La merveilleuse pureté de la nature en cette saison est quelque chose des plus agréables. Chaque souche pourrie, chaque pierre, chaque clôture recouvertes de mousse et les feuilles mortes de l’automne sont dissimulées sous un napperon immaculé de neige. Dans les champs dépouillés et les bois tintinnabulants, il faut voir quelle est la vertu qui survit. Dans les endroits les plus froids et les plus exposés au vent, la charité chaleureuse conserve encore un point d’appui. … Respirer l’air clarifié est tonifiant. Sa grande pureté et sa grande finesse sont visibles à l’œil nu, et c’est bien volontiers que nous resterions dehors longtemps, même tard, afin que les bourrasques puissent soupirer à travers nous aussi, comme à travers les arbres défeuillés, et nous préparer pour l’hiver – comme si nous espérions emprunter quelque vertu pure et constante, qui nous serait d’une grande utilité en toutes saisons.
Henry David Thoreau in Balade d’hiver, couleurs d’automne
Né à Concord dans le Massachussetts, en 1817, David Henry Thoreau commence son Journal – qu’il tiendra toute sa vie – en 1837 (l’année où il est diplômé de Harvard) et change de nom. Il s’appelle désormais Henry David et fréquente Ralph Waldo Emerson, Margaret Fuller, Jones Very et Bronson Alcott, les principales figures du mouvement transcendantaliste. Professeur à Concord, il démissionne rapidement car il est opposé aux châtiments corporels. Inspiré par Emerson, il devient l’un des membres influents du cercle transcendantaliste et lutte pour l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis. Entre 1845 et 1847, Thoreau va vivre dans une cabane près de Walden, au bord d’un lac, en lisière des bois. Il en tire un récit, Walden (1854). Pendant ce séjour, Thoreau écrira le deuxième livre publié de son vivant : A Week on the Concord and Merrimack Rivers. Ses autres œuvres seront posthumes. Il décède en 1862 à Concord, à l’âge quarante-quatre ans. Plusieurs titres sont parus aux Mille et une nuits : La désobéissance civile (1997), De la marche (2003), La vie sans principe (2004), Le Paradis à (re)conquérir (2005), La Moelle de la vie: 500 Aphorismes (2006), De l’esclavage. Plaidoyer pour John Brown (2006).
Le transcendantalisme est un mouvement littéraire, spirituel, culturel et philosophique qui a émergé aux États-Unis, en Nouvelle-Angleterre, dans la première moitié du xixe siècle. Une des croyances fondamentales des transcendantalistes était la bonté inhérente des humains et de la nature. Ils croyaient aussi que la société et ses institutions — particulièrement les institutions religieuses et les partis politiques — corrompaient la pureté de l’humain, et qu’une véritable communauté ne pouvait être formée qu’à partir d’individus autonomes et indépendants.