Regarde le monde avec un cœur d’enfant

人法地,
地法天,
天法道,
道法自然。

道德经


L’Homme (人 rén) prend modèle sur la Terre.
La Terre (地 dì) prend modèle sur le Ciel.
Le Ciel (天 tiān) prend modèle sur la Voie.
La Voie (道 dào), elle, se modèle sur le naturel (自然 zì rán).

Chapitre 25 du Livre de la voie et de la vertu

L’enfant offre son aide naturellement, sans intention. . C’est à ce naturel que réfèrent le non-agir (無為 wú wéi) et la spontanéité naturelle (自然 zì rán). Wuwei implique, non que l’on n’agisse pas, mais que l’on n’agisse pas contre le cours naturel de la vie.

吾所謂臧者,
非所謂仁義之謂也,
任其性命之情而已矣。

莊子


L’excellence (臧 zāng) ne réside ni dans la bonté (仁 rén) ni dans la justice (義 yì), mais dans les qualités intrinsèques de chacun d’entre nous. Est excellent celui qui ne compte que sur sa nature originelle (性 xìng) et ses dispositions innées (情 qíng).

Chapitre 8 du Zhuangzi 

La notion de non-intentionnalité est centrale chez les taoïstes et notamment chez Tchouang-tseu. Elle interroge les rapports entre l’intention et le vouloir, et plus particulièrement les raisons pour lesquelles le non-vouloir serait la porte permettant de sortir de toute forme d’intentionnalité.

见素抱朴,
少私寡欲。

 道德经


Montre (见 xiàn) une simplicité naturelle (素 sù) et étreins (抱 bào) ce qui est sans artifice (朴 pǔ),
moins d’égoïsme (少私 shǎo sī) et diminue tes désirs (寡欲 guǎ yù).

Chapitre 19 du Livre de la voie et de la vertu

Nombre de penseurs occidentaux ont également mis au jour les limites de la conscience. Chez les romantiques allemands nous pouvons retrouver cette première intuition qui entrent en résonance avec la pensée de Tchouang-tseu. Notamment chez Kleist, dans sa brève nouvelle Sur le théâtre de marionnettes, où cette intuition se retrouve le mieux illustrée.

Cette nouvelle met en scène le narrateur discutant avec Monsieur C., danseur de profession à l’opéra de la ville. Ce dernier va chercher à prouver à son interlocuteur par divers anecdotes que les marionnettes qu’il a tant de plaisir à venir voir danser ont une grâce qui restera toujours inaccessible à tout danseur humain. Si la danse de ces êtres sans conscience que sont les marionnettes touche à la perfection, c’est parce que leurs mouvements ne sont perturbés par aucune intention, aucune conscience de leurs gestes, aucun désir de paraitre ou de plaire. Comme dans le régime du Ciel chez Tchouang-tseu, le non-vouloir chez Kleist semble valoir pour la grâce comme pour l’efficacité dans l’action.

Cependant les romantiques allemands n’ont pas su voir que l’unité du corps et de l’esprit pouvait également être explorée de manière positive et que la pratique, notamment celle d’un art poussé jusqu’à l’excellence, pouvait reconduire l’homme à l’état d’innocence perdue. Ainsi la spécificité de Tchouang-tseu est la place primordiale qu’il accorde à la pratique comme moyen de parachèvement de l’être.

D’ordinaire, nous connaissons les choses à travers les concepts et les noms, lorsque ceux-ci s’appliquent aux choses qui se présentent à notre attention, nous allons au-devant d’elles. Dans ce cas, l’esprit n’est pas purement réceptif. La seule manière de remédier à ce mode ordinaire de pensée est de transcender et d’évacuer nos concepts et noms habituels afin de laisser se faire le vide dans notre esprit. C’est alors que l’esprit devient purement réceptif, et qu’il est prêt à accueillir les choses pleinement, et toute chose nous devient ainsi transparente. Il se produit alors illumination et oubli de soi.

Tang Junyi


L’essentiel est d’être ce que nous fit la nature ; on n’est toujours que trop ce que les hommes veulent que l’on soit.

Jean-Jacques Rousseau

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