Samā‘

Sama, danse giratoire sacrée des derviches tourneurs soufis

Samā‘ désigne la danse giratoire sacrée des derviches tourneurs Mevlevi qui s’exécute dans le semahâne. Le samā‘ fait partie des pratiques spirituelles du soufisme.

Les derviches tourneurs se déplacent d’abord avec lenteur et font trois fois le tour de la piste. Chaque derviche se tourne vers celui qui est derrière lui et tous deux s’inclinent avant de reprendre leur circumambulation. Ce déplacement est le symbole des âmes errantes cherchant à la périphérie de l’existence. Après le troisième tour, le maître prend place sur son tapis et les danseurs attendent. Alors les chanteurs chantent et quand ils s’arrêtent, les derviches, en un geste triomphal, laissent tomber leur manteau noir, dévoilant leur vêtement blanc. La chute du manteau est celle de l’illusion. Quand le manteau noir qui représente l’enveloppe charnelle est abandonné, c’est la résurrection. Les derviches, bras croisés sur la poitrine, mains sur les épaules, se mettent à tourner lentement, sur eux-mêmes puis écartent les bras, la main droite tournée vers le ciel pour récolter la grâce de Dieu et la main gauche tournée vers le sol pour la dispenser vers les hommes. En même temps qu’ils tournent sur eux-mêmes, ils tournent autour de la salle. Ce double tour figure la loi de l’univers, l’homme tourne autour de son centre, son cœur, et les astres gravitent autour du soleil. Ce double symbolisme cosmique est le véritable sens du Sema : toute la création tourne autour d’un centre.

Les poésies mystiques chantées dans le samā‘ associent les thèmes de l’amant et de l’aimé, de l’ivresse spirituelle, de la nostalgie de la séparation de l’être bien-aimé ou encore de notre divine essence. Ces états intérieurs accentués par la danse sont les effets de l’ivresse spirituelle qui se traduit par une sensation de submersion et un oubli de soi-même dont l’aboutissement est l’extinction dans la présence divine.

Sache que le monde tout entier est miroir,
dans chaque atome se trouvent
cent soleils flamboyants.
Si tu fends le cœur d’une seule goutte d’eau,
il en émerge cent purs océans.
Si tu examines chaque grain de poussière,
mille Adam peuvent y être découverts…

Un univers est caché dans une graine de millet ;
tout est rassemblé dans le point du présent…
De chaque point de ce cercle
sont tirées des milliers de formes.
Chaque point, dans sa rotation en cercle,
est tantôt un cercle,
tantôt une circonférence qui tourne.

Mahmûd Shabestarî. Poète soufi, Iran (XIVè s.)