Le dictionnaire khazar

Milorad Pavić dessin de Džoja Ratković Gavela

Le Dictionnaire khazar retrace la naissance et la disparition des Khazars, un peuple venu d’Orient[évasif], à travers les principaux mots de son histoire. Il se présente sous une forme originale, puisque de n’importe quel endroit d’où le lecteur commence, il peut comprendre le récit — ou du moins une signification possible du récit. Il par ailleurs existe trois versions de ce livre : une version féminine, une version masculine et une version androgyne.

Tripitaka Koreana

Tablette en bois du Tripitaka Koreana

Le temple d’Haeinsa, sur le mont Gaya, abrite le Tripitaka Koreana , collection la plus complète de textes du canon bouddhiste, gravés sur 80 000 tablettes de bois entre 1237 et 1248. Destinés à recevoir ces tablettes – documents vénérés autant qu’œuvre d’art exceptionnelle –, les bâtiments du Janggyeong Panjeon datent du XVe siècle et sont les plus anciens dépôts du Tripitaka . Ils démontrent une maîtrise stupéfiante dans la conception et la mise en œuvre des techniques de conservation de ces tablettes de bois.

Jardin des fleurs

Chaque souffle, dès qu’inspiré, anime l’âme, et une fois expiré, réjouit le cœur. Alors, il existe deux dons [divins] en chaque souffle, et chaque don nécessite un remerciement [de l’homme]

Qui pourrait donc, par la main et la langue,

Se décharger du remerciement de Dieu.

Saadi in Jardin des fleurs (traduction de Sepehr Yahyavi)

Quel est ton tourment ?

Portrait de Simone Weil

Qu’est-ce que l’attention ? La penseuse française Simone Weil, qui a fait de cette question le cœur de sa philosophie, répond : l’attention est la capacité d’attendre. Une attente non résignée, mais active, intense, vigilante. Le deuxième sens de l’attention pour Weil est l’attention à l’autre. L’attention comme base sensible de la relation avec l’autre. Comment ça ?

À l’écoute de l’être

Portrait de Friedrich Nietzsche

L’artiste qui intensifie le désir de vivre en faisant naître des valeurs nouvelles qui sont autant d’appâts pour la volonté, obéit, plus qu’il ne lui commande, au soulèvement de la vie qui le détermine à agir.

Êtes-vous persuadé que la religion triomphera ?

Portrait de Jacques Lacan 1967

Oui. Elle ne triomphera pas seulement sur la psychanalyse, elle triomphera sur beaucoup d’autres choses encore. On ne peut même pas imaginer comme c’est puissant, la religion. J’ai parlé à l’instant du réel. Le réel, pour peu que la science y mette du sien, va s’étendre, et la religion aura là beaucoup plus de raisons encore d’apaiser les cœurs. La science, c’est du nouveau, et elle introduira des tas de choses bouleversantes dans la vie de chacun. Or, la religion, surtout la vraie, a des ressources que l’on ne peut même pas soupçonner. Il y ont mis le temps, mais ils ont tout d’un coup compris quelle était leur chance avec la science. Il va falloir qu’à tous les bouleversements que la science va introduire, ils donnent un sens. Et ça, pour le sens, ils en connaissent un bout. Ils sont capables de donner un sens vraiment à n’importe quoi. Un sens à la vie humaine, par exemple. Ils sont formés à ça. Depuis le commencement, tout ce qui est religion consiste à donner un sens aux choses qui étaient autrefois les choses naturelles.Ce n’est pas parce que les choses vont devenir moins naturelles, grâce au réel, que l’on va cesser pour autant de sécréter le sens. Et la religion va donner un sens aux épreuves les plus curieuses, celles dont les savants eux-mêmes commencent justement à avoir un petit bout d’angoisse. La religion va trouver à ça des sens truculents.

Jacques Lacan in Le triomphe de la religion

Les quatre grands classiques

Le Frérot Jade (Jia Baoyu) et sa cousine la Sœurette Lin (Lin Daiyu) au Palais ducal de la Gloire de l'État, dans le Parc aux Sites grandioses.

Les quatre grands livres extraordinaires circulent dès la fin des Ming en tant que chefs-d’œuvre représentatifs chacun d’un sous-genre : le roman historique avec Les Trois Royaumes, le roman de cape et d’épée avec Au bord de l’eau, le roman fantastique avec La Pérégrination vers l’Ouest, et le roman de mœurs avec Le Rêve dans le pavillon.

Homo sum

Les Chants du crépuscule, Les Contemplations, encre, plume, crayon, papier, entre 1882 et 1883, Gustave Fraipont

Les Contemplations constituent une œuvre majeure dans l’œuvre de Victor Hugo. L’auteur exprime dans ce recueil le processus d’englobement du monde dans les mots. Le poète, considéré comme sujet lyrique, réfléchit en lui bonheur et misère, infini et mort, grandeur et cataclysme.

L’autre éventail

L'empereur Taizong recevant l'envoyé tibétain, détail, Yan Liben

L’éventail (搧 shān) dans le taiji quan et le wushu fait partie de ces objets de la vie courante chinoise qui ont été détournés de leur usage premier pour servir d’arme.
L’utilité première de l’éventail était bien sur de ventiler. Mais il est aussi très vite devenu un un accessoire de mode très apprécié . Élément de parure donc, adopté par les nobles et qui faisait d’ailleurs partie intégrante des costume codifiés de cérémonies et de la vie courante. A l’origine confectionné avec des plumes, la toile de l’éventail se change bientôt en soie et l’armature pouvait être en bambou, bois de santal, ou de matières plus précieuses comme le jade, la corne et l’ivoire.

Le mur, l’enceinte

Porte ronde d'un jardin classique chinois

Je vous propose des extraits du texte de Françoise Ged consacré à la qualité des relations dans l’architecture chinoise. Françoise Ged, architecte et docteure en histoire et civilisation, est responsable de l’Observatoire de l’architecture de la Chine contemporaine à la Cite de l’architecture et du patrimoine. Ces extraits évoquent des notions qui sont au cœur de nos pratiques : l’intérieur, l’interne et l’extérieur, l’externe, la respiration entre l’interne et l’externe, la fermeture et l’ouverture, les orifices, les portes, le parcours, la voie, le dévoilement.

En dansant joyeusement

Paysage savignacois, photographie Dominique Clergue

Thich Nhat Hanh commente le passage du Soutra de la sagesse qui nous mène à l’autre rive : Tous les phénomènes portent l’empreinte du vide, leur nature véritable n’est ni la naissance ni la mort, ni l’être ni le non-être, ni la pureté ni l’impureté, ni la croissance ni la décroissance.

Veillée de Noël

L'Adoration des bergers détail, Le Caravage

Nous sommes en 1940, en Allemagne, dans le stalag XII-D près de Trèves, Jean-Paul Sartre venait d’écrire Bariona ou le Fils du tonnerre, une pièce de théâtre inspirée du genre médiéval des Mystères.  Des prêtres prisonniers demandent à Jean-Paul Sartre, prisonnier depuis quelques mois avec eux, de rédiger une petite méditation pour la veillée de Noël. Sartre, l’athée, le critique de l’aliénation religieuse, accepte, et offre à ses camarades ces quelques lignes magnifiques.