Astérisme

星群 xīng qún

En astronomie, un astérisme est une figure remarquable dessinée par des étoiles particulièrement brillantes. En général, ces étoiles ne sont liées ni par une interaction gravitationnelle significative, ni par une gestation commune, ce qui fait d’un astérisme un objet céleste plutôt arbitraire et subjectif. C’est souvent sur la base d’astérismes que les civilisations ont imaginé leurs constellations, bien qu’un astérisme puisse aussi bien former une partie d’une constellation qu’être constitué d’étoiles appartenant à plusieurs constellations différentes.

Un astérisme peut occuper une région suffisamment vaste du ciel pour être bien identifiable à l’œil nu : le Triangle d’été, par exemple, s’étend sur plus de 30 degrés. Parmi cette catégorie, on trouve les figures caractéristiques qui nous permettent, au fil des saisons, de localiser les constellations les plus célèbres : Grande et Petite Casseroles pour la Grande Ourse et la Petite Ourse, petit parallélogramme pour la Lyre, le W de Cassiopée, etc.

Ciel vu à partir de Montréal le 20 avril 2019 à 22 h
Ciel vu à partir de Montréal le 20 avril 2019 à 22 h

L’ensemble me fascinait comme si un astérisme nouveau dans le ciel se fût proposé; comme si une constellation eût paru qui eût enfin signifié quelque chose.

Paul Valéry in Variété II

四神 sì shén

Illustration des quatre animaux emblématiques chinois

Les quatre animaux emblématiques

A chacun des quatre animaux célestes vont être associé sept astérismes caractéristiques des quatre saisons représentées. Créant ainsi 28 astérismes caractéristiques. Ces groupes de 7 astérismes vont être appelés : 

  • Palais de l’automne ou du tigre ; 
  • Palais de l’hiver ou de la tortue ; 
  • Palais du printemps ou du dragon 
  • Palais de l’été ou de l’oiseau rouge.

À chacun de ces quatre palais correspond une direction cardinale. Le Nord va être associé au froid de l’hiver et le Sud au chaud de l’été. L’Est va ensuite être associé au printemps car le soleil se lève à l’Est, c’est l’annonciateur du Yang comme le printemps.  L’Ouest  est donc assimilé à l’automne.

Représentation de la table de divination des Han postérieur
Table de divination des Han postérieur

La vue et la parole occupe l’est et le sud dans le Hong Fan, lequel affecte le nord au geste. Le nord est l’orient des reins, ceux-ci comme on verra, président à la danse et aux gesticulations…

Marcel Granet

Les gardes de la Grande Casserole pointent  vers la polaire, grand pivot de la voûte céleste, et tournent donc autour. Les chinois l’appelaient le  » boisseau  » servant à mesurer, à régler. En effet en observant cette astérisme à 18 heure en été : le timon du chariot indiquera le Sud, en automne, l’Ouest, en hiver, le Nord et au printemps l’Est. Le Nord est à la verticale de la polaire sur l’horizon.

La rotation de la constellation de la Grande Ourse représente la Svastika
Diagramme de la rotation de la constellation de la Grande Ourse représentant une svastika.

Lorsque l’on regarde le ciel comme une carte le Sud est en haut, c’est peut-être pourquoi dans les cartes chinoises le Sud est en haut. En effet les étoiles ne sont pas à la même place dans le ciel deux soirs consécutifs à la même heure. Ceci s’explique par un décalage entre ce qu’on appelle le jour sidéral et le jour solaire. Le jour sidéral est le temps que la terre met à effectuer un tour sur elle-même. le jour solaire est le temps que le soleil met à revenir au met point dans le ciel. Le jour sidéral dure 23h 56m 4,09s alors que le jour solaire dure 24h. Ce décalage est donc d’environ 4 min par jour et ceci dut à la révolution de la terre autour du soleil. Les étoiles suivent la révolution sidérale. Si on observe une constellation à 21 h elle serra le soir suivant à 20 h 56 à la même place que la veille, elle s’est levé 4 min plus tôt que la veille.

Le zodiaque chinois se dit luni-solaire. En effet l’observation des astérismes constituant ce zodiaque se fait en tout point de l’horizon, et par alternance d’oppositions ou de conjonctions solaires. La révolution de ce zodiaque reste donc astrologique et non astronomique. Contrairement au zodiaque grec dont l’observation se dit écliptique, en effet les constellations de notre zodiaque se situent sur l’écliptique, chemin du soleil dans le ciel. Les observations des constellations ne se produisent donc qu’à l’endroit où le soleil se lève ou se couche.

