Comme un flipper

Quand je m’entraînais à Hong Kong avec Ma Lee Yang, je lui ai décrit le fa jing comme comme un fouet, elle a réfléchit un instant et a répondu non, c’est plutôt comme un flipper dans un  jeu de flippers .

Il a fallu longtemps avant que je comprenne parfaitement cela. J’avais été habitué à l’idée du fouet qui était utilisée dans d’autres arts martiaux comme le karaté, le kung fu et d’autres styles de taichi, donc c’était une idée complètement différente pour moi. Dans un flipper,  la bille est tirée et rebondit sur des barrières, en un mouvement continuel ; comment cela fonctionne-t-il ?

Tant de gens aujourd’hui, dans la simplification de l’esprit du temps qu’est le taichi de santé, semblent penser que le style Yang n’est que pour la santé ou qu’il ne propose pas de fa jing ; ils ne pourraient pas se tromper davantage ! Il suffit de regarder l’histoire du style pour voir que la famille a enseigné aux gardes du corps d’élite de l’empereur et a souvent affronté avec succès tous ses challengers.

Mais la légende et les histoires ne signifient rien sans une validation actuelle et j’enseigne cela aux forces de l’ordre européennes et à une grande variété de personnels de sécurité qui utilisent avec succès ces idées au quotidien pour faire face à la violence.

Alors laissez-moi essayer d’expliquer de la manière la plus succincte et la plus facile à comprendre comment cela fonctionne.

Avant que cela puisse survenir, ces bases doivent être en place :
– Une bonne posture avec le sommet de la tête en suspension, car cela allège, ouvre et équilibre le corps.
– Un esprit très conscient, concentré, sensible et intense utilisant l’état d’esprit du chasseur.
– Un pong qui ouvre les articulations et les tissus myofasciaux dans un puissant alignement incurvé qui présente une barrière connectée au toucher de l’adversaire.
– Une structure spiralée ininterrompue de cette lumière, alignée et incurvée qui est toujours conduite et jamais projetée.
– La capacité à manipuler la colonne vertébrale et le centre enraciné et connecté comme un puissant et géant ressort flexible avec ouverture, fermeture, compression, étirement, torsion et libération de pouvoirs à travers le corps.

La manipulation de la colonne vertébrale et du centre «tire» l’énergie comme un flipper à travers le corps jusqu’à l’endroit où les adversaires le touchent ; cela se déroule dans leur corps sans briser la structure en spirale du pong du pratiquant.

Cela signifie que le mouvement du pratiquant n’a jamais de point faible dont l’opposant puisse profiter.

Ajoutez les 13 dynamiques et ce fa jing peut être appliqué tout en :
– Repoussant : repousser l’adversaire sans perdre de structure.
– Revenant en arrière : coller, suivre et rediriger.
– Appuyant : fermer l’adversaire vers le bas et / ou absorber et revenir.
– Poussant : déraciner.
– Cueillant : secouer.
– Divisant : prendre la structure de l’adversaire en 2 cercles opposés.
– Percutant : avec tout le corps.
– Frappant : avec n’importe quelle partie du corps.
– Avançant.
– Reculant.
– Faisant un pas à gauche.
– Faisant un pas à droite.
– Restant sur place.

Ces bases et dynamiques peuvent ensuite être utilisées n’importe où dans les techniques du taichi de la famille Yang.

Les avantages sont immenses. Le taichi Yang est toujours puissant car il est toujours motivé, structuré et en spirale, ne sous-estimez pas la puissance de cela. Le fa jing est caché car il est transmis par les manipulations de la colonne vertébrale et du centre et transmis à travers la dynamique des techniques et comme la structure en spirale continuellement conduite n’est jamais brisée, il semble que le praticien n’a rien fait ou très peu et qu’il n’a pas de points faibles dont l’adversaire puisse profiter.

Cet aspect de l’art se perd alors étant donné que peu de gens progressent au-delà de la forme 108 de Yang Chen Fu et apprennent ces compétences à travers le neigong, le qigong et les aspects martiaux des armes de la boxe longue, la poussée des mains, le sanshou à deux et les applications, mais pour ceux qui le font, les récompenses sont grandes.

Steve Rowe
  1. Parer (Peng), tirer vers l’arrière (Lu), presser (Ji), repousser (An), cueillir (Cai), tordre (lie), donner un coup de coude (zhou) et donner un coup d’épaule (kao) représentent les huit trigrammes. Avancer (Jin Bu), reculer (Tui Bu), se déplacer vers la gauche (Zuo Gu), se déplacer vers la droite (You Pan) et se fixer au centre (Zhong Ding) correspondent aux cinq éléments.
  2. 長拳 cháng quán, la boxe longue est le nom générique qui désigne un grand nombre de styles originaires du nord de la Chine, on parle aussi de 北拳 běi quán ou boxe du nord.

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