Franck André Jamme
Lorsque le poète français Franck André Jamme tomba sur un petit catalogue d’art tantrique chez un libraire parisien, il imagina d’en collecter les dessins. Le recueil comprenait des écrits d’Octavio Paz et d’Henri Michaux, et Jamme fut impressionné par l’affinité de ces images avec l’art moderne et la poésie. Il lu avec voracité et se rendit même en Inde, cherchant en vain des pratiquants tantriques, jusqu’à ce qu’un accident de bus sur la route de Jaipur le renvoie en France avec de graves blessures. À son retour quelques années plus tard, il rencontra un devin qui proclama que Jamme avait maintenant suffisamment rendu hommage à la déesse Shakti et l’obliga à faire un vœu: il devait visiter les tantriques seul ou en compagnie d’un être cher.
Dès lors, Jamme eut accès à des communautés d’adeptes très privés et à leurs œuvres d’une beauté intense. Ces dessins contemporains et anonymes du Rajasthan sont différents des courants les plus connus de l’art tantrique – les yantras géométriques ou les illustrations érotiques du Kama Sutra.
Descendant de traités religieux illustrés du XVIIe siècle, ces dessins ont évolué en un lexique visuel distinct conçu pour éveiller des états de conscience élevés et sont imprégnés de significations spirituelles spécifiques (par exemple, des spirales et des flèches pour l’énergie, un triangle inversé pour Shakti).
Franck André Jamme est l’auteur de plus d’une douzaine de livres de poésie. Ses travaux traduits (par John Ashbery, Charles Borkuis, David Kelley et d’autres) comprennent New Exercises, Another Silent Attack, The Recitation of Forgetting et Extracts from the Life of a Beetle. Il a collaboré à des livres avec un certain nombre d’artistes dont Philippe Favier, Suzan Frecon, Acharya Vyakul et Hanns Schimansk. Spécialiste de l’art brut, de l’art tantrique et tribal de l’Inde, il a notamment participé à des expositions au Centre Pompidou, au Beaux-Art de Paris et au Drawing Center.
Ses découvertes ont été rassemblées dans Tantra Song. Elles ont été exposées pour la première fois en 1994 à la galerie d’Agnès b. à Paris, où Jamme a accroché cette notice triomphale:
Peut-être rarement dans l’histoire universelle de la peinture des œuvres, à la fois aussi mystérieuses et simples, mais si puissantes et pures, furent jamais produites – un peu comme si, ici, le génie de l’homme avait pu assembler presque tout en presque rien.