D’ailleurs, le corps d’un acteur de nô n’est-il pas un arbre lui-même ? Il me disait : regarde l’allure d’un acteur de nô. Tu ne trouveras pas une seule échine voûtée, pas une nuque fatiguée. L’axe dorsal, c’est le pilier sur lequel viennent résonner tous les échos surgis des profondeurs. Droit comme le fût d’un cyprès géant, droit comme chacun des quatre piliers bornant la scène. Mais l’axe n’est pas qu’un moulage extérieur. Rien à voir avec la raideur militaire. Il est la reproduction même de l’axe intérieur de l’acteur. Souple et tendu comme le bois de l’arc. Miroir enfoui, réfléchissant la maîtrise de soi, le regard face à l’exigence. L’expression de cette force est constante, elle forme en elle-même l’axe de la vie et quand celle-ci touche à son terme, elle ne peut tarir malgré le déclin des forces physiques, elle demeure, fragile comme une fleur qui porte en elle la quintessence de toute énergie naturelle.
Armen Godel in Le Maître de Nô
Le corps du nô, c’est le texte, la poésie. Le souffle, c’est le chant qui en porte l’esprit. Le geste et la danse lui donnent sa consistance et sa mouvance. Cette triade est la clé du nô où le chant et la danse s’épousent sur le lit de la poésie. La vie du nô repose sur cette harmonie.
Armen Godel in Le Maître de Nô
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- Un être masqué apparait du rite au théâtre. le fantôme du nô