Le nuage de l’inconnaissance

Par nature, les sens sont ordonnés en sorte qu’avec eux, les hommes puissent avoir connaissance de toutes choses corporelles extérieures ; mais en aucune façon ils ne peuvent parvenir, avec eux, à la connaissance des choses spirituelles par leurs opérations, veux-je dire. Parce que par leur cessation et impuissance, nous le pouvons, de la manière qui suit : lorsque nous lisons ou entendons parler de certaines choses, et par suite comprenons que nos sens extérieurs ne peuvent nous renseigner ni apprendre aucunement quelle est la qualité de ces choses, alors nous pouvons véritablement être assurés que ces choses sont spirituelles et non corporelles.

Le nuage de l’inconnaissance

Cet écrit anonyme anglais de la fin du XIVe siècle se présente comme un guide de la vie contemplative. La théologie mystique s’y trouve prônée en réaction à la théologie scolastique ou spéculative qui avait cours alors. Probablement écrit par un ermite, ce texte a souvent été comparé aux thèses du bouddhisme zen par la dimension universelle de l’expérience spirituelle qui y est dévoilée.

Une goutte d’eau rejetée par l’agitation de la mer,
En plein hiver, tomba dans le désert.
Devenue glace par la rigueur du froid,
Elle crut vivre une existence indépendante.
Et cependant, par chacun, en tout lieu,
Elle entendait parler de la mer.
Elle pensa trouver, dans la rosée et dans la pluie,
La preuve de l’existence de cet océan.
Or, malgré les affirmations de la raison,
Cent doutes se dissimulaient dans son âme.
Oui, dans le désert pierreux de l’illusion et de l’imagination,
Nul ne s’est jamais sauvé par la déduction. 

Djâmi 

Le XVe siècle marqua le triomphe de la poésie mystique d’inspiration soufie et voit s’écrire les dernières œuvres de la période dite « classique » de la poésie persane. Le plus grand représentant de ce mouvement est sans doute le poète Djâmi (†1492), originaire du Khorasan, souvent considéré comme la dernière grande figure de la poésie classique iranienne. Après des études à Samarkand, il rejoignit la confrérie soufie des Naqchabandis et s’inspira directement de cette expérience dans l’ensemble de ses œuvres littéraires.


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