五行 wǔ xíng


La théorie des cinq agirs est très présente dans la dialectique chinoise. La compréhension de cette théorie passe par la compréhension de la lecture astronomique de voûte céleste. En effet les différents éléments vont tirer leurs significations énergétiques par association aux différents palais du ciel.

  • L’élément bois et la couleur verte sont associés au palais du printemps. En effet c’est pendant le printemps que le bois pousse et le vert représente le couleur de la végétation qui se réveil en cette période.-
  • L’élément feu et la couleur rouge sont associés au palais de l’été. En effet pendant l’été le feu du soleil est le plus intense de l’année et le rouge est la couleur que l’on attribue au feu et à la chaleur.
  • L’élément métal et la couleur blanche sont associés au palais de l’automne. L’automne représente la mort de la nature, la chute des feuilles comme coupées par le métal d’une hache, la hache d’Orion…Le blanc symbolisant les reflets de cette hache métallique.-
  • L’élément eau et la couleur noire sont associés au palais de l’hiver. Le fait que la tortue soit un animal aquatique favorise l’association de cet élément à ce palais et le noir correspond à la saison sombre que représente l’hiver où les journées sont courtes.
  • L’élément terre et la couleur jaune. C’est le palais central.

Dans chacune des représentations symboliques calendériques, chaque élément tourne de manière cyclique autour d’un point central. En associant cette réflexion aux observations du ciel nous comprenons que ce point central représente la polaire, point pivot de la course de la voûte céleste. Les chinois représentent – au sein de leur calendrier – la rotation cyclique d’une année autour d’un point de la même manière que la voûte céleste tourne autour de la polaire pendant une journée entière.

Les étoiles qui composent donc le palais central semblent avoir une influence continue tout au long de l’année ne présentent pas d’éléments de variation sur les calendriers. Les étoiles du palais central sont les étoiles circumpolaires. Dans les représentations calendérique ce centre semblent soutenir l’ensemble, être notre élément central face à la course du ciel et des saisons que nous pouvons observer dans chacune des directions, un peu comme l’est la Terre pour nous. Le palais central projeté sur terre représenterait le pays central ou encore l’empire du milieu. Le jaune est en l’occurrence la couleur principal du sol chinois et de leur couleur de peau. De plus les empereurs chinois sont souvent représenté de jaune vêtus.

On retrouve les correspondances de destructions de ces éléments avec celles des saisons dans certains calendriers chinois : l’eau éteint le feu, le feu fait fondre le métal,  le métal coupe le bois, le bois pousse dans la terre, la terre absorbe l’eau.

Les couleurs sont également très importantes dans le système symbolique des empereurs de Chine. Dans la cité interdite, les deux couleurs les plus importantes sont le jaune et le rouge. Le jaune est la couleur impériale, les habits des empereurs étaient la plupart du temps jaunes. Dans la culture chinoise le jaune est associé au respect. On trouve cette couleur essentiellement sur les toits des pavillons, les tuiles sont quasiment toujours jaunes, vernissées. Mais il y a une exception puisque les toits des pavillons des enfants sont verts. Quand au rouge, il est en fait pourpre. Le pourpre, selon la symbolique chinoise, est la couleur de l’étoile polaire, la seule étoile qui semble ne jamais bouger car elle est dans l’axe de la Terre, et donc au centre de tout. La symétrie parfaite ne pouvait pas ignorer l’étoile polaire, c’est donc de pourpre que l’on a habillé la cité interdite. Par ailleurs cette couleur représente également l’espoir de la stabilité des empereurs, dans la symbolique chinoise ancienne.

Détail carte de Dunhuang
La carte de Dunhuang est un des premiers exemples connus de cartographie du ciel étoilé. Elle fut réalisée en Chine et date de la Dynastie Tang (618 – 907). Elle fait parti d’un manuscrit découvert dans les années 1900,

Dans la Chine ancienne les astronomes et même les astrologues, considérés comme des mathématiciens, ont un rôle important à la cour et dirigent en partie la vie politique. A l’aide d’observations multiples, qui tirent leurs origines d’un besoin d’organiser son cycle agricole, et d’utilisation de bouts de bois plantés dans le sol appelé gnomon, permettant le calcul exacte des dates des solstices et équinoxes par étude de l’ombre produite, ils mirent en place un calendrier annuel. Ce calendrier ayant une grande valeur symbolique et énergétique a également participé à l’élaboration de la médecine traditionnelle chinoiser.