Zen, la vie de Dogen

永平道元 Eihei Dōgen (1200 – 1253) est le fondateur de l’école Sōtō du bouddhisme zen au Japon. Il l’introduisit sur l’île après un voyage en Chine. Il est considéré comme un des plus grands maîtres du bouddhisme japonais. Par la profondeur et l’originalité de sa pensée, Dōgen est souvent considéré comme le plus grand philosophe du Japon et l’un des plus importants penseurs de toute l’histoire du bouddhisme, l’égal de Nagarjuna.

Impossible de définir
Ce qui est par-delà les mots
Dans le pinceau ne doit même pas rester
Une goutte d’encre.

Poèmes zen de Maître Dôgen

Un des aspects les plus originaux de sa pensée concerne sa conception du rapport de la partie avec le tout. Selon Dōgen, on ne peut saisir la réalité des choses que sous une forme déterminée. Ainsi, la vérité bouddhique ne peut apparaître que sous une forme déterminée. Chaque partie de la totalité du monde représente cette totalité sous une forme particulière. On peut donc saisir tout l’univers à travers la présence d’un seul brin d’herbe, à condition de saisir toute la nature de ce brin d’herbe. La présence d’un brin d’herbe peut donc représenter la vérité bouddhique. Cette conception s’applique aussi au temps. Le temps n’apparaît lui aussi que sous une forme déterminée appelée instant. La conception successive du passé/présent/futur est illusoire. Seul l’instant présent est réel. Par conséquent, chaque instant, aussi bref soit-il, « re-présente » le temps dans sa totalité sans qu’il soit nécessaire d’attendre d’autres instants. La vérité bouddhique du temps est le temps tel qu’il est, le présent instantané, maintenant.

Pour peindre le printemps, il ne faut pas peindre les saules, les pruniers rouges, les pêchers, les pruniers verts. Peignez juste le printemps. Peindre les saules, les pruniers rouges, les pêchers et les pruniers verts, ce n’est que peindre les saules, les pruniers rouges, les pêchers et les pruniers verts, ce n’est pas encore peindre le printemps. Le printemps n’est pas à ne pas peindre et pourtant hormis mon ancien maître, ancien éveillé, entre le ciel de l’Ouest et la terre de l’Est, nul n’a su peindre le printemps. Seul mon ancien maître, ancien éveillé, est la pointe du pinceau capable de peindre le printemps.

Corps et esprit : D’après le Shobogenzo, Dôgen

Un instant qui représente tous les instants, un brin d’herbe en présence qui représente tous les êtres symbolisent la vérité bouddhique d’une manière beaucoup plus adéquate que par le langage. La vérité bouddhique est donc toujours plus ou moins en conflit avec les expressions conceptuelles qui tentent de l’exprimer. C’est pourquoi les différentes expressions de cette vérité à travers l’histoire ne sont que différentes expressions de ce conflit.

En quoi l’homme serait-il plus précieux que la femme?
Le vide est le vide, les quatre éléments sont les quatre éléments, les cinq agrégats sont les cinq agrégats. Il en est de même pour l’homme et la femme, et l’un et l’autre peuvent atteindre l’Eveil.
C’est pourquoi il faut les respecter et les honorer l’un comme l’autre quand ils ont obtenu la Loi, et ne pas arguer du fait qu’ils soient homme ou femme. Tel est le principe de la suprême ry merveilleuse Voie bouddhique.

Corps et esprit: La voie du zen

La pensée de 道元禅師 Dōgen Zenji est la forme la plus radicale prise par les philosophies de l’ici et du maintenant. C’est pourquoi, si on l’épouse, elle représente à sa manière toutes les philosophies de la présence. Au Japon surtout, l’œuvre de Dōgen a été comparée à divers auteurs occidentaux tels que saint Augustin, Maître Eckhart, Merleau-Ponty, Sartre, Derrida ou Heidegger. Le rapprochement entre Dōgen et Heidegger permet de comprendre pourquoi l’œuvre de ce dernier a suscité un grand nombre d’études au Japon.

Concrètement, on fixe son attention sur un élément physique autour de nous ou en nous ; l’objet d’attention le plus habituel est le va-et-vient de notre respiration. Quand les pensées traversent le champ de la conscience, on sait que ces pensées sont là mais on ne s’y accroche pas. On reste concentré sur la respiration. Et si jamais une pensée nous accapare et nous détourne de cette attention à la respiration, dès que l’on s’en rend compte, on revient à cette attention. Au début, l’esprit est constamment détourné de son objet d’attention par toutes de considérations et rêveries que produit sans cesse le mental. Mais progressivement, il retourne de plus en plus vite à son objet d’attention et gagne en concentration. On peut comparer l’esprit à une sorte de torrent. Mais avec shamatha, ce torrent s’apaise et devient comme un fleuve s’écoulant tranquillement. Une fois que l’on devient très expérimenté dans shamatha, l’esprit est comme un lac empli de quiétude.

Polir la lune et labourer les nuages : Oeuvres philosophiques et poétiques

Zen est un film japonais réalisé en 2009 par Banmei Takahashi. Le film raconte l’histoire vraie du jeune moine japonais Dōgen qui s’initia au bouddhisme zen en Chine au xiiie siècle et l’importa au Japon.


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