無蘤菓 wúhuāguǒ
Le figuier appartient à la même famille que le palmier. Les figuiers n’ont aucune fleur sur leurs branches. C’est pour cela que les Chinois appellent la figue : le fruit (菓 guǒ) sans (無 wú) fleurs (蘤 huā). En fait, la fleur est à l’intérieur du fruit. Ce sont ces fleurs minuscules qui produisent les petites graines croquantes qui donnent aux figues leur consistance si particulière. Donc, au sens botanique, la figue n’est pas un vrai fruit, mais un réceptacle charnu qui abrite en son sein un grand nombre de petites graines croquantes, nommées akènes, qui sont les véritables fruits. Le figuier peut vivre plus de 100 ans (mais on connaît des exemples d’arbres plusieurs fois centenaires) et peut atteindre 30 m de haut. Il ne mesure guère plus de 5 m lors-qu’il est cultivé, car on le taille. Son tronc et ses branches contiennent du latex.
Le figuier semble être originaire d’Asie Mineure. La figue est l’un des plus vieux fruits cultivés et consommés par l’homme. Dès l’Antiquité, on lui reconnaît des propriétés thérapeutiques et nutritives. Elle servit notamment d’édulcorant avant que le sucre ne soit connu. Les Chinois l’appelèrent d’ailleurs le fruit mielleux (蜜菓 mì guǒ ). La figue fut particulièrement appréciée des Égyptiens, des Hébreux, des Perses, des Grecs et des Romains. Ces derniers répandirent sa culture dans le Bassin méditerranéen et en Europe. En Grèce antique, les bergers utilisaient des branches de figuier pour brasser le fromage, le latex contenu dans ces branches accélérant la coagulation.
Ce fruit est à plusieurs reprises évoqué dans la Bible, soulignant qu’il était de consommation courante il y a 2 000 ans au Proche-Orient. L’érudit romain Pline l’Ancien (23-79 EC) nous apprend dans son Histoire naturelle que la figue faisait partie de l’alimentation réservée aux athlètes. Finalement, on retrouve le figuier dans tout le Bassin méditerranéen, sur les bords de la mer Caspienne et de la mer Noire, allant même jusqu’à la Chine. Ce sont les conquistadors et les missionnaires espagnols qui l’introduisirent en Amérique, où il était inconnu jusqu’alors.
La saison de la figue commence en juin pour se terminer en septembre.
La figue fait partie intégrante de la pharmacopée chinoise, c’est un des grands alicaments capables de maintenir la rate en bon équilibre, gage de longévité.
Saveur et nature | Doux, neutre. |
Organes et méridiens destinataires | Rate, estomac, poumons, gros intestin. |
Elle renforce l’estomac, rafraîchit et de purifie les intestins, réduit les tuméfactions et élimine les toxines, favorise la lactation et supprime les œdèmes.
- Le manque de lait est souvent à mettre en relation avec une perte de sang et d’énergie importante au moment de l’accouchement. La figue favorise la production de lait maternel. Pour se faire, en Chine, on a l’habitude de la cuire avec un pied de porc qui est un grand tonique du sang et de l’énergie. Pour avoir une action encore plus importante, on peut y rajouter deux dattes rouges.
- Une faiblesse de yīn peut entraîner ce que l’on appelle une sécheresse du poumon, à l’origine de toux sèches sans expectoration, d’aphonie. Dans les cas extrêmes ce sera la toux du tuberculeux. La saveur douce humectante de la figue et son action anti-inflammatoire donnent alors de très bons résultats.
- Une sécheresse des poumons entraîne souvent une sécheresse du gros intestin avec à la clé, des problèmes de constipation par manque de lubrification de la paroi et une sécheresse des liquides organiques. Cela peut aussi être une grande cause d’hémorroïdes. On prendra alors par cure de neuf jours, trois figues crues par jour.
- À l’opposé de la constipation, on peut se trouver devant ce que l’on appelle un vide de rate qui est alors à l’origine de selles molles, d’inappétence, de diarrhées chroniques. Il faut préparer alors une décoction avec 5 à 7 figues dans un demi-litre d’eau, dans laquelle on peut rajouter du sucre cristallisé. Cette préparation peut alors tonifier la rate, chef d’orchestre de la digestion du bol alimentaire.
- Une recette très connue en chine contre les rhumatismes liés à ce que l’on appelle le vent-humidité : prendre 60gr de figues fraîches, un œuf frais, 15 gr d’alcool de riz et 50 gr d’eau. Laissez mijoter le tout et consommez une fois par jour.
Le figuier a une très forte charge symbolique. C’est l’arbre de la connaissance, du savoir et de la fertilité. C’est aussi l’exemple type de la générosité, le symbole de la volonté de survivre. À l’état sauvage, il s’accroche au moindre creux de rocher, la moindre fissure pour y puiser l’eau nécessaire à sa survie. Depuis la nuit des temps, c’est un arbre qui a nourri, mais aussi soigné hommes et animaux avec une grande générosité sans rien demander pour sa culture.