. Ceci est la principale raison pour laquelle les pratiquants chinois de qi gong ont depuis longtemps étudié les moyens de favoriser l’eau dans leur corps et d’y réduire la quantité de feu.

Eau et feu

Les qualités du souffle

  • Lorsque votre 氣 qì n’est pas pur et qu’il échauffe votre corps et déstabilise votre esprit, il est alors considéré comme un qì feu.
  • Le qì pur qui est capable de tempérer vos corps physique et spirituel en les rendant plus yīn, est considéré comme un qì eau.

Toutefois, votre corps ne peut jamais être totalement eau. Si l’eau est capable de rafraîchir le feu, elle ne doit cependant pas l’éteindre complètement car cela voudrait alors signifier la mort. Le qì feu stimule et agite les émotions, et à leur tour, ces émotions engendrent un esprit. Cet esprit est appelé cœur (心 xīn,). Il est considéré comme étant un esprit feu, yáng , ou émotionnel. A l’inverse, l’esprit engendré par un qì eau est calme, stable et sage. Cet esprit-là est appelé intention (意 yì ). Il est considéré comme étant un esprit eau ou esprit de raison. Si votre esprit est nourri de qì feu, alors, et même s’il est élevé, il connaîtra dispersion et confusion (esprit yáng). Naturellement, l’esprit nourri et élevé par un qì eau sera à l’inverse, ferme et stable (esprit yīn ). Lorsque votre yì est capable de gouverner votre xīn de manière efficace, alors votre volonté peut être ferme. Vous pouvez donc, à la suite de cette brève explication, constater que le qì est la principale cause du yīn et yáng dans vos corps physique, mental et spirituel. Pour réguler le yīn et le yáng dans votre corps, vous devez apprendre à réguler vos qì eau et feu. Pour faire cela de manière réellement efficace, vous devez commencer par connaître les sources de l’eau et du feu.

Les sources du souffles

L’ENVIRONNEMENT

Notre corps est en permanence affecté par le soleil, la lune. les nuages, le champ électromagnétique de la terre, ainsi que par toutes les énergies qui nous entourent. Les influences majeures que subit votre corps sont celles des radiations solaires, de la gravité de la lune et du champ électromagnétique de la terre.

De nos jours, nous sommes en plus, soumis aux fortes influences électromagnétiques engendrées par les technologies modernes telles que les émissions de radio et de TV, les fours à micro-ondes, les ordinateurs et bien d’autres choses encore.

La nourriture et l’air

Pour nous maintenir en vie, nous absorbons par la bouche et le nez les essences de la nourriture et de l’air. Ces essences sont ensuite converties en qì. Celui ci est ensuite mis en circulation dans l’ensemble du corps. Partant de cette constatation, nous pouvons comprendre pourquoi une très large part du qi gong est dévouée à trouver de la nourriture et de l’air de la meilleure qualité possible.

Vous pourrez œuvrer à ajuster kǎn et lí, grâce à un apport de nourriture et d’air de qualité, aux exercices de qi gong, et à un esprit focalisé et concentré. Cet ajustement est la clef de la réussite quant à l’entraînement aux yi jin jing et xi sui jing.

La pensée

À chaque fois que vous bouger pour faire quelque chose, vous devez préalablement en générer l’idée (意 yì). Cette idée, à son tour, va guider le qì vers les muscles requis afin de leur permettre d’effectuer le mouvement désiré. Plus vous pourrez vous concentrer, plus le flux de qì que vous désirez mettre en œuvre sera puissant. Plus le flux de qì délivré aux muscles est important, plus ces muscles peuvent être dynamisés. C’est pour cette raison précise que l’esprit, ou mental, est l’un des facteurs primordiaux de l’entraînement au qi gong.

L’exercice

L’exercice a le pouvoir de convertir l’essence de la nourriture stockée par votre corps (les graisses) en qì. Par ailleurs, lorsque vous vous exercez, vous êtes en réalité aussi en train de vous servir de votre mental pour gérer votre corps physique, accroissant ainsi la circulation de votre qì.

L’essence prénatale en qì

Les hormones produites par vos glandes endocrines sont considérées par la médecine chinoise comme étant l’essence prénatale (先天精 xiān tiān jīng). Elles peuvent être converties en qì clans le but de stimuler le fonctionnement de votre corps physique et du coup, accroître votre vitalité.

Les clefs de l’ajustement kǎn et lí

la respiration

Pour le qi gong, la respiration est considérée comme étant une stratégie qui donne la capacité de guider le qì avec efficacité. Vous pouvez ainsi, grâce à la respiration, choisir de guider votre qì soit vers les moelles de vos os, soit vers la surface et votre peau. Une respiration lente ou rapide peut affecter la circulation de votre qì en la rendant calme ou vigoureuse.

  • Ainsi, lorsque vous êtes excité, votre corps est yáng et vous expirez plus longuement que vous n’inspirez afin que l’excès de qì soit emmené vers la peau pour y être dissipé dans l’énergie environnante.
  • Â l’inverse, lorsque vous êtes triste, votre corps est yīn, et vous inspirez plus longuement que vous n’expirez afin de guider votre qì vers vos moelles dans le but de l’y conserver.

Ainsi, la respiration peut être l’une des principales causes du changement de votre corps de yáng en yīn et vice et versa. Dès lors, la respiration a un kǎn et un lí.

  • De manière générale, et dans l’état normal de votre corps, l’inspiration est considérée comme une activité eau car elle emmène votre qì vers la profondeur et vos moelles afin de l’y conserver. Cela, en réduisant la quantité d’énergie dans les muscles et les tendons, apaise et rafraîchit le yáng dans votre corps. L’inspiration emmène le qì profondément à l’intérieur pour atteindre les organes internes et les moelles.
  • L’expiration elle, est considérée comme une activité yáng car elle amène votre qì vers vos muscles, vos tendons et vers la peau afin de les énergétiser. Cela a pour résultat évident d’accroître et de favoriser le yáng dans votre organisme. L’expiration emmène le qì vers les cinq centres : le point Cent réunions (百會 bǎi huì), les deux points Palais du labeur (勞宮 láo gōng), et les Sources jaillissantes (涌泉 yǒng quán) et vers la peau pour être échangé avec les souffles environnants.

Lorsque le corps est plus yáng que son environnement, le qì en excès est tout naturellement dispersé vers l’extérieur. Normalement, et pour fonctionner de manière harmonieuse, votre corps a besoin de l’équilibre entre yīn et yáng. La respiration est utilisée pour maintenir cet équilibre. Habituellement, vos inspirations et vos expirations devraient être de valeurs égales. Toutefois, lorsque votre corps est excité et qu’il est trop yáng, vous pouvez vous servir d’inspirations plus longues et plus profondes pour calmer votre esprit/mental et guider votre qì vers la profondeur pour ramener votre corps vers un état plus yīn.

Le mental

Le mental est considéré comme le général chargé de diriger la bataille. C’est le général qui décide de la stratégie à mettre en œuvre (la respiration) et qui contrôle les mouvements des soldats (le qì ). Dès lors, en tant que général, vous devez contrôler votre esprit émotionnel (心 xīn), et vous servir de votre esprit de raison (意 yì) pour jauger et comprendre la situation, de sorte à ce qu’enfin vous puissiez décider de la meilleure stratégie à mettre en place.

L’esprit de raison doit d’abord dominer la situation pour générer une idée. Cette idée est la force qui génère et exécute la stratégie (la respiration), mais aussi la force qui met en mouvement le qì .

  • Lorsque votre mental est excité, agressif et énergétisé, la stratégie (respiration) est plus offensive en favorisant l’expiration, et la circulation du qì plus vigoureuse et expansive. Ce mental agressif est considéré comme étant un mental feu car il favorise et fait croître le yáng dans votre corps.
  • Lorsque la stratégie est plus défensive (favorisant l’inspiration), la circulation est alors plus calme et condensée. Ainsi, un mental calme ou déprimé est considéré comme étant un mental Eau, car il favorise et fait croître le yīn dans votre corps.

Le kǎn~li du mental est plus important que celui de la respiration ; car c’est le mental qui décide des stratégies à appliquer. De ce fait, les régulations du mental et de la respiration sont les deux techniques les plus élémentaires à être mises en œuvre pour réguler le yīn et le yáng dans votre corps. La régulation du mental et celle de la respiration ne peuvent être séparées. En effet, lorsque le mental est régulé, la respiration peut aussi l’être. De plus, lorsque la respiration est régulée, le mental peut alors pénétrer les états les plus profonds de la concentration.

L’esprit

C’est l’esprit (神 shén) qui détermine le succès de votre pratique. Le général ( 意 yì) qui élabore les stratégies, doit lui aussi être concerné par l’élévation du moral combattant (神 shén) des soldats (氣 qì). Lorsque leur moral est élevé, les soldats peuvent être plus facilement commandés, et la stratégie exécutée avec plus de rigueur et d’efficacité. Savoir comment utiliser le yì pour élever le shén est l’une des clefs essentielles pour la réussite de l’entraînement au qi gong. Ce sont et le yì et le shén qui gouvernent le qì. Ils sont étroitement liés et ne peuvent être séparés. De manière générale, lorsque l’esprit de raison (意 yì) est énergétisé, le shén est lui aussi dynamisé. Il faut ici bien comprendre que pour la pratique du qi gong, vous devez chercher à dynamiser/élever votre shén mais sans pour autant laisser l’excitation vous gagner. Lorsque le shén est élevé, les stratégies peuvent être appliquées avec efficacité et rigueur. Si le shén est excité, le corps devient alors trop yáng, ce qui n’est pas désirable
pour la pratique du qi gong. Tout au long de la pratique, vous devez maintenir votre shén le plus élevé possible et vous en servir pour gouverner les stratégies et le qì. De la sorte, vous serez à même d’ajuster et réguler vos kǎn et li de manière efficace. Le shén est la tour de contrôle qui permet d’ajuster kǎn et li, mais il n’a lui même pas de kǎn et li.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Send this to a friend