Zhan zhuang et tuishou

Se tenir droit comme un poteau et  mains poussantes

Entretien avec Ma Hailong

Nous pratiquons zhàn zhuāng, c’est une pratique fondamentale.
Certains disent, « pratiquer les arts martiaux sans gōng, c’est comme ne pas pratiquer du tout. »
Ce n’est pas correct.
Quán et gōng se soutiennent mutuellement, ni l’un ni l’autre ne peut être négligé.


Que fait réellement zhàn zhuāng ?
Une fonction est d’équilibrer votre corps et votre esprit, l’autre est de vous calmer complètement. Certains considèrent zhàn zhuāng comme une pratique très mystérieuse, mais ce n’est pas le cas.
Il existe différentes postures à des fins différentes. Comment combiner zhàn zhuāng avec votre quán, c’est ce que vous devez apprendre. Ce que nous appelons gōng se manifeste aussi de diverses manières.
Si vous comparez le style de taijiquan Wu avec d’autres arts martiaux, vous observerez également des différences, je veux dire les formes et les structures extérieures.

La question est de savoir ce que vous voulez en retirer. Je pense que le but premier de zhàn zhuāng est de discipliner votre corps et votre esprit, de vous donner un état d’esprit calme.

Le tuishou, dans notre style qui a ses propres méthodes, est quelque chose de très subtil. Ce n’est pas comme dans les compétitions de tuishou que l’on peut voir de nos jours. Nos méthodes ne reposent pas sur la force. Plus vous mettez de force, si votre adversaire est un homme habile, plus vous avez de chances de perdre. Le tuishou est juste une façon de pratiquer entre frères d’armes.

De nos jours, le tuishou est perçu comme la caractéristique d’un artiste martial très compétent. En fait, pour la génération de mon père, la pratique du tuishou n’était pas quelque chose que l’on pouvait montrer. C’est une méthode d’entraide pour s’entraîner.

Beaucoup de choses dans les arts martiaux d’aujourd’hui ont perdu leur signification originale. La compétition de tuishou aujourd’hui est seulement une compétition de force.

Wang Zongyue disait : « N’utilisez pas la force pour combattre la faiblesse. » Le taijiquan ne préconise jamais l’usage de la force contre une personne sans force. C’est pourquoi nous parlons de róu huà (transformation douce) lorsque nous faisons le tuishou.

Vous devez d’abord apprendre le principe du róu huà, et ensuite vous pourrez pratiquer la poussée de mains. Si vous voulez utiliser la force brutale pour la poussée de main, alors désolé, vous ne serez pas autorisé à pratiquer.

Aujourd’hui, l’époque a changé. De nombreuses personnes ne parviennent pas à atteindre un niveau élevé, notamment parce qu’elles n’ont pas assez de temps pour s’exercer ou qu’elles n’en n’ont pas une bonne compréhension.

Pour conclure, le tuishou n’est pas une voie de compétition, c’est une méthode qui vous permet d’étudier et de vous améliorer avec votre partenaire. Vous ne devez pas utiliser le tuishou pour prouver que votre kungfu est bon, ça ne marche pas comme ça.

Alors selon vous, quelle est la fonction du tuishou ?
Créez l’harmonie avec votre partenaire et développez une grande sensibilité et réactivité.
Peu importe que l’on veuille parler de tīng jìn ou de xù jìn, nous avons besoin de savoir qu’ils sont ensemble. Si vous n’avez pas déjà un certain niveau de xù jìn, vous ne serez pas en mesure de faire tīng jìn.

Entretien avec Ma Hailong, Shanghai 2016

马海龙 Mǎ Hǎilóng

Le grand maître Ma Hailong est né en 1935 dans l’une des familles d’arts martiaux les plus distinguées de Chine. Son arrière-grand-père, Quan You (1834 – 1902), était officier de la Brigade des gardes impériaux dans la Cité interdite de Pékin. À cette époque, Yang Luchan (1799-1872) y était instructeur d’arts martiaux et pendant de nombreuses années, Quan You étudia avec Yang Luchan et son fils aîné, Yang Banhou. Le grand-père du grand maître Ma, Wu Jianquan (1870-1942), était un officier de cavalerie qui a ensuite enseigné le Tai Chi Chuan et développé à partir de l’art de son père ce qui est maintenant le style Wu. Utilisant le « petit cadre » que son père avait appris de Yang Luchan, il a apporté d’importantes modifications en utilisant des cercles plus étroits et les positions de jeu de jambes et de corps distinctives maintenant observées dans le Tai Chi Chuan de style Wu.

站樁 zhàn zhuāng

Se tenir debout (站 zhàn) comme un pieu (樁 zhuāng), appellation du nord de la Chine, également appelé s’assoir en cavalier  (坐馬, zuò mǎ) dans les arts martiaux du Sud, parfois traduit en posture de l’arbre, est une posture statique utilisée en qi gong et notamment comme méthode d’entraînement de nombreux arts martiaux chinois. Elle permet de développer l’efficacité des mouvements, la concentration, la perfection de l’alignement structurel et la force. Se tenir debout comme un pieu est le plus souvent pratiqué dans les styles internes comme le taiji quan, le xinyi quan et le bagua zhang. Le yi quan l’a perfectionné et démocratisé.

推手 tuī shǒu

Les mains (手 shǒu) poussantes (推 tuī) souvent traduit en poussée des mains, est un exercice à deux prisé par les pratiquants de taijiquan. Il est le complément indispensable à l’apprentissage des enchaînements à mains nues et prépare également au combat sans règles.


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