Origine de la forme graphique et explication du prononcé du caractère

說文解字 shuōwén jiězì

Souvent abrégé en Shuōwén, ouvrage du début du IIe siècle, rédigé par le spécialiste des Cinq classiques 許慎 Xǔ Shèn (58-147), le Shuōwén Jiězì est le premier dictionnaire de caractères chinois à proposer une analyse de leur composition et à les classer à l’aide de ce qui est compris à présent comme des clés.

正名 zhèng míng

L’ouvrage aurait été achevé vers 100, mais ne fut présenté à l’empereur qu’en 121 par 許沖 Xǔ Chōng, fils de Xǔ Shèn. Selon W.G. Boltz, l’entreprise de Xǔ Shèn n’était pas uniquement linguistique mais également politique, liée à l’idée confucéenne que l’emploi de mots (名 míng) justes (正 zhèng) est nécessaire pour bien gouverner.

L’ouvrage débute par une préface suivie de 15 chapitres, dont le dernier est composé d’une postface et d’un index. Xǔ Shèn indique dans sa postface que le dictionnaire contient 9 353 entrées, plus 1 163 variantes graphiques, et est composé au total de 133 441 caractères. De nos jours, le texte reçu s’en écarte légèrement, du fait des omissions et des corrections apportées ultérieurement par les commentateurs (en particulier Xú Xuàn), et les éditions modernes décrivent 9 831 caractères et 1 279 variantes.

Structure d’une entrée

Shuō wén jiě zì
Shuōwén Jiězì

Les entrées du Shuōwén suivent une structure invariable, dont les trois premiers éléments sont toujours présents :

  1. Chaque entrée présente le caractère dans le style petit sceau (小篆, xiǎozhuàn).
  2. Chaque entrée est toujours suivie d’un glose, « définition » permettant d’identifier le sens dans lequel le mot est pris. La glose donne parfois un synonyme, parfois un sens très marginal, et parfois n’a qu’un rapport indirect avec le caractère traité. Une première glose peut être suivie parfois par d’autres gloses alternatives que Xǔ Shèn a trouvé dans la littérature classique.
  3. Chaque entrée donne (dans la mesure du possible) une analyse de la forme graphique en énumérant ses constituants.
  4. L’entrée est ensuite parfois suivie d’une note optionnelle sur d’éventuels allographes.
  5. L’entrée est ensuite parfois suivie de diverses informations encyclopédiques.
  6. L’entrée des têtes de section (et celles-ci uniquement) est ensuite suivie d’une formule de subsomption éclairant la signification des composés, même dans les cas où la section ne contient pas de composés.
  7. Suivent ensuite parfois des notes finales sur la prononciation, dans approximativement 10% des entrées, généralement introduites par 讀若 (dúruò, se lit comme).