Au milieu des années 1890, des problèmes de santé l’ayant forcé à renoncer à la peinture de paysage, Georg Oeder se lance dans la collection d’ objets d’art japonais – surtout des images du monde flottant et des gardes d’épée. Sa collection de tsubas, à l’époque l’une des plus importantes au monde, a été photographiée et imprimée dans un catalogue publié en 1916. Ce catalogue est maintenant presque tout ce qui reste de la collection d’Oeder, dont l’essentiel a été vendue ou perdue. après sa mort en 1931.
Oeder se targuait d’être un collectionneur consciencieux. Lors de son séjour de sept ans à Tokyo, il a amassé des tsubas et d’autres éléments de sabres japonais. Là, avec l’aide de Wada Tunashiro et d’Akiyama Kysaka, comme il l’écrit dans son introduction au catalogue, il a purgé la collection des contrefaçons, éliminé les excès et retenu les objets rares manquants. Heureusement, Oeder avait également consciencieusement photographié et documenté sa collection, dont les merveilles font le bonheur des experts et des amateurs.
Les tsubas dans le catalogue d’Oeder représente un large éventail de styles. Les premiers tsubas étaient en cuir ou en fer et servaient principalement à équilibrer l’arme et à protéger la main du sabreur. Puis, au cours des quinzième et seizième siècles, de nouveaux métaux ont été incorporés, notamment le cuivre, l’argent, le shakudō et le bronze, permettant aux artisans de développer des motifs plus complexes. Ces motifs complexes, allant des motifs floraux aux figures animales et humaines, sont parmi les plus mémorables de la collection d’Oeder.
Au début de la période Edo, en 1603, les tsubas devinrent de plus en plus importants en tant que symboles en forme de crête pour les samouraïs de haut rang, qui n’étaient plus si souvent en guerre. Au fur et à mesure que leur fonction devenait de plus en plus symbolique, leurs conceptions devenaient de plus en plus ornementées et leurs matériaux (par exemple de l’or, qui ne convient pas au combat) de plus en plus flamboyant. À la fin du XVIe siècle, les artisans qui fabriquaient ces symboles avaient déjà commencé à se spécialiser, au point de signer leur travail impressionnant. (Aujourd’hui, le travail de ces artisans, tels que Shoami, Hoan, Yamakichi et Owari, continue d’être recherché par les collectionneurs.)
La collection d’Oeder contenait également un certain nombre d’éléments d’épée japonais, autres que les tsubas . Il y avait les ornements sur les manches de couteaux et d’épées (kozuka, menuki), les pommeaux (kashira) et les férules (fuchi ). Tous révèlent une beauté exquise.
- Le shakudō (赤銅) est un alliage de cuivre contenant typiquement 3 à 7% d’or, principalement utilisé pour sa patine noir-pourpré d’apparence lacquée.
- Sur une arme japonaise, et notamment les katana, la garde s’appelle 鍔 tsuba. Son rôle est de protéger la main et de l’empêcher de glisser de la poignée, nommée 柄 tsuka, sur le tranchant de la lame, d’en assurer l’équilibre par contrepoids, et enfin de parfaire les techniques de défense d’un 短刀 tantō.
- 浮世絵 ukiyo-e, image du monde flottant, est un mouvement artistique japonais de l’époque d’Edo (1603-1868) comprenant non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout les estampes japonaises gravées sur bois.