Distinguer le pur du bigarré

Propos de Yang Chengfu sur la poussée des mains

Il faut distinguer le pur du bigarré. Nombreux sont ceux qui pratiquent le taiji de nos jours mais ce n’est pas le vrai taiji. Le vrai a un goût différent et se distingue facilement. Avec un vrai taiji, votre bras est comme du fer enveloppé de coton. Il est doux et pourtant lourd pour celui qui s’essaie à le soulever. Vous pouvez le ressentir dans la pratique de la poussée des mains. Lorsque vous touchez un adversaire, vos mains sont douces et légères mais il ne peut pas s’en débarrasser. Lorsque vous attaquez, c’est comme une balle pénétrant proprement et fortement, mais sans user de force. Lorsqu’il est repoussé de trois mètres, il ressent un petit mouvement, mais pas de force ni de douleur. En le touchant, vous ne le saisissez pas. Au lieu de cela, vous adhérez légèrement à lui pour qu’il ne puisse pas s’échapper. Bientôt, ses deux bras deviennent si douloureux qu’il ne peut plus le supporter. C’est du vrai taiji. Si vous utilisez la force, vous pouvez le déplacer, mais ce ne sera pas propre et net. S’il essaie d’utiliser la force pour vous retenir ou vous contrôler, ce sera pour lui comme d’essayer d’attraper le vent ou les ombres. Partout c’est le vide. Cela peut être comparé à une marche sur des gourdes sur l’eau. Vous ne pouvez pas vous rendre là où est le substantiel. En termes simples, le vrai taiji est merveilleux.

楊澄甫 Yáng Chéngfǔ (1883–1936), propos recueillis par Chen Weiming

杨澄甫论推手

世间练太极者,亦不在少数。宜知分别纯杂,以其味不同也,纯粹太极,其臂如绵裹铁,柔软沉重。推手之时,可以分辨。其拿人之时,手极轻而人不能过。其放人之时,如脱弹丸,迅疾干脆,毫不费力。被跌出者,但觉一动,而并不觉痛,已跌丈余外矣。其黏人之时,并不抓擒,轻轻黏住,即如胶而不能脱,使人两臂酸麻不可耐。此乃真太极拳也。若用力按人推人,虽亦可以制人,将人打出,然自己终未免吃力,受者亦觉得甚痛,虽打出亦不能干脆。反之,吾欲以力擒制太极拳能手,则如扑风捉影,处处落空。又如水上踩葫芦,终不得力。此乃真太极意也。

杨澄甫口述 陈微明录

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