Disons à nos enfants

Portrait d'Ariane Mnouchkine

Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.

Cymatique

Utkan Demirci et Sean Wu utilisent l'acoustique pour manipuler les cellules cardiaques selon des motifs complexes.

e philosophe suisse Hans Jenny (1904-1972), et qui vient du substantif grec κῦμα, la vague.  Le son est une perception provoquée par des vibrations physiques. Il peut traverser tous les états de la matière, liquide, solide, gazeux, plasma et se propage à une vitesse qui dépend du milieu. En traversant la matière, il produit des vibrations qui sont à l’origine du procédé cymatique.

O Sensei, qu’est-ce que l’aïkido ?

Mariye Takahashi avec Morihei Ueshiba

Le matin où j’ai parlé à O-Sensei de mon voyage, je suis allé le voir après l’entraînement. Il était assis dans sa chambre avec des lunettes en lisant un livre. Il s’arrêta de lire et me salua de sa manière habituelle, innocemment joyeuse. J’ai dit : « O-Sensei, j’ai quelque chose à vous dire » et je l’ai informé que j’allais aux États-Unis pour étudier. Il a dit : « L’Amérique ? Eh bien, cela semble merveilleux pour vous ! Je vous souhaite le meilleur. » Il était vraiment content pour moi. Il m’a aussi donné un livre intitulé Aikido comme cadeau de départ. Puis il m’a dit : « Avant de partir, avez-vous quelque chose à me demander ? » Alors j’ai simplement dit : « O-Sensei, qu’est-ce que l’aïkido ? » Il m’a répondu en disant: « Eh bien, laissez-moi l’écrire pour vous et un jour vous pourrez le lire et le comprendre. » Ce qu’il a écrit, ce sont les mots : « entraînement intellectuel, entraînement physique, entraînement à la vertu, entraînement au ki – de ces mots est issue la sagesse pratique. Il a ajouté qu’il ne faudrait pas qu’un seul d’entre eux manque, que l’absence de l’un d’entre eux réduirait le tout à rien et ralentirait inévitablement le développement global de chacun. Il faut, me dit-il, toujours maintenir un équilibre harmonieux entre ceux-ci.

Traduction des propos de Mariye Takahashi in Interview with Mariye Takahashi

En 1960, une jeune Japonaise pleine d’entrain rejoint l’ancien Aikikai Hombu Dojo et tombe sous le charme du charismatique fondateur de l’Aikido, Morihei Ueshiba. Mariye (Yano) Takahashi est progressivement devenue une confidente de la famille Ueshiba et des Hombu uchideshi, nouant des liens d’amitié qui perdurent encore aujourd’hui.

Le sens du mouvement

Maiko, photographie de Jean Claude Sanchez

Ce livre d’Alain Berthoz veut montrer comment nous pensons avec tout notre corps. Aux cinq sens traditionnels, Alain Berthoz en ajoute un sixième : la kinesthésie ou sens du mouvement. Il n’y a pas de mouvement sans pensée. Nous prenons la décision de marcher, de courir, de sauter, de danser, avec l’intention d’aller d’un endroit à un autre. Nous sommes donc capables d’évaluer une distance, de programmer une trajectoire et parfois très vite comme lorsque nous dévalons une pente à skis. Le sens du mouvement nous oblige à revoir notre conception du cerveau.

Sūtra du Cœur

Calligraphie du Sutra du Cœur en forme de pagode

Le Sūtra du Cœur contient le cœur de l’enseignement de la Prajnaparamita. C’est le plus court des soutras Prajñāpāramitā, un ensemble de textes de longueur très variable écrits entre le Ier siècle AEC et le VIe siècle EC, dont le thème principal est la Perfection de la Sagesse, à savoir la vacuité de toute chose et de tout phénomène, ce qui ne veut pas dire leur non-existence, mais leur absence de caractère substantiel, fixe et permanent.

