La porte de l’harmonie suprême

紫禁城 zǐ jìn chéng

La cité (城 chéng) pourpre (紫 zǐ) interdite (禁 jìn), généralement appelé par les Chinois le palais ancien (故宫 gùgōng), est le palais impérial au sein de la Cité impériale de Pékin dont la construction fut ordonnée par Yongle. Ce palais, qui s’étend sur une superficie de 72 hectares — fait partie des palais les plus anciens et les mieux conservés de Chine. De nos jours, il est devenu un musée, le musée du palais (故宫博物院 gùgōng bówùyuàn), qui conserve les trésors impériaux de la civilisation chinoise ancienne et de très nombreuses œuvres d’art chinois de première importance : peintures, bronzes, céramiques, instruments de musique, laques, etc.

La Cité interdite a été bâtie par l’empereur Yongle, troisième empereur de la dynastie Ming, entre 1406 et 1420, qui déplace la capitale de Nankin à Pékin afin de mieux contrôler la frontière nord, d’où venaient les Mongols. Or, la tradition voulait que lorsqu’une dynastie prenait le pouvoir sur une autre, elle mettait des scellés sur l’ancien palais et s’en construisait un nouveau pour elle. Comme il s’agissait de palais en bois, ils disparaissaient : ainsi, on ne retrouve plus rien du palais des dynasties précédentes, les Han ou les Tang, à l’époque ou Xi’an était la capitale de la Chine.

Comme tous les envahisseurs de la Chine, ils [les Mandchous qui installent les Qing au pouvoir ] n’avaient qu’une envie, devenir chinois. Ils se sont donc glissés avec bonheur dans le palais des Ming, ils ont entretenu et agrandi la Cité interdite, ce qui est inédit dans l’histoire chinoise car auparavant, on laissait les bâtiments disparaître,

Cyrille Javary

太和門 tài hé mén

La porte (門 mén) de l’harmonie (和 hé) suprême (太 tài) est la grande entrée officielle de la cour extérieure de la Cité interdite (外朝 wài cháo). Le caractère 朝 cháo signifie cour impériale mais aussi  dynastie, vers,  en direction de. Construit sous le règne Yongle (永樂帝 Yǒnglè Dì, 1360 – 1424 ), elle fut d’abord nommée Porte de la vénération du ciel (奉天門 fèng tiān mén). L’empereur Jiajing (嘉靖帝 Jiājìng dì, 1507-1567) la rebaptisa Porte de la suprématie impériale (皇器門 huáng qì mén). Son nom actuel a été attribué en 1645 après que le régime Qing ai déplacé sa capitale à Pékin et a commencé à régner sur la Chine. La porte actuelle a été reconstruite en 1889 après avoir été détruite par un incendie l’année précédente.

La porte de l’harmonie suprême sépare la première cour, celle dite de la rivière aux eaux d’or, de la cour du palais de l’harmonie suprême, le principal palais de la cité interdite. C’est une porte très importante. Cette porte est gardé par deux lions de bronze. Il s’agit de symboles de la puissance impériale. Le lion sur le côté Est est un mâle. Sa patte avant droite est placé sur un globe indiquant le pouvoir impérial étendu dans le monde entier. La lionne sur le côté ouest a sa patte avant gauche sur un lionceau. Elle représente la famille impériale florissante et prospère. Les chambres de chaque côté auraient servi d’entrepôts pour stocker des éléments tels que la fourrure, de la porcelaine, de l’argent, le thé, la soie, le satin et les vêtements.

Cette porte est ouverte sur un épais mur recouvert de tuiles vernissées. Plus qu’une simple ouverture, il s’agit d’un bâtiment d’à peu près 20 m de long, construit sur des fondations de marbre montant à 2 mètres de hauteur. Il y a deux escaliers peu raide pour y accéder, les deux escaliers étant en marbre avec des balustrades décorées. A l’entrée, il y a une statue de lion.

Le bâtiment est comme souvent rectangulaire, il est doté d’un double toit de tuiles vernissées à dominante jaune, la couleur de l’empereur. Chaque bout du toit a un élément décoratif imposant. Au rez-de-chaussée se trouve une bordée d’arcades décorées, en bois peints. Il y en a 9 sur la longueur et 4 sur la largeur. L’ensemble du bâtiment fait 1300 mètres carrés. Le mur qui le prolonge est percée de deux autres portes, plus modestes, mais qui sont également deux petits pavillons en soi : La porte Zhendu (à l’Ouest) et la porte Zhaode (à l’Est). Elles sont identiques, une sorte de petit pavillon sans mur extérieur et avec un grand toit unique de tuiles vernissées jaunes.

Ce bâtiment n’était pas qu’une simple porte, c’était surtout la salle principale dans laquelle les empereurs Ming réglaient les affaires de l’Etat. Le cérémonial était bien huilé : Les mandarins et militaires venaient ici de bonne heure et y attendait l’audience impériale. L’empereur, travaillait assis sur le trône. Par la suite la salle d’audience sera transférée au Palais de la Pureté céleste, dans la cour intérieure.


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