Les travaux du Dr Luiz Fernando Bertolucci et d’autres chercheurs ont permis de soulever une question cruciale : comment les animaux sauvages parviennent-ils à maintenir leur santé musculo-squelettique ? Les animaux ne s’étirent pas régulièrement et conservent pourtant leurs capacités. Les chercheurs ont remarqué que les animaux effectuent des pandiculations spontanées.
Chez les animaux, la pandiculation implique des co-contractions musculaires profondes involontaires, au cours desquelles les tissus mous s’allongent activement contre les structures osseuses tandis que les articulations se raidissent. Les contractions et les mouvements forment un schéma séquentiel dérivé d’une mosaïque de réflexes, dont la séquence ne peut être ni anticipée ni exécutée délibérément, de la même manière qu’un bâillement spontané est différent d’un bâillement intentionnel. Cela est particulièrement intéressant si l’on se souvient que le Wei Qi , lorsqu’il se déplace dans les canaux tendineux, permet à l’individu de réagir de manière réflexive et spontanée sans volonté ni cognition, et que le souffle interne (衛氣 wèi qì) et les canaux tendineux génèrent une capacité immédiate à réagir aux changements de l’environnement d’un individu.
Le Dr Bertolucci poursuit en disant que les arts martiaux orientaux et les exercices de qi gong semblent avoir un lien avec la pandiculation :
Le qi gong, par exemple, exige que le corps soit fortifié par un tonus automatique (involontaire) dans les muscles posturaux profonds, tandis que les muscles superficiels associés à l’activité volontaire sont détendus. Dans ces conditions, le corps est intégré dans son ensemble et toutes ses parties sont en relation les unes avec les autres dans le mouvement. Ces conditions ne peuvent pas être produites par une action motrice volontaire, mais émergent spontanément avec des états d’attention appropriés dans lesquels la mécano-sensation est renforcée. Une personne dans un tel état pourrait tirer parti de l’énergie potentielle élastique stockée dans le corps lorsqu’elle exécute un coup. Cette caractéristique du qi gong suggère un mode d’action basé sur la tensegrité avec un niveau de pré-contrainte élevé. En fait, la potentialisation des performances a déjà été démontrée dans les muscles pré-étirés, en raison de leur capacité à stocker de l’énergie élastique potentielle.
En pratiquant de nombreux exercices de transformation musculo-tendineuse, comme Tirer vers le bas les queues de neuf bœufs ou Cueillir les étoiles et Wei Tuo offre le pilon, on peut sentir des vibrations se déplacer à travers le Champ de cinabre et se connecter aux membres. De même, en effectuant la purification des moelles, on sent les vibrations subtiles du sang, de la moelle et des fluides se déplacer à travers le corps. Ces vibrations subtiles non seulement forgent des connexions entre le Champ de cinabre et les membres, mais elles font certainement partie de ce qui change finalement l’orientation des tissus, de l’agencement dysfonctionnel aléatoire et multidirectionnel des fibres avec une élasticité réduite et une capacité de glissement et de cisaillement réduite vers un agencement approprié des fibres en treillis qui produit une force, une flexibilité et une élasticité maximales.
Des recherches récentes indiquent que les animaux sauvages libèrent naturellement le stress et la tension de leur corps après un événement mettant leur vie en danger en tremblant ou en frissonnant. Les secousses semblent être une impulsion primaire pour ramener le corps à son homéostasie normale. Des preuves indiquent que les secousses et les vibrations internes aident à relâcher la tension musculaire et à brûler l’excès d’adrénaline et de cortisol, de sorte que le corps et le système nerveux se calment et reviennent à un état neutre. Cela empêche le corps de s’habituer à un état de combat ou de fuite et où le stress devient internalisé et chronique. Peut-être que dans une certaine mesure, les vibrations internes que nous créons et percevons lorsque nous pratiquons Le classique de la transformation des muscles et des tendons et Le classique de la purification des moelles remplissent une fonction similaire.
Parler de mouvement animal me fait penser aux chats, des animaux qui ne s’entraînent pas et ne se dépensent que lorsque c’est nécessaire. Sans s’entraîner régulièrement à un maximum d’efforts et de souplesse, ils sont néanmoins capables, en un clin d’œil, de réaliser des prouesses de force, d’agilité et de vitesse. Cela rejoint les principes d’entraînement des maîtres d’arts martiaux qui ont observé les mouvements des animaux. Dans les arts martiaux internes, on conseille de ne s’entraîner que rarement à pleine capacité. Au lieu de cela, on s’entraîne lentement et régulièrement à un maximum de 70 % de ses capacités. S’entraîner à 70 % maximum de ses capacités (et la plupart du temps à moins de 70 %) permet de maintenir l’intégrité et les capacités des tissus sans blessure ni déficience qui résultent souvent d’un entraînement « dur » régulier. C’est l’inverse de l’entraînement à intensité maximale par courtes périodes, une méthode d’exercice actuellement en vogue. Bien que cela puisse être utile pour le sport, ce n’est pas un modèle d’entraînement durable ou utile pour préserver la santé.
L’approche des 70 % exige de la patience et du temps. Le changement se produit petit à petit, parfois presque impossible à percevoir, mais les bénéfices s’accumulent lentement jusqu’à ce que des changements profonds se produisent. Avec l’approche des 70 %, les principes de mouvement correct et d’utilisation correcte des tissus deviennent une seconde nature, et les schémas de mouvement enracinés changent et deviennent plus gracieux, plus efficaces et plus « félins ». La « règle des 70 % » est un concept important dans les exercices traditionnels chinois tel que Le classique de la transformation des muscles et des tendons et Le classique de la purification des moelles qui visent à transformer le corps et à produire des effets durables.
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