Articulations

關節 guān jié

  • 關 guān est une passe, un défilé, un passage, un col, une difficulté et à ce titre il peut être fermé. 關 se décompose en :
    • 門 mén : porte, entrée, voie, moyen ;
    • 𢇇 guān qui représente l’action d’une navette qui navigue tantôt au-dessus et tantôt au-dessous des fils de chaîne, un peu comme une vague pour créer la texture d’une étoffe.
  • 節 jié est le nœud du bambou, la jointure, l’articulation, toute étape qui permet de relancer, continuer et rythmer la circulation. 

關節 guān jié indique donc la possibilité d’ouvrir et de fermer.

Le bambou (竹 zhú) pousse très long et droit. Il n’est pas lisse, mais articulé sur toute sa longueur. Là où l’acupuncture accède au flux du souffle (氣 qì) dans les méridiens (經脈 jīng mài) en insérant de fines aiguilles dans le fascia, l’exercice de qi gong (氣功 qì gōng) cible les articulations.

Les étirements que nous pratiquons dans les exercices de qi gong impliquent essentiellement les méridiens tendino-musculaires. Les méridiens tendino-musculaires (筋經 jīn jīng) ou muscles  (筋 jīn) des méridiens (經 jīng) sont de larges bandes longitudinales de muscles, de tendons, de ligaments et du tissu conjonctif qui s’enroule ou se noue au niveau des grosses articulations du corps : hanche, genou, cheville, épaule, coude et poignet; occiput et visage. Les articulations divisent les membres en sections, comme les nœuds d’un bambou. Les autres mots couramment utilisés pour décrire l’action des méridiens tendino-musculaires au niveau des articulations sont insérerlier et porter des fruits.

筋,肉之力也。
从力,从肉,从竹。

说文解字

Les douze méridiens tendino-musculaires sont les canaux du souffle défensif (衛氣 wèi qì). Le souffle défensif réchauffe, protège, active la posture verticale et active le mouvement. Wèi qì, lorsqu’il se déplace dans les méridiens tendino-musculaires , permet à l’individu de réagir de manière réflexive et spontanée, sans volonté ni cognition. Wèi qì et les méridiens tendino-musculaires génèrent une capacité immédiate à réagir aux changements de l’environnement d’un individu.

Les articulations sont des portes (門 mén), les fermer et les ouvrir est ce qui donne au corps la flexibilité, la force (劲 jìn) et la capacité de déplacer le souffle à l’intérieur de tout le corps. Dans l’immobilité, le qì stagne, dans le mouvement, le qì coule. Les muscles (筋 jīn) ne sont pas utilisés de manière excessive (力 lì) pour forcer le corps à s’ouvrir et à se fermer, tout comme l’inspiration et l’expiration de la respiration ne sont pas utilisées pour pousser ou tirer le qì.

Chez Zhuangzi, le savoir interne au maniement (le couteau) et la mélodie gestuelle sont au premier plan : l’outil n’est pas seulement moyen mais il est le vecteur de l’efficacité (couteau du boucher ou pinceau du peintre — tant d’Arts de peindre de la Chine ancienne sont inspirés de cet épisode). Il ne convient pas tant de découper « selon les articulations » mais entre elles ; ce ne sont pas les éléments constituant la structure qui sont à prendre en considération mais le vide interstitiel par où s’opère la communication

François Jullien in Nourrir sa vie. A l’écart du bonheur

Le souffle est conduit à travers un chemin de moindre résistance qui relève de sa propre création. Il existe de nombreux exercices, formes ou enchaînement de qi gong. Si on s’intéresse aux principes mis en œuvre, ils contiennent plus de similitudes que de différences. L’efficacité, la bonté (惪 dé) doit être trouvé dans la connaissance sensible du corps (體 tǐ), pas dans les formes. Nous sommes la forme (形 xíng). Le souffle est cultivé intérieurement et exprimé extérieurement. La compétence ne peut pas être apprise d’un autre, seulement cultivée par soi-même.


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