La douceur est une énigme. Incluse dans un double mouvement d'accueil et de don, elle apparaît à la lisière des passages que naissance et mort signent. Parce qu'elle a ses degrés d'intensité, parce qu'elle a une force symbolique et un pouvoir de transformation sur les êtres et les choses, elle est une puissance.
On doit prendre la douceur et la bonté comme fondation. Douceur cependant ne signifie pas négligence, rigueur ne signifie pas raideur. Le dur et le doux se soutiennent mutuellement, et sont ainsi effectifs et jamais interrompus. La raison pour laquelle cela ne peut être appelé ni dur ni doux est qu’il s’agit d’un tout indivisible et intégral.
Dans son Livre de la Voie et de la Vertu, Laozi a écrit : Sous le ciel, rien n’est plus doux et plus souple que l’eau. Alors pour attaquer le solide et le fort, rien n’est mieux, elle n’a pas d’égal. Il poursuit : Le faible peut surpasser le fort ; le souple peut surpasser le dur. Sous le ciel, tout le monde sait cela, cependant personne n’est capable de le mettre en pratique. … La vérité semble souvent contradictoire.
Dans cette composition de jeunesse se forment et se dessinent les plus grandes percées de la poétique de Rilke: de ce qui se nommera, dans les Élégies de Duino, « l'Ouvert » et « l'espace intérieur du monde ».
La Puissance de la douceur écrit d’une plume claire et extrêmement sensible, démontrait l’importance, la richesse et la force de la douceur dans le monde d’aujourd’hui. A l’heure où la performance voire l’agressivité dans l’action sont de plus en plus célébrées, Anne Dufourmantelle explique que la douceur, loin d’être mièvre ou molle, est avant tout une puissance, une force de transformation de la vie.