Au commencement

Tapisserie de la Création, XI – XIIe siècle, tapisserie, Cathédrale de Gérone, Gérone

Il est écrit : « Au commencement était le Verbe ! »
Je butte ici déjà ! Qui m’aidera à poursuivre ?
Je ne peux nullement porter si haut le Verbe,
Je dois traduire autrement,
Si l’Esprit justement m’illumine.
Il est écrit : Au commencement était le Sens.
Songe bien à la première ligne,
Que ta plume point ne se précipite !
Est-ce le sens partout qui agit et crée ?
Il faut mettre : Au commencement était la force !
Mais, même quand je couche cela sur le papier,
Quelque chose m’alarme, et je n’y demeure pas.
M’aide l’Esprit ! J’y vois clair soudain !
Et écris confiant : au commencement était l’action !

Johann Wolfgang von Goethe in Fausttraduit par Claire Placial

Dans un rose d’aurore

Mer avec nuages et trois bateaux, aquarelle, 1946, Emil Nolde

C’était sur des surfaces unies et planes comme celles de la mer que, par un matin d’orage déjà tout empourpré, commençait, au milieu d’un aigre silence, dans un vide infini, l’œuvre nouvelle, et c’est dans un rose d’aurore que, pour se construire progressivement devant moi, cet univers inconnu était tiré du silence et de la nuit.

 Marcel Proust in La Prisonnière : À la recherche du temps perdu

Un meilleur être

Portrait de Claude Larre

La médecine que j’ai prise un moment comme objet d’un travail, je l’intègre en même temps en tant que conscience corporelle personnelle dans cet effort de vie spirituelle. Pourquoi, moi, Jésuite à Paris, qui ai une trentaine d’années de chinois, pourquoi depuis douze ou quinze ans, je fais de la médecine chinoise ? Est-ce pour rendre service à des amis ? Oui. Est-ce une curiosité de l’esprit ? Oui. Mais aussi parce que ça s’intègre dans les propos que je viens de tenir. Parce qu’il faut également sauver les gens… Il ne suffit pas de les instruire. L’enseignant n’est pas un simple enseignant. L’enseignant, c’est quelqu’un qui travaille avec les autres à un certain meilleur être.

Claude Larre in revue Hexagrammes

Aux grandes pierres plates

Paysage, Wang Wei

戏题盘石可怜盘石临泉水,
复有垂杨拂酒杯。
若道春风不解意,
何因吹送落花来

L’étanchéité

Voilier au large de Saint-Jean de Luz, photographie de Dominique Clergue

C’est à savoir se confronter sans s’aliéner ni se révolter que l’étanchéité est utile. L’étanchéité est la vertu indispensable à la tolérance de la différence. Il y a deux façons d’être étanches : comme une digue ou comme un bateau. Les humains qui fonctionnent en digue veulent protéger leur intérieur des marées montantes, des tsunamis, protéger un avoir, des certitudes, planter les fondations de leur digue sur la terre ferme, croire en la permanence. Les humains qui fonctionnent en bateau acceptent le dérisoire et l’impermanence. Le reste de l’univers, les humains compris, est pour eux un vaste océan sur lequel ils naviguent, dérisoires. Mais chaque goutte d’eau qu’ils rencontrent est aussi en elle-même, même si elle l’ignore, un frêle esquif confronté aux autres gouttes. A être à ce point étanche, quelle que soit la hauteur de la marée, là où la digue s’affole, panique et se désespère d’être submergée, le bateau flotte. Encore faut-il qu’il ne soit pas amarré au quai. Mais c’est une autre histoire …

Claude Maillet in Du chantier naval au grand large

Sous la surface des choses

Alba lunare, 1930, Gerardo Dottori

« A mes yeux, il me semble avoir été qu’un enfant jouant sur le rivage, réjoui de trouver de temps à autre un galet mieux poli ou un coquillage plus joli qu’à l’ordinaire, tandis que le vaste océan de la Vérité s’étendait devant moi, inconnu. » — Isaac Newton