Comment Wang-Fô fut sauvé

Le vieux peintre Wang-Fô et son disciple Ling erraient le long des routes du royaume de Han.

Ils avançaient lentement, car Wang-Fô s’arrêtait la nuit pour contempler les astres, le jour pour regarder les libellules. Ils étaient peu chargés, car Wang-Fo aimait l’image des choses, et non les choses elles mêmes, et nul objet au monde ne lui semblait digne d’être acquis, sauf des pinceaux, des pots de laque et d’encres de Chine, des rouleaux de soie et de papier de riz. Ils étaient pauvres, car Wang-Fô troquait ses peintures contre une ration de bouillie de millet et dédaignait les pièces d’argent. Son disciple Ling, pliant sous le poids d’un sac plein d’esquisses, courbait respectueusement le dos comme s’il portait la voûte céleste, car ce sac, aux yeux de Ling, était rempli de montagnes sous la neige, de fleuves au printemps, et du visage de la lune d’été.

Marguerite Yourcenar in Nouvelles orientales

Comment Wang-Fô fut sauvé est un conte de Marguerite Yourcenar publié dans la Revue de Paris en 1936 et repris dans le recueil Nouvelles orientales deux ans plus tard. L’histoire, qui se déroule dans la Chine médiévale, suit un vieux peintre et son disciple confrontés à la colère de l’empereur. La nouvelle a été adaptée sous la forme d’un court métrage d’animation du même nom par René Laloux, sur des dessins de Caza, en 1987.

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