春 chūn
春三月
素問 Sùwèn 2
此謂發陳
天地俱生
萬物以榮
夜臥早起
廣步於庭
被髮緩形
以使志生
生而勿殺
予而勿奪
賞而勿罰
此春氣之應
養生之道也
逆之則傷肝
夏為寒變
奉長者少
- 春三月此謂 chūn sān yuè cǐ wèi
- Les trois mois du printemps sont appelés :
- 發陳 fā chén
- Jaillir et déployer
Le mouvement qui porte à la rencontre les uns des autres les souffles du ciel et de la terre déclenche, par cette conjonction, un surgissement dont la violence et la puissance donnent élan à un déferlement qui s’étend aussi loin que possible.
- 天地俱生 tiāndì jù shēng
- Ciel et Terre ensemble produisent la vie
- 萬物以榮 wàn wù yǐ róng
- Les Dix mille êtres en resplendissent.
La production de la vie est initiée avec assez de force pour se poursuivre ; tous les êtres la ressentent.
- ☳ 震 zhèn
- L’éveilleur. Il est un des huit trigrammes du bāguà et a pour image naturelle le tonnerre.
Qualités : Impulsion, mise en route, secousse
D’autres images associées au zhèn sont l’éveilleur, le dragon, le fils ainé, le pied, le jaune foncé, une grande rue, un roseau ou un jonc. - ☴ 巽 xùn
- Le doux. Il est un des huit trigrammes du bāguà et a pour image naturelle le vent, le bois.
Qualités : Pénétration, soumission, intériorisation
D’autres images associées au xùn sont la fille ainée, le coq, les cuisses, le corbeau, le travail, le blanc, le long, le haut, l’indécis.
Les animaux hibernant sont émus par le coup de tonnerre qui annonce la pénétration du ciel, fécondateur et initiateur, dans la terre qui le désire ; ils sortent au jour.
- 夜臥早起 yè wò zǎoqǐ
- A la nuit on se couche, à l’aube on se lève
Les humains éprouvent une excitation semblable dans leur corps et dans leur coeur ; ils se lèvent et commencent à s’activer quand le jour pointe, mais, prudemment, se retirent quand le soleil disparaît pour ne pas fatiguer les forces encore précaires du printemps, pour ne pas trop enhardir en eux la montée de la sève, ce qui déclencherait des céphalées ou d’autres maux, par exagération de la poussée vers le haut du sang et des souffles.
- 廣步於庭 guǎng bù yú tíng
- On arpente la cour à grandes enjambées
- 被髮緩形 bèi fà huǎn xíng
- Cheveux dénoués, le corps à l’aise.
Le foie prend le commandement et instille dans les muscles un sang frais et des souffles vifs ; tout le corps désire bouger et s’exerce à retrouver la mobilité assoupie durant l’hiver ; il s’agit de le faire progressivement, de supprimer les obstacles à la libre circulation, dans les muscles, de tout ce qui les vivifie et les meut. Ces obstacles sont physiques (ceinture serrée…) ou mentaux le vouloir doit se tendre dans la même direction pour encourager le mouvement ; en retour, le libre exercice d’une force musculaire, de plus en plus déployée, encourage l’orientation intérieure du vouloir. Ce dernier donne la coloration de la vie intérieure, la nuance qui accompagne le jeu des sentiments, des réactions et des expressions.
- 以使志生 yǐ shǐ zhì shēng
- On exerce son vouloir pour la poussée de la vie
- 生而勿殺 shēng ér wù shā
- Faire vivre et ne pas tuer
- 予而勿奪 yǔ ér wù duó
- Donner, ne pas ôter
- 賞而勿罰 shǎng ér wù fá
- Récompenser, ne pas punir
- 此春氣之應 cǐ chūn qì zhī yīng
- Ainsi se conforme-t-on aux souffles du printemps
- 養生之道也 yǎngshēng zhī dào yě
- La voie pour l’entretien de la poussée de la vie
Au printemps, on est un printemps pour soi et pour les êtres : on est prodigue et généreux, on mesure de moins en moins son effort, car la période de temps supporte de plus en plus la dépense de la vitalité ; on ne compte pas plus ce que l’on donne aux autres, sa famille, ses proches ; on laisse en vie ceux-là même qui, en d’autres temps, auraient été châtiés et tués pour que la paix de la société ne soit pas menacée, en des moments difficiles, par des éléments nuisibles, fixateurs et propagateurs de troubles. Le corps humain et le corps social reposent sur les mêmes lois, qui sont celles du naturel.
- 逆之則傷肝 nì zhī zé shāng gān
- Aller à contre-courant porterait atteinte au foie
- 夏為寒變 xià wèi hán biàn
- Causant, à l’été, des altérations dues au froid
- 奉長者少 fèng zhǎngzhě shǎo
- Par insuffisance de l’apport à la croissance
Qui restreint ou contient en lui ce mouvement, ne laisse pas le bois-qui-est-le-foie sortir ses effets. On dira, quasi indifféremment, bois, foie, foie-qui-est-le-bois, car l’élément et le zang qui l’exprime en un humain sont, analogiquement, une seule chose. L’obstruction ou l’impuissance du foie ne donne pas assez de vivacité à l’animation ; le feu-qui-est-le-cœur ne pourra pas prendre appui sur cet élan pour apporter partout la douce chaleur ; le froid réduira activité et développement, submergeant un feu sans force.