Deuxième chapitre de la théorie du taiji quan : Sans excès ni insuffisance, se plier et s’étirer en conséquence.
Wú guò bu jí, suí qū jiù shēn.
Cette ligne décrit le premier principe important de la compétence du taiji quan : le suivi. C’est le fondement de toutes les compétences du taiji quan. La première partie de cette phrase décrit l’aspect mesurable du suivi de la force de votre adversaire : sans excès (無過 wúguò) ni insuffisance (不及 bù jí). Cette idée peut également être utilisée pour décrire un concept de base du taiji quan : lorsque vous touchez votre adversaire, votre esprit, votre force physique et vos mouvements doivent toujours être en équilibre, avec juste la bonne quantité de force en réponse, ni plus ni moins. Cette phrase est également couramment utilisée comme citation pour décrire l’idée de suivre dans la pratique du taiji quan.
La deuxième partie de la phrase concerne l’amplitude de mouvement de votre adversaire. Si votre adversaire veut plier certaines parties de son corps, comme son coude, se courber (曲 qū), l’idée est de le suivre et même avec délicatesse de tenter de le fléchir un peu plus qu’il ne le souhaite. S’il souhaite s’étendre, s’allonger (伸 shēn), suivez-le également et obligez-le même légèrement à s’étirer un peu plus loin que prévu. Le point clé est de suivre le mouvement de votre adversaire.
L’une des idées fondamentales du taiji quan est de ne pas résister directement ou immédiatement à son adversaire. Si vous n’avez pas réussi à suivre les mouvements de votre adversaire en conséquence et que vous allez simplement à l’encontre de sa force, comme le font naturellement la plupart des gens, alors vous ne pratiquez pas le taiji quan. De plus, le suivi ne peut pas être bref ni entraîner une perte de contact. Attention, ce céder ne doit pas être mou, cela rendrait votre force trop faible.
Au début de la pratique de la poussée des mains, une force minimale doit être utilisée. Suivez les mouvements de votre adversaire, quoi qu’il fasse, restez détendu et continuez à le toucher. A partir de cette pratique, vous améliorerez votre sensibilité. Cette pratique est l’habilité (功夫 gōng fu) de base pour toutes les compétences du taiji quan. Chaque compétence du taiji quan repose sur le suivi. Si vous ne parvenez pas à bien suivre, soit vous résisterez toujours de la mauvaise manière à la force de votre adversaire, soit vous perdrez le contact, de sorte que vous ne pourrez pas rester détendu et bien maintenir le contact. Si vous ne parvenez pas à vous détendre ou si vous perdez le contact, votre sensibilité ne se développera jamais. La règle est la suivante : si vous ne parvenez pas à bien suivre, vous ne pourrez pas bien pratiquer le taiji quan.
Afin d’acquérir la compétence de suivre, vous devez faire de nombreuses pratiques de poussée des mains, telles que la compétence à quatre mains, les cercles aléatoires et la capacité de coller et d’adhérer (黏黏勁 zhān nián jìn). Ce genre de pratique doit être mené sans souci de gagner ou de perdre. Pour développer ces compétences, la pratique prend généralement beaucoup de temps, mesuré en années d’effort quotidien. Dans de nombreux groupes, cela peut prendre plus de trois ans. De nombreux enseignants n’aiment pas que les élèves acquièrent d’autres compétences avant de pouvoir bien suivre.
Si votre objectif est d’acquérir une véritable compétence en taiji quan et d’atteindre un niveau élevé, vous devez être patient, concentré et dévoué. Il n’existe pas de raccourci pour acquérir les compétences du taiji quan.
Pour suivre simplement, en ne donnant ni plus ni moins d’énergie ou de résistance à votre adversaire, il existe deux cas courants qui méritent attention. Habituellement, au début de la pratique, la plupart des gens en font trop, ce qui signifie qu’ils sont soit trop tendus, soit qu’ils utilisent trop de force physiquement. Mais pour une pratique avancée, les gens peuvent trop se détendre, et alors généralement leur force devient trop faible et lâche. Avec trop de force, le point de contact entre vous et votre adversaire sera trop dur à cause de la résistance. C’est ce qu’on appelle 頂 dǐng. Lorsque votre force est trop lâche ou faible, le point de contact entre vous et votre adversaire sera perdu. C’est ce qu’on appelle 丟 diū. Ding et diu sont utilisés pour décrire les erreurs les plus courantes dans la pratique du taiji quan. Habituellement, les gens oscillent entre ces deux points, soit en utilisant trop de force, soit en utilisant pas assez de force. Trouver l’équilibre, faire ni plus ni moins, tel est votre objectif.