J’ai l’impression que la vie des gens se déroule sur une base erronée. Il y a un grave malentendu au départ. Les gens ne reconnaissent pas la merveille qu’est la vie elle-même, ce globe terrestre qui tourne dans le chaos et les entraîne dans son cours à travers les âges. Ce qui manque aux hommes de notre temps, c’est la dimension cosmique, ce sentiment de l’aventure de l’esprit, au-delà de la réalité apparente. Les gens d’aujourd’hui n’ont pas les antennes pour pénétrer la vraie réalité, la seule réalité qui compte. Ils sont trompés par les apparences et s’arrêtent à elles. Je ne vais pas plus loin. Car ce stupide besoin de sécurité, qui coupe les ailes de l’aventure et protège l’esprit dans la prison du conformisme, l’empêche. Toujours, ce qui m’a soutenu c’était la joie. Dans les circonstances les plus difficiles de la vie, j’ai su la trouver sur mon chemin. Je chantais. Je savais que ce qui devait arriver allait arriver. Et rien ne m’a arrêté. C’est sur ce sentiment d’émerveillement que représente la vie, sur la joie, que tout mon travail se construit.
Constantin Brâncuși – Octobre 1938, Entretiens avec Ionel Jianu. Texte publié dans la Revista Fundațiilor Regale, n° 9, septembre 1946.
Il y a des imbéciles qui définissent mon œuvre comme abstraite, pourtant ce qu´ils qualifient d´abstrait est ce qu´il y a de plus réaliste, ce qui est réel n´est pas l´apparence mais l´idée, l´essence des choses.
Constantin Brâncuși