La Bhagavad-Gita (भगवद्गीता Bhagavadgītā), littéralement le Chant du Bienheureux ou Chant du Seigneur est la partie centrale du poème épique Mahabharata. Ce texte est un des écrits fondamentaux de l’hindouisme souvent considéré comme un abrégé de toute la doctrine védique. Il s’agit de l’un des enseignements spirituels des plus connus au monde, des plus lus et commentés. C’est un trésor spirituel qu’il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie.
Ce dialogue entre Arjuna et Krishna, est à l’origine de nombreux courants spirituels depuis des siècles et des siècles.
Tout au long de la Bhagavad Gîtâ, nous nous ouvrons à une parole vraie, infusée d’énergie créatrice. Elle est à même de sculpter en nous une conscience plus subtile, plus vive, plus vaste, en vertu de sa puissance de suggestion. Dhvani, la résonance, caractérise en effet, selon les poètes indiens, la parole éminente du poète véritable, car elle met en lumière une beauté qui ne pourrait être réalisée autrement.
Le Mahabharata est une épopée, avec des héros et des dieux, des animaux fabuleux. En même temps, l’œuvre est intime. C’est-à-dire que les personnages sont vulnérables, pleins de contradictions, totalement humains.
Peter Brook
J’ai découvert le Mahabharata avec celui de Jean-Claude Carrière. D’une limpidité exemplaire, il nous fait revivre la lutte cosmique que se livrèrent les Kauravas et les Pandavas, impliquant les mondes des démons et des dieux, et nous fait pénétrer au cœur de la mythologie indienne. Il y réalise un remarquable travail de synthèse, en rendant accessible en 320 pages une épopée comportant, selon le décompte de Vyâsa 81 936 strophes, réparties en dix-huit livres. Jean-Claude Carrière séjourna très longuement en Inde avec Peter Brook pour préparer l’adaptation du Mahabharata en pièce de théâtre. Puis j’ai été attiré par l’interprétation de la Bhagavad-Gita de Colette Poggi et illustrée des dessins d’Émilie Poggi.
De revoir le film de Richard Attenborough m’a amené à découvrir la version commentée de la Bhagavad-Gîtâ par Mohandas Karamchand Gandhi.
Mon souhait, ainsi que celui de certains de mes compagnons, a été de présenter d’une manière accessible la pratique de l’enseignement de la Gîtâ telle que je l’avais comprise (…) Cette traduction est destinée aux femmes, à la classe des travailleurs, aux soit-disant shudra, et autres, qui sont peu lettrés ou même sans bagage intellectuel, qui n’ont ni le temps ou le désir de lire la Gîtâ dans le texte original et qui, malgré cela, ont besoin de son support.
Introduction du Mahatma
Il ajoute que ses collaborateurs l’ont aidé car sa maigre connaissance du sanskrit original de la Gîtâ le freinait dans sa traduction en gujarati. Et il poursuit :
Gandhi poursuit dans son Introduction :
Dans l’hindouisme, l’incarnation s’applique à celui qui a accompli une action hors du commun et extraordinaire pour le bien de l’humanité. Toute vie incarnée est en réalité une incarnation divine, mais il n’est pas habituel de considérer chaque être humain comme une incarnation divine. (…) Il y a une vérité Urdue qui dit : « Adam n’est pas Dieu, mais une étincelle du Divin ». Et c’est pourquoi celui qui est le plus profondément religieux, se conduit comme pénétré de l’étincelle divine ». (…) Cette croyance dans l’incarnation est un témoignage de la plus haute ambition spirituelle. L’homme n’est pas en paix avec lui-même tant qu’il n’est pas devenu semblable à Dieu. L’effort pour atteindre cet état est suprême, c’est la seule ambition qui soit digne de l’être. Et c’est la réalisation du Soi. (…) Ce remède sans égal [la voie de la réalisation du Soi] est la renonciation aux fruits de l’action (…) en dédiant toutes ses actions à Dieu – c’est-à-dire en s’abandonnant soi-même totalement à Lui, corps et âme. (…) La Gîtâ dit : « Accomplis l’œuvre qui t’échoit, mais renonce à son fruit. Sois détaché et agis. N’aies aucun désir de récompense et œuvre ! »
Gandhi, ici, ne commente pas forcément verset par verset : il le fait à sa manière. Ses commentaires sont égaux à l’homme qu’il était et que l’on connait. Ils sont éclairants, et nourrissants. On apprend autant de la Bhagavad-Gîtâ que de Gandhi dans cet ouvrage.
L’injonction de la Bhagavad-Gîtâ : Accomplis l’œuvre qui t’échoit, mais renonce à son fruit trouve un écho dans le 無爲 wúwéi des taoïstes et dans notre pratique du taijiquan.