Le traité de Wang Zongyue illustré

王宗岳太極拳論 Wáng Zōngyuè tàijí quán lùn

Illustration de la théorie du taijiquan de Wang Zongyue par Pan Shunq

潘顺祺 Pān Shùnqí, né le 27 octobre 1956, est un dessinateur chinois, il a rejoint l’Association des artistes en 1982, le Comité des arts de la bande dessinée de l’Association des artistes de Shanghai ; il a été rédacteur en chef de Famille moderne (现代家庭 xiàndài jiātíng) et d’autres magazines. Il s’est rendu plusieurs fois au Japon, en Yougoslavie, en Russie.

太极者,无极而生,阴阳之母也,阴阳之母也。

Le taiji est né sans limite, il procède du mouvement et de l’immobilité, il est la mère du yin et du yang.

动之则分,静之则合。

Le mouvement est séparation, l’immobilité est union.

无过不及,随曲就伸。

Sans excès ni insuffisance, se conformer au chant.

人刚我柔谓之走,我顺人背谓之粘。
动急则急应,动缓则缓随。
虽变化万端,而理唯一贯。


Si il est dur, je suis doux, c’est céder ; le suivre lorsqu’il cède, c’est adhérer.
S’il bouge rapidement, je l’accepte; s’il bouge lentement, j’y consent.
Quoi qu’il y ait dix mille transformations, le principe est unique.

由著熟而渐悟懂劲,由懂劲而阶及神明。

En cherchant sans relâche, on réalise graduellement la manière de comprendre, la puissance de compréhension (懂劲 dǒng jìn) par laquelle l’esprit s’illumine (神明 shénmíng).

然非用力之久不能豁然贯通焉。

Cependant, cela ne peut être pénétré soudainement et nécessite un long effort.

虚领顶劲,气沉丹田,不偏不倚,忽隐忽现。

On doit être vide et faire culminer l’énergie, concentrer le souffle dans le champ du cinabre inférieur et se maintenir constamment dans l’axe en ne fixant l’énergie nulle part de façon à rester insaisissable.

左重则左虚,右重则右杳。

La force de l’adversaire ne doit rencontrer que le vide, à gauche comme à droite.

仰之则弥高,俯之则弥深。

Si l’adversaire attaque vers le haut, il faut l’attirer encore plus haut; s’il attaque vers le bas, il faut le faire descendre encore plus bas.

仰之则弥高,俯之则弥深。

Quand il s’avance, la distance qui sépare doit augmenter; quand il recule, cette distance doit diminuer.

一羽不能加,蝇虫不能落。

Une plume ne peut être ajoutée, une mouche ne trouve où se poser.

人不知我,我独知人。

L’autre ne me connaît pas, moi seul je perçois ses intentions.

英雄所向无敌,盖皆由此而及也!

Le héros est invincible, par la compréhension de ce qui précède.

斯技旁门甚多,虽势有区别,概不外壮欺弱,慢让快耳。有力打无力,手慢让手快。是皆先天自然之能,非关学力而有为也。察四两拨千斤,显非力胜。观耄耋御众之形,快何能为

Il existe de nombreuses techniques de combats qui, bien que différentes dans leurs formes, visent toutes à vaincre la faiblesse par la force et la lenteur par la rapidité. Que la force surpasse la faiblesse et qu’une technique rapide l’emporte sur une technique plus lente, il ne s’agit là que des capacités d’une constitution physique favorisée par la nature et développée par l’entraînement, et non pas des fruits d’un travail profond et soutenu. L’adage quatre onces renversent mille livres montre qu’une grande force peut être vaincue avec une force infime. Lorsque l’on voit des vieillards déjouer les attaques de nombreux assaillants, ce n’est pas la rapidité mais bien d’autres qualités qui sont mises en œuvre.

立如枰凖,活似车轮,偏沈则随,双重则滞。

Il faut se tenir en équilibre comme les plateaux d’une balance et se mouvoir comme une roue : si le poids tombe d’un côté alors le mouvement suit. La double lourdeur (双重 shuāng zhòng) provoque la stagnation.

每见数年纯功不能运化者,率皆自为人制,双重之病未悟耳。欲避此病,须知阴阳,粘即是走,走即是粘,阳不离阴,阴不离阳,阴阳相济,方为懂劲。

Chaque fois que l’on rencontre un adepte qui, malgré des années de pratique, ne parvient pas à transformer l’énergie adverse et est dominé par elle, c’est qu’il n’a pas réalisé l’erreur du double poids. On corrige ce défaut par la compréhension du yin et du yang. Adhérer (粘 nián) c’est esquiver (走 zǒu) et esquiver c’est adhérer. Le yin ne quitte pas le yang et le yang ne se sépare pas du yin. C’est seulement lorsque le yin et le yang se répondent mutuellement que l’on obtient la puissance (劲 jìn) de compréhension (懂 dǒng).

懂劲后,愈练愈精,默识揣摩,渐至从心所欲。

En y appliquant sans cesse le corps et l’esprit on en pénètre progressivement l’essence (精 jīng) jusqu’à ce que le mouvement suive le désir du cœur.

本是舍已从人,多误舍近求远,所谓差之毫厘,谬之千里,学者不可不详辨焉!是为论。

Le fondement réside dans le renoncement à soi pour suivre l’autre. Nombreux sont ceux qui commettent l’erreur de délaisser ce qui est proche pour chercher ce qui est lointain. Comme on le dit : au moindre faux pas, on s’écarte de mille li du but. Ceux qui étudient ce traité doivent bien examiner cela. Fin du traité.